DARK NIGHTS METAL : BATMAN THE MAN WHO LAUGHS

De tous les ennemis possibles qui rythment le grand événement du moment chez Dc, Dark Nights Metal, c'est la version jokerisée de Batman, The man who laughs, qui constitue la menace la plus impitoyable, et qui remporte les suffrages chez l'inconscient des lecteurs, si on en juge le succès rencontré par ce personnage dans les sketches et commissions réalisés par nos artistes préférés, à la demande. Un look infernal, qui est très suggestif, suinte le mal et la perversion. Et le bondage, tant qu'on y est.
Si l'impression est que cette histoire est censée brouiller les cartes, littéralement et métaphoriquement (le jeu étalé devant notre Evil Batman), on a droit au final à une nouvelle origin story, qui nous explique comment le Batman d'un autre univers a pu en arriver là, et pourquoi il a fini par être recruté par Barbatos en personne. Le Dark Knight ne franchit jamais la ligne qui sépare la justice de la vengeance, il ne tue pas, sauf quand le Joker commet un ultime crime irréparable, et qu'il ne reste aucune alternative à ce geste tragique, qui caractérisait l'ultime rempart contre la folie ambiante. Le Joker avait d'ailleurs tout prévu, et celui qui met fin à sa vie est aussi contaminé par un virus qui transforme l'assassin (ou le justicier c'est selon) pour en faire un Joker 2.0. Encore plus dingo car plus lucide.
Chez Batman donc, toute la force de volonté, la droiture rigide, cède la place à une démence terrible, qui pousse Bruce à tuer ou humilier ses alliés, avant de voir plus large, avec la Justice League, le monde. Sans pitié, sans remords, tout brûle et péri dans la plus extrême des souffrances. On assiste à la fusion de deux ennemis antithétiques, pour ne former plus qu'un seul être, combinant la force de motivation de Batman et l'illogisme assassin d'un serial killer qui aime le mal pour le mal.
Le dessin essaie de coller au ton du récit. Tout comme Romita Jr avec Kick-Ass, l'horreur est en partie éludée avec Riley Rossmo, avec un trait sale et par endroits caricatural. Mais ici il n'y a rien de fun, uniquement le tragique, c'est pourquoi certains visages, certaines vignettes, paraissent juste grossières, défectueuses. Inversement l'introduction et le final de l'épisode sont beaucoup plus convaincants, avec une ambiance digne des pires moments de l'histoire de Batman.
Cela dit le travail de James Tynion IV fonctionne, et permet de faire le lien avec tout ce qui va suivre, ce qui a déjà été dit. C'est l'univers DC tout entier qui est sur le point d'être détruit, et on va aller creuser jusqu'à la dernière couche dans le malsain et l'ignoble qui se cachent dans le coeur du Joker, tout en en faisant un adversaire intouchable et déjà vainqueur... cela glace le sang et fait de suite tomber le rideau des ténèbres sur tout un univers en grand péril. 
Bref, the Man who laughs nous rajoute une couche à ce qu'on devinait déjà : cette fois personne ne semble en mesure de faire face à la multiple menace du moment, et Batman, bien que "sans pouvoirs" est la pierre angulaire sur laquelle repose tout l'édifice d'un microcosme narratif dense et stratifié. Dark Nights Metal un hommage ultime pour les lecteurs archéologues de l'univers Dc?


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