Affichage des articles dont le libellé est Vertigo. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Vertigo. Afficher tous les articles

TOP 10 : L'EXCELLENTE SERIE D'ALAN MOORE ET GENE HA

Neopolis n'est vraiment pas une ville comme les autres. Tout d'abord, elle a été bâtie par des scientifiques nazis, après la seconde guerre mondiale. Ensuite, tous ses habitants sont dotés de pouvoirs, entre mutants à tête de chien, cyborgs armés et télépathes alcooliques. On trouve de tout dans cette volière, il y en a pour tous les goûts. Le grand problème qui se posait à Alan Moore était le suivant : comment rendre crédible, pour ne pas dire attachant, un tel foutoir! L'exploit est relevé haut la main grâce à des dialogues aussi bizarres que savoureux, et une humanité qui suinte de chacun des personnages, pour aussi marginaux que leurs dons ou leurs physiques pourraient les rendre. Ce n'est pas une gageure, il fallait un fichu talent pour y parvenir.Et comprendre qu'il y avait mieux à faire que surjouer l'action et les coups de théâtre. C'est à dire s'arrêter sur le quotidien, celui d'un commissariat de Neopolis, et sa brigade très spéciale. Une sorte de Hill Street Blues à la sauce super héroïque, où le détail, l'anecdote, remportent les suffrages et permettent au récit de progresser subtilement sans jamais ennuyer. Les archétypes ne manquent pas au Top 10, le dixième district. A commencer par ce grand gaillard bleu et invincible, Smax, le portrait du flic peu bavard, voire franchement taciturne. Ou la jeunette fraîchement débarquée de sa formation à l'académie, Robyn, qui va devoir trouver sa place dans un environnement bien surprenant : des flics ont le visage d'un doberman, les avocats la tête d'un requin... Peu importe finalement l'enquête en cours, ou la chasse à ce dangereux tueur qui découpe ses victimes, à Neopolis. Ce qui rythme ce Top 10, ce sont ces trouvailles continues, cette prostituée qui a le pouvoir d'être immunisée à toutes les Mst possibles, ce chauffeur de taxi zen qui conduit les yeux bandés, et laisse son véhicule errer jusqu'au lieu où il doit arriver, ou encore ce simple citoyen amateur de putes qui placé en situation de stress se met à gonfler comme un immense ballon... 

Aux crayons, Gene Ha est en forme olympique. Son style fouillé, très détaillé, et clair en même temps, remplit chaque planche jusqu'à l'invraisemblable et dépeint une Neopolis qui en devient crédible et attachante. C'est en 1999, chez ABC (America's best comics) que cette série totalement hors genre et iconoclaste a vu le jour. Elle avait été publiée en France (édition désormais épuisée) chez Semic, au format Semic Books. Urban Comics, qui ne pouvait rester les bras croisés devant une telle opportunité, a aussi publié Top 10 dans son intégralité (avec spin off dérivés, donc). Bonne nouvelle pour ceux qui seraient perdus, le premier tome bénéficie aussi d'une petite explication concernant ses personnages (une bonne habitude), et une fort belle hardcover. Expérience de lecture aussi baroque que formidable, Top 10 est tout simplement un des travaux les plus aboutis et jouissifs à la lecture d'Alan Moore. On adore. 



Rendez-vous sur la page, likez :

BATMAN : DARK NIGHT UNE HISTOIRE VRAIE (VERTIGO DELUXE CHEZ URBAN COMICS EN FEVRIER)

De même que pour beaucoup de personnes la rédaction d'un journal intime peut permettre de prendre du recul sur les aspects les plus sombres de l'existence, de donner aux choses une juste perspective, le comic-book peut aussi avoir valeur de thérapie, d'introspection thaumaturge. C'est le cas de cette histoire aussi poignante qu'édifiante, que nous a concocté Paul Dini. Au début des années 90 l'auteur était presque arrivé au sommet de la gloire, notamment grâce à la série animée Batman chez Warner Bros. Mais un soir, sur le chemin du retour à la maison, la rencontre fortuite avec deux agresseurs ultra violents allait changer le cours des événements. Un passage à tabac qui allait pousser le scénariste dans la spirale de la dépression, du renoncement. C'est alors que l'écriture vint au secours de Paul Dini. Ici, le processus de création du graphic novel (Dark Night) est présenté sous forme de story-boards, et il croise les blessures physiques et psychologiques causées par l'agression. Le point de départ est l'enfance de l'auteur, gamin anonyme comme beaucoup d'autres, qui aiment trouver dans les livres, la fiction, ce merveilleux qui n'habite pas forcément la réalité prosaïque. Jusqu'au moment où son parcours se brise, où plus rien n'a plus de sens, encore moins continuer à raconter les éternels combats entre le Joker et un super-héros grimé en chauve-souris. Dini est rattrapé par la réalité, qui se présente avec le visage de ses deux assaillants, et c'est toute l'oeuvre dessinée qui est démasquée. Il n'y a plus de justice qui triomphe, de Batman qui arrive à temps pour sauver la veuve et l'orphelin, et de triomphe du bien sur le mal en débandade. Batman reste caché dans l'obscurité du comic-book, et il ne peut rien contre une fracture du crâne, des cotes cassées, des os brisés. Dans ce voyage fascinant et éloquent qu'est sa propre vie, Paul Dini utilise les méchants de papier pour donner corps à ces démons intérieurs qui lui ruine la vie, le maintiennent lié à son lit, bouteille ou anti-dépresseurs à portée de main. Son travail devient une véritable analyse, lucide, sans concession.




Dini a un atout dans sa manche, savoir raconter avec concision et sans s'éloigner trop du sujet, alterner les tons, passer de l'humour à la violence brute. Le plus intéressant, c'est bien les personnages de fiction qui apparaissent. Ici on comprend mieux que ce ne sont pas seulement des héros ou des vilains imaginaires, mais que chacun, selon ses caractéristiques, les idées qu'il représente, a une fonction, une importance particulière, ce qui permet de varier les angles d'attaque, et d'apporter une multitude d'éclairages sur le sens à donner à cette tragédie inattendue. Lui même ne donne pas dans la complaisance, mais interroge aussi l'intérêt de sa démarche, son coté égocentrique par exemple, et la difficulté de s'atteler à la violence urbaine et à ses agresseurs sans prendre le risque de tomber dans la caricature sociale voire raciale. Tout est maîtrisé et en même temps coule de source. Un tour de force narratif qui impressionne, comme cela n'avait plus était le cas depuis C'est un oiseau, autre ovni entre littérature et comic-book super héroïque, de Steven Seagle.
Eduardo Risso est bluffant au dessin, car il se coule à merveille dans les intentions du scénariste. Il assure ici tout le travail, encrage et colorisation compris, et saisit chacune des nuances voulues par Paul Dini, affinant son propre style pour qu'il adopte la teneur, le propos juste. Une économie de lignes et de détails qui est la marque des grands, avec des pages au premier abord plus colorées et enlevées, mais qui s'assombrissent, se replient sur le lecteur, au fur et à mesure que le propos se dramatise, et que Paul Dini compose avec sa solitude et son statut de victime. Somptueux et hautement intelligent, à ne manquer sous aucun prétexte. Sortie début février chez Urban Comics. 




A lire aussi : 





SCALPED : L'INTEGRALE DE LA SERIE DE JASON AARON CHEZ URBAN COMICS

Sérieusement, un comic-book qui parle de réserve indienne et de culture en plein délitement, plutôt qu'un récit de capes et super pouvoirs? Oui messieurs dames, d'autant plus que chez Urban ressort une intégrale du Scalped de Jason Aaron, raison de plus pour se pencher sur la question, et plonger dans la lecture sans retenue. Le "héros" de ce titre est Dashiell "Dash" Bad Horse, agent du FBI en catimini, qui comme son nom le laisse supposer est un "natif" du Dakota du Sud, et dont les racines sont auprès de ces tribus indiennes qui occupaient autrefois fièrement les lieux, avant que l'inévitable progression des colons ne se transforment en lente extermination. S'il est revenue du coté de Prairie Rose, c'est pour mener l'enquête sur un groupe de malfaiteurs qui s'adonnent aux trafics en tous genre, principalement les amphétamines, la prostitution, et les jeux de hasard. Dash laisse derrière lui comme une trace de souffre, une aura décadente, et quand il rentre dans un bar, c'est pour que ça se termine en baston, donc à la prison. Libéré par l'intervention du parrain de la région, un certain Red Crow, il se voit amnistié et pardonné, sous la forme d'une tâche inattendue, celle de shérif, à la solde des pouvoirs en place, cela va de soi. L'idéal pour remplir une mission secrète. Au passage, une fois en activité, Dash retrouve des éléments de son passé, comme une mère qu'il avait laissée dans l'ignorance complète sur son sort, ou son ancienne petite amie, Rose, depuis mariée mais pas farouche. En parcourant ces pages, le lecteur en prend pour son grade. On saute rapidement de scènes de bagarre aux fusillades, d'une organisation terroriste à l'orgueil national piétiné, en passant par la case coutumes indiennes et culture en berne. Le scénario est sans concession ni parenthèses enchantées, c'est dur, sale, sarcastique, ça sent la sueur et la pauvreté, la misère et la corruption à tous les étages. 


Avec Scalped, on pourrait parler de comic-book politique, tant le constat d'Aaron est sans concession pour ce qui se passe à l'intérieur des réserves indiennes en Amérique. Chômage galopant, alcoolisme dominant, violence latente et expédients en tous genre, c'est une réalité morne et désoeuvrée qui est peinte, où l'espoir n'a guère de place, en bout de course. Pas de héros non plus dans ce récit, avec un Bad Horse instable et rongé de l'intérieur par des racines mortifères qu'il a fui et fui toujours comme la peste. Red Crow fait la loi en bon affairiste louche, il arrose à tous les étages, considère que corrompre est un mode de vie comme un autre, et n'a d'autre préoccupations existentielles que celle de pouvoir ouvrir son grand casino à 97 millions de dollars pour s'en mettre plein les fouilles, faisant son beurre sur la misère locale qui ne cesse de croître, en l'absence de la moindre moralité. 
R.M.Guera (espagnol mais croate de naissance) est le dessinateur de ce titre enragé. Son style colle parfaitement au ton général, et il gagne en puissance et en maîtrise au fil des épisodes. Ses personnages sont presque brouillons, ce sont des masses torturées qui évoluent sur des vignettes sombres et grouillante d'une humanité pas toujours recommandable. Parfois la couleur chaude vient illuminer les situations les plus blafardes, renforçant encore l'impression de misère humaine, d'urgence jamais prise en compte.
Scalped est donc un titre coup de poing. Qu'on taxera presque de misérabiliste, car nul doute que Aaron calque la main au maximum avec ce job, mais le travail de documentation initial, et la volonté de présenter une situation sociale réelle fait froid dans le dos : de la fiction certes, mais pas forcément trop. Nous sommes bien loin des fiers indiens des westerns, de la liberté individuelle, des teepees et calumets de la paix, avec plumes aux couleurs bigarrées. Contraste total. 



A lire aussi : 




100 BULLETS VOLUME 1 : AZZARELLO ET RISSO EN VERTIGO ESSENTIELS

Si un jour vous avez la malchance de croiser la route de l'agent Graves, il est fort possible qu'il vous fasse une proposition tentatrice, qui risque de changer à jamais le cours de votre vie : il va déposer devant vous une mallette, contenant des photos, apportant la preuve irréfutable pour identifier le ou les responsables d'une tragédie qui a marqué votre existence. Mais ce n'est pas tout; vous allez trouver aussi une arme à feu, et cent balles (les 100 bullets du titre) totalement impossibles à identifier, qui font que si vous vous en servez pour abattre froidement la où le criminel qui a brisé votre vie, personne ne pourra vous retrouver et vous condamner. Vous voilà au-dessus des lois, Archange de la vengeance, devant juste décider du bon choix à accomplir. Céder à cette injonction de tuer, ou refuser, quitte à connaître un destin tragique. Isabelle Cordova alias Dizzy, une jeune latino des quartiers chauds de Chicago, est la première à rencontrer notre terrible agent. Elle est à peine sortie de prison qu'il lui propose le nécessaire pour se débarrasser de l'assassin de son mari et son enfant. Dizzy n'a aucunement envie de retrouver la détention, et elle aimerait en finir avec le cercle de violence qui l'étouffe, et s'appuyer sur la foi pour renaître, mais de trahisons en déceptions, le quotidien finit par la rattraper, et la mallette et son contenu pourraient bien devenir très utiles. Le même dilemme se reproduit avec Lee Dolan, barman dans un établissement miteux, et qui est privé de sa famille depuis qu'il a été condamné pour détention et trafic d'images pédophiles sur Internet. Il s'agissait en fait d'une machination ourdie par une riche désœuvrée, qui l'a piégé sans même le connaître. Grâce au contenu de la mallette, Lee va pouvoir décider si la vengeance est un plat qui se mange froid ou qui ne se mange pas du tout. Même topo pour Chucky, un joueur invétéré qui est désormais grillé dans toute la ville, car sacré tricheur aux dés. Son ami d'enfance a racheté sa dette et tente de le convaincre de faire profil bas, mais dans le même temps il lui vole une partie de sa vie et est le responsable de sa déchéance (un accident de voiture) quelques années auparavant. L'agent Graves passe dans le coin, mallette à la main... 

La misère humaine dans sa splendeur la plus crade. Des dialogues au couteau, des insultes, du slang, des putes et de la drogue, des délits arme au poing et des bars où grouillent les cafards. Oui, chez Brian Azzarello le quotidien semble tout de même un peu sordide. C'est dans cette humanité qui stationne sur le ban ce touche que le scénariste façonne patiemment son histoire, proposant tout d'abord des récits qui ne semblent pas connectés entre eux (hormis la présence de l'agent Graves) avant que le lecteur comprenne que l'ensemble appartient à une tapisserie vaste et à tiroirs. Dizzy et Dolan reviennent par exemple, en contrepoint à Graves apparaît un certain Sheperd, une conspiration semble se dessiner, avec des enjeux aux ramifications inattendues et profondes... Le puzzle est géant et demande une patience infinie, d'aller bien plus loin que ce premier tome. 100 bullets, c'est un polar dont chaque fil appartient à une trame floue et insaisissable, mais qui existe, qui est là, qui n'attend que le moment où le premier fil sera tiré, pour être dévidé, sans possibilité de revenir en arrière. Honnêtement, si sur le moment ça déroute voire ça rebute, en fin de parcours, on se dit que c'est fort, et superbement bien agencé.
Le dessin de la série est l'oeuvre de Eduardo Risso. Alors là, ça ne peut pas plaire à tout le monde. Le trait est très tranché, une violence presque caricaturale qui fourmille et prospère dans les jeux d'ombre, une immédiateté qui emprunte aussi bien à Frank Miller qu'à Mignola, une économie (apparente) dans le travail qui mise ses billes avant tout sur l'éclairage, les silhouettes, l'expressionnisme, rejetant l'idée de réalisme photographique. Clairement pas la came de tout le monde, clairement pas accessible au premier venu, par erreur. Mais furieusement adapté pour mettre en images les intentions d'Azzarello : les deux artistes signent là un des comic-book les plus poisseux et prenants de l'histoire du genre, qu'Urban Comics fait bien de nous offrir dans sa magnifique collection Essentiels, à un prix somme toute fort raisonnable. Collection en cinq tomes, vivement les quatre autres. 


A lire aussi : 


Vous êtes lecteurs réguliers (ou nouveaux venus) du blog?
Soutenez UniversComics en likant la page Facebook

FROSTBITE #1 : LA NOUVELLE SERIE GLACIALE DE JOSHUA WILLIAMSON

Comment séduire un auteur et le convaincre de travailler en exclusivité pour une maison d'édition comme DC Comics? La réponse est simple, vous lui donnez du travail sur une série mainstream, et en parallèle vous lui  laissez aussi carte blanche pour produire quelque chose de complètement original. C'est ainsi que débarque Frostbite chez Vertigo. Nous sommes dans un monde post-apocalyptique avec Joshua Williamson, où les conséquences d'une expérience pour améliorer le climat de la Terre ont viré au cauchemar. Une ère glaciaire généralisée s'est étendue un peu partout, et désormais les sources de chaleur sont aussi rares que le pétrole ou le diamant à d'autres époques. Comme si cela ne suffisait pas, et comme le veut dorénavant la grande tradition qui semble parcourir tous les comics actuels, une histoire de contamination se greffe sur la trame principale : le Frostbite est en fait une maladie. Votre ADN est reconfiguré lentement, jusqu'au plus profond de vous-même, et vous devenez une sorte d'être de glace. Un phénomène qui s'étend et qui est considéré comme extrêmement dangereux, au point qu'il est déjà arrivé que les habitants de toute une ville soit exterminés pour mettre un frein au péril. Mais peut-être un remède existe-t-il, en tous les cas c'est la raison pour laquelle deux scientifiques sont en route vers Alcatraz, là où les attend un laboratoire qui leur permettra peut-être de synthétiser une solution définitive. Pour faire le trajet, il n'emploient pas une route traditionnelle et des transports conventionnels, mais demandent à être escortés par Keaton, une jeune femme qui a de faux airs de Mad Max des glaces. Ce n'est pas une héroïne, et ses valeurs ne sont pas complètement portées vers l'entraide et la charité. Une scène d'ailleurs vient saisir le lecteur d'un crochet dans la mâchoire; en même temps la réaction de Keaton permet de donner enfin un point d'impulsion à la série, et oblige sa protagoniste principale à se lancer dans une quête que l'on devine haletante.



Les dessins sont de Jason Shawn Alexander : ce n'est pas forcément l'artiste le plus coté du moment, mais son style se marie parfaitement bien à l'ambiance de ce titre. Il synthétise parfaitement le trait brut et expressif nécessaire pour apporter du pathos, et ajoute une touche réaliste appréciable dans les visages où les décors. La mise en couleurs est fort appréciable, un monde glacé se doit d'être représenté dans des tons bleutés ou blancs, et ici c'est le cas, avec parfois de rares taches de couleur vive là où pointe la chaleur ou tout simplement l'hémoglobine. Dans tout bon comics il faut un méchant et ici ce sera Fuego, dont le surnom est assez éloquent, qui joue le rôle du croque-mitaine. Son apparition permet de booster le rythme et oblige les personnages à prendre des décisions qui deviennent vite dramatiques. C'est finalement un bon titre que l'on tient entre les mains, mais son principal défaut est que au-delà de l'idée de départ, qui est très intéressante, la manière dont l'ensemble est raconté n'est pas si originale que cela. Alors certes c'est très beau, c'est visuellement fort soigné, et l'univers qui est dépeint est accessible et suffisamment bien agencé pour captiver d'entrée le lecteur. Toutefois je souhaiterais, dans les prochains numéros de cette mini-série en 6 parties,  trouver quelque chose de neuf et d'inattendu à me mettre sous la dent.


A lire aussi : 



Pour nous soutenir, like us on Facebook!



V POUR VENDETTA : L'ANGLETERRE TOTALITAIRE SELON ALAN MOORE ET DAVID LLOYD

En Angleterre les années 80 ont été marquées par la droite conservatrice au pouvoir, avec la célèbre Margaret Thatcher comme figure de proue, ou pour être plus exact comme Dame de fer. Dans l'univers dépeint par Alan Moore, pour l'excellent V for Vendetta, c'est la gauche (parti travailliste) qui a pris le pouvoir durant ces mêmes années, mais elle a fini par s'embourber dans un conflit interminable et meurtrier (une sorte de troisième guerre mondiale) après s'être affranchie des missiles américains et avoir connu les assauts de la Pologne et de la Russie. Londres n'a certes pas été bombardée mais en revanche une grande partie du monde a sombré dans la destruction et dans l'oubli. Le feu nucléaire a fini par changer le climat et a rendu une bonne partie des terres peu amicale. Une nouvelle situation géopolitique catastrophique a amené au pouvoir la droite dure, pour être exact un parti fasciste sans pitié, qui a repris la situation en main à coups de matraque, déportant les étrangers, les homosexuels, tous ceux qu'il estimait être différent et parasite pour son modèle de société. C'est de cette Angleterre là qu'il s'agit à la fin des années 90 dans l'oeuvre d'Alan Moore. Plus personne ne semble en mesure de se rebeller dans cet univers carcéral, jusqu'au jour où une jeune fille sur le point de se faire violer dans une ruelle est secourue  par un étrange bienfaiteur portant un masque blanc, arborant un sourire sardonique. Cet étrange individu sait se battre, tout en déclamant de la poésie et en manifestant un fort penchant pour le théâtre et la littérature. Surgi de nulle part, juste affublé d'un patronyme qui se résume en une seule lettre (V), son apparition n'est pas totalement le fruit du hasard. Après des années passées dans l'ombre, l'heure est venue pour ce mystérieux justicier de faire payer ceux qui l'ont torturé et ont transformé l'Angleterre en une parodie d'état policier. Un plan machiavélique et dingue, qui prévoit coups d'éclats, assassinats, du panache, et une philosophie pro-active aux conséquences parfois de mauvais goût. La révolution est en marche. 


Peu importe d'ailleurs qui se cache derrière le masque rieur de "V" (inspiré clairement de Guy Fawkes, un aspirant régicide anglais qui en 1605 avait élaboré la Conspiration des poudres pour tenter d'éliminer le roi Jacques Premier). Il s'agit d'une idée, d'un symbole; ce dont ont besoin les peuples trop longtemps captifs, et qui s'y accrochent pour recouvrer l'orgueil de lutter pour exister, pour se réveiller d'un long engourdissement. Dans une société marquée par la déshumanisation, la surveillance constante et omniprésente, la privation des droits les plus élémentaires, confisqués par une élite corrompue, le justicier aspire à de nobles idéaux, mais avec des méthodes violentes, radicales, qui le définissent plus comme un terroriste que comme un libérateur. On peut en effet être admiratif, à certains moments, devant ce stratége cultivé et fascinant. On peut parfois le détester, voir en lui des idéaux tout autant pervertis que ceux de ses ennemis, quand par exemple il décide de rallier une fois pour toutes à sa cause la pauvre Evey (qu'il a sauvé auparavant) en lui faisant subir une épreuve cruelle et insensée. V est un adepte de l'anarchie, qu'il envisage comme un mouvement en deux temps. Qui nait et prospère grâce à la destruction, la mise à mort de l'ancien régime, mais ensuite se charge de reconstruire, sur de nouvelles bases plus sereines. Alan Moore maitrise totalement la narration et le rythme de son récit, qui avance inexorablement vers un but attendu et libérateur, mais en prenant des chemins jonchés d'épines, de chardons, qui ne laissent personne indemne. C'est David Lloyd qui assure la partie graphique, et fait aussi office de co-scénariste tant il a participé à sa manière à l'élaboration de ce projet. Un trait sombre, subtil, utilisant à merveille les ombres et des cadrages riches et variés, qui servent parfaitement le discours de Moore. V pour Vendetta reste malheureusement plus d'actualité que jamais. Tous les travers de notre décadence occidentale sont présentes, à différents degrés. Ce futur qui est pour nous aujourd'hui le passé (l'action se déroule en 1998), n'est pas qu'une oeuvre de science-fiction politique, mais ressemble aussi à quelques unes des pires pages de notre histoire (les camps de la mort de la seconde guerre mondiale) ou a ce que pourrait devenir une grande nation aux mains d'un fou aveugle, manipulant des masses imbéciles et sevrées de toute culture. Demain, peut-être près de chez vous. Glaçant, mais indispensable, un ouvrage à lire et relire, disponible dans une édition de grand luxe chez Urban Comics. 




A lire aussi : 

SWEET TOOTH VOLUME 1 (DE JEFF LEMIRE) ARRIVE CHEZ URBAN COMICS *** CONCOURS ***

Elle est enfin arrivée. La série que nous avons le plus apprécié ces dix dernières années. le petit chef d'oeuvre de Jeff Lemire, publié sur le label Vertigo, et chez Urban Comics en français. Ce bijou indispensable s'intitule Sweet Tooth. Cette expression désigne les enfants gourmands, qui aiment un peu trop les sucreries. Elle se déroule dans un monde post apocalyptique, alors qu'une partie importante de la planète semble avoir été décimée par un virus inconnu. Peu de temps auparavant, d'étranges créatures sont apparues : des enfants nés avec des caractéristiques génétiques très particulières, en faisant des êtres mi humains mi animaux. Comme le petit protagoniste du récit, Gus, qui ressemble aussi bien à un cerf qu'à un garçonnet. Ces hybrides sont pourchassés, et Gus grandit à l'ombre de ce qui reste de la civilisation, dans les bois, avec son père malade. Après la mort de ce dernier, il faudra que le gamin explore le monde extérieur, se heurte à la cruauté et à l'absurdité de ce qu'il en reste, quitte à devoir digérer de bien horribles désillusions au passage. Gus a des souvenirs très fragmentaires de sa mère, et de moments particuliers de son enfance, qui pourraient être la clé et l'explication de toute la catastrophe qui a suivi. Seul, il ne pourrait survivre très longtemps, alors la rencontre de Jepperd -une sorte de survivaliste bourru et débrouillard, une figure paternelle mal dégrossie et touchante, qui rassure par sa masse physique et sa capacité à prendre des décisions, mais inquiète par ses secrets et son passé- est capitale pour aller de l'avant. On retrouve dans ce premier tome des thèmes et des idées qui ne sont pas si éloignés que cela de la longue saga de The Walking Dead, par exemple. Si le monde est partie en sucette et que seuls les plus forts et les plus cyniques paraissent en mesure de survivre, est-il plausible qu'il existe encore quelque part un refuge pour les enfants hybrides pourchassés, et que dans cet enfer existentiel se dégage une parenthèse de sérénité et d'espoir? Ou bien tout simplement la trahison et la désillusion sont-elles naturelles, lorsque l'être humain est poussé dans ses derniers retranchements? Lemire semble suivre le chemin tracé par Kirkman, mais il fait un pas de coté évident dans la manière de présenter la foi en ce que l'humanité à de meilleur. Sweet Tooth est un road-trip angoissant, mais pas nihiliste. 


Dans Sweet Tooth, nous trouvons des thèmes forts et pas toujours commodes à aborder, comme l'exploitation et les abus sur mineurs, qui reviennent régulièrement à travers la figure du jeune protagoniste, et ses amis "freaks" qu'il parvient en cours de voyage à rencontrer. Une petite communauté aussi étrange que sympathique, dont les vicissitudes arracheront une larme aux plus endurcis d'entre vous. Lemire puise à pleines mains dans les métaphores et utilise l'excuse de la science-fiction catastrophiste pour porter un regard aussi sévère sur le genre humain que non dénué d'amour et de compassion pour ceux qui se contentent de la marge, et n'ont pas perdu de vue le sens des vraies valeurs qui devraient habiter en chacun de nous. L'auteur est maître dans la manière de juxtaposer des scènes d'action où le suspens et l'anxiété pour le destin des personnages nous fait oublier le reste, et de longs moments d'introspection, où les motivations, les peines et les failles de chacun sont révélées au grand jour. Personne n'y échappe, et elles deviennent d'ailleurs le moteur, et les armes, pour poursuivre la route qui mène au salut. Reste le dessin, toujours de Jeff Lemire. Là, il est évident que ça ne peut passer pour tout le monde. Car son trait est résolument underground, disgracieux selon les codes en vigueur dans la majorité des comics, et si nous avons à de nombreuses reprises de véritables leçons d'expressivité tout au long de Sweet Tooth, un oeil non averti et rétif risque vite de se lasser et d'abandonner la lecture. Une erreur inqualifiable car au delà du style si particulier de l'artiste, Sweet Tooth apparaît déjà comme une oeuvre majeure de ce début de siècle, un conte cruel et désenchanté pour adultes, en réalité destiné à tous les publics. Une sorte de Pixar dévoyé qui ose plonger dans les tréfonds de notre société, et qui attend son extrême conclusion pour dévoiler un message positif. Et tant pis si le dessin vous répugne ; regardez les yeux de Gus, la dure froideur de Jepperd, les émotions qui affleurent sur tous les visages... et ne faîtes pas l'erreur de voir là la laideur, quand sous vos yeux s'étale en fait un chef d'oeuvre. 




A lire aussi : 

Notre dossier consacré à Jeff Lemire en 2012



Et comme nous sommes très généreux (enfin non...pour être foncièrement honnêtes, c'est surtout Urban Comics qui s'est montré très généreux, et vous offre ces deux exemplaires...) nous vous donnons l'opportunité de remporter votre exemplaire de Sweet Tooth volume 1. Rien de plus facile, vous nous laissez juste un commentaire avec une bonne raison de vous l'envoyer. N'oubliez pas d'indiquer clairement votre nom que je puisse vous contacter si vous gagnez. amis belges ou suisses, ça vous concerne aussi bien sur. Bonne chance!


VERTIGO ESSENTIELS : PREACHER LIVRE 2

Sachez juste, avant d'aborder ce second tome, si vous avez adoré (ou détesté) le premier en raison de sa violence débridée et de sa vulgarité assumée, que cette suite passe la vitesse supérieure et qu'on baigne tout à tour dans le carnage et le stupre le plus décomplexé. La bande des trois finit par se recomposer, et voici à nouveau Jesse Custer, pasteur possédé par l'entité Genesis et à la recherche de Dieu pour lui "botter les fesses", sa compagne Tulip, à la gâchette facile, et le vampire Cassidy, que rien ne semble pouvoir tuer si ce n'est les rayons du soleil. Ensemble, ils vont se heurter à une association de malfaiteurs/illuminés de tout premier ordre, le Graal. Cette bande de cinglés a acquis un pouvoir immense au fil des siècles, et pas mal de politiciens du monde entier lui mangent dans la main. A sa tête, nous trouvons un gros tas de gélatine amateur de desserts crémeux et de meurtres de masse, une sorte de Pape apocryphe, un certain D'Aronique. La raison d'être du Graal est de préserver la pureté de la lignée originelle du Christ, en isolant et protégeant ses descendants au fil de l'histoire, pour un jour asseoir le Messie à la tête de l'humanité, lorsque viendra l'apocalypse (prévue dans Preacher pour l'an 2000, la série n'est plus si jeune, les amis). Le problème c'est qu'isoler tous ces descendants, et les faire se reproduire entre eux pour des raisons de pureté de l'espèce, ça donne des crétins consanguins comme ce gamin déjanté supposé devenir le guide de tous les croyants, et que Garth Ennis s'amuse à présenter comme un débile obsédé. C'est aussi l'heure des luttes intestines au sein du Graal puisque Starr, un allemand plus éveillé que ses supérieurs, fomente en secret un changement de cap pour l'organisation. Il a besoin de Jesse Custer comme son nouveau Messie personnel, et compte l'employer pour diriger les masses, notamment grâce à son pouvoir de persuasion sur la voix. Mais ses méthodes sont assez discutables, notamment le kidnapping et l'agression arme au poing. Du coup Cassidy se retrouve enlevé, torturé et régulièrement éclaté en petits morceaux par le Graal, alors que Jesse et Tulip arrivent à la rescousse au volant d'une voiture volée, et baisent tout au long du parcours dans les motels de passage. Garth Ennis, quoi, vous l'aurez amplement deviné. Ah oui, petite précision importante, le Qg du Graal, appelé Massada, se trouve dans le sud de la France, ce qui permet à nos charmants personnages de venir nous rendre visite. 

Toujours aussi provoquant, et abrasif, donc. Comme lorsque Jesse Custer s'immisce dans une soirée très privée, organisée par Jesus De Sade, dont le patronyme est éloquent. Dans cette soirée, ce sont les notables et les pervers de la société qui se donnent rendez-vous, pour se livrer à la débauche la plus totale, aux turpitudes les plus répugnantes. La punition sera bien entendu à la hauteur du sacrilège. Preacher réserve aussi de beaux moments intimistes, et n'est pas seulement un réservoir à scènes gores ou cinglées. Comme lorsque Garth Ennis entreprend de nous raconter le passé du vampire Cassidy, ou bien nous apprend ce qu'il est advenu du père de Jesse, durant son séjour au Viet-Nam, et des amitiés qu'il y a nouées. Car mine de rien, l'amour, les bons sentiments, l'entraide fraternelle et la solidarité, sont des valeurs qui transparaissent régulièrement de ces pages au vitriol. Dans le monde de Preacher, le sordide cache aussi de beaux élans poétiques, pour peu qu'on puisse les voir, derrière le macabre, l'ironie, la provocation. C'est toujours Steve Dillon qui illustre ces épisodes. A défaut d'être un dessinateur perfectionniste ou brillant quand il s'agit de soigner les détails (pour dire, rien à voir avec les peintures de Glenn Fabry, l'auteur des somptueuses couvertures, commentées en fin de volume dans les bonus), son trait caricatural et sans fioriture permet de suivre ces aventures foldingues avec une grande lisibilité, et offre une caractérisation attachante des personnages. L'édition d'Urban Comics est un véritable bijou que tous les fans de doivent de posséder dans leurs bédéthèques. On y trouve aussi et encore le courrier des lecteurs tenu par Ennis lui même, la traduction des lettres que sa série recevait à l'époque, et les réponses aussi jouissives que le comic-book lui même. Preacher laissera difficilement insensible le lecteur moyen. De la haine à l'adoration, tout le spectre des émotions pourrait bien y passer. De notre coté, on se contentera de vous dire que ça se range à la lettre, comme immanquable ou irrévérencieux. 


A lire aussi : 

VERTIGO DELUXE : THE WAKE De Scott Snyder et Sean Murphy

Les premières pages de The Wake sonnent comme une sombre prémonition. 200 ans dans le futur, et il ne reste des Etats-Unis que des terres dévastées par des raz de marées. La planète a été en partie engloutie. Comment en sommes-nous arrivés là? La réponse sera livrée tout du long de ce récit divisé en deux parties. La première, dans le présent, est centrée autour d'une biologiste marine, Lee Archer, que le gouvernement réquisitionne pour s'occuper d'un cas étrange, l'émission d'un signal non identifié en eaux profondes. Mais ceci n'est qu'un prétexte, car en réalité Lee se retrouve 300 pieds sous la calotte glaciaire en compagnies d'autres spécialistes, face à une surprenante et effrayante découverte : une créature marine, à mi chemin entre la sirène et le requin, qui a été capturée par l'armée. Le problème est que cette chimère est des plus féroces, et qu'elle a des pouvoirs redoutables, comme la capacité de provoquer des hallucinations chez qui entre en contact avec les sécrétions de ses glandes lacrymales. Et plus terrible encore, elle est loin d'être la seule de son espèce. C'est par milliers que ses semblables attaquent la base sous-marine, jusqu'à ce qu'intervienne un monstre, un colosse, le rois de ces "poissons" humains, qui sonne le glas pour l'équipe d'investigation. La seconde partie, elle , est située dans le futur, à cette époque où le littoral de toutes les terres émergées a reculé, sous l'action de ces sirois, comme on appelle désormais les créatures. Cet univers apocalyptique ressemble à celui de Mad Max, avec en lieu et place du désert l'océan qui a repris ses droits. Nous y suivons les évolutions de Leeward (et son dauphin affublé d'un harnais à ultra-sons), jeune rebelle qu'on devine de la lignée de Lee Archer, qui désespère de capter sur les ondes courtes un hypothétique message radio annonçant un possible salut. Ce que les forces gouvernementales interdisent formellement, depuis la Tour de Glace, siège de l'Etat et des plus grandes réserves en eau potable de ce qui subsiste des Etats-Unis. Un message qui fatalement finit par être diffusé, et entendu...

The Wake donne l'opportunité à Snyder de dérouler le mantra de toutes ses obsessions thématiques. Il joue avec l'histoire, la science, la science-fiction, usant d'hypothèses et de lacunes pour créer sa propre interprétation des faits, et donner un autre sens à la vie, la notre, en tant qu'espèce, de nos origines à notre lointain futur. Est-ce pour autant un chef d'oeuvre? Le scénariste n'en commet pas moins certaines fautes, comme celle de présenter des personnages parfois caricaturaux ou peu approfondis (la jeune rebelle casse-cou, le militaire obtus, le chasseur qui ne rate pas sa cible...), ou lorsqu'il dépeint un univers post-apocalyptique et aquatique, sans prendre le temps (en dix épisodes, l'avait-il vraiment? C'est une autre histoire...) de le crédibiliser en nous le laissant explorer plus en profondeur. Je n'ai pas non plus apprécié les dernières planches, et les élucubrations mystico-scientifiques à base de sécrétions lacrymales, qui restent vraiment confuses et difficiles à avaler. Mais Snyder a un atour de maître dans sa manche : le dessinateur qui l'accompagne dans cette aventure. Bon sang, Sean Murphy est tout simplement exceptionnel! Si sur Punk Rock Jesus l'utilisation du noir et blanc avait permis l'obtention d'un chef d'oeuvre nerveux et expressif, les couleurs de Matt Hollingsworth subliment ici davantage les crayonnés ultra détaillés et jamais banals d'un artiste en voie de consécration absolue. Murphy est aujourd'hui la synthèse de Portacio, Jae Lee et de l'influence du manga, et ce qu'il fait tourne depuis quelques mois déjà à la démonstration totale. D'autant plus qu'il faut bien le dire, Urban Comics ne se fiche pas du monde, mais propose une édition somptueuse que les américains nous envieront. Papier glacé, hardcover, bonus appréciés et appréciables en fin d'ouvrage, tout est fait pour vous donner envie de craquer et de ramener The Wake dans votre bédéthèque. Si j'ai encore quelques réserves pour le fond de ces dix épisodes récompensés par deux Eisner Ewards aux States, je n'en ai aucune sur la forme. Un régal visuel de bout en bout. 


A lire aussi : 

MONSIEUR PERSONNE (THE NOBODY) de JEFF LEMIRE

Retour ce jour sur une des oeuvres si attachantes de Jeff Lemire, The Nobody, adaptée en Vf sous le titre de Monsieur Personne

Ce récit se présente sous la forme d'un graphic-novel de 144 pages, paru dans la collection Vertigo de Dc Comics. Monsieur Personne, ou tout le monde, en fait. Chez Lemire, l'exceptionnalité, c'est la règle. Nous le sommes tous, et pourtant tous identiques. Comme souvent (Dans Essex County par exemple) l'auteur choisit de dépeindre une petite bourgade, de pêcheurs, pour situer l'action du récit. Large Mouth ne compte que 764 habitants, et son seul fait d'arme est d'être l'endroit d'Amérique où se trouvent les plus grosses tanches. Avec tout ce que cela signifie au niveau des mentalités, de la suspicion, des secrets enfuis, et de la solitude intrinsèque des habitants. Lemire sait de quoi il parle, il vient de se type de paysage, et il peut y évoluer avec une aisance déconcertante. Un étranger se présente un jour, couvert de bandages, de la tête aux pieds, qui dissimulent sa véritable identité. Après un grave accident qui reste nimbé dans le mystère, il est venu chercher réconfort et tranquillité, mais ne vas trouver que l'hostilité de ceux qui ne le comprennent pas, puisqu'il n'entre pas dans les codes du lieu, ne ressemble pas aux autres, ne peut se fondre dans cette masse anonyme qui pointe du doigt tout ce qui se targue de sortir de la masse. En fait, Monsieur Personne, c'est l'Homme Invisible. Un retour sur la création de H.G.Wells. Mais qu'est-ce que l'invisibilité? La capacité scientifique de ne pas réfracter les rayons lumineux et d'échapper à la vue des autres, ou tout simplement ne pas trouver sa place, ne pas être en mesure de se faire accepter et de jouer un rôle au sein d'une communauté, quelle qu'elle soit? 

764 habitants et une seule bonne âme pour écouter et rencontrer notre invisible man : une fillette de seize ans, qui au passage commence à mieux cerner le monde qui l'entoure. Une relation platonique qui ne tombe ni dans le mièvre ou le malsain, et n'a d'autres ambitions que d'unir brièvement deux solitudes différentes, qui trouvent un espace illusoire de réconfort dans cette tranche de vie partagée. Notre Nobody est-il d'ailleurs aussi gentil, et victime qu'il n'y parait? Peut-il être tenu pour responsable des drames qui ont récemment traversé son existence, puisqu'ils sont la conséquence de ses recherches scientifiques, de ses ratés professionnels? Le monde selon Jeff Lemire est cette fois noir, blanc, et bleu, avec un trait toujours aussi porté sur l'abstrait, le naïf, l'essentiel. Derrière le charme en apparence essentiel et maladroit de ses planches, le canadien signe une autre prestation de grande volée, où les silences des personnages valent autant que des discours dithyrambiques (Vicky, la fillette, et son père), où la banalité du quotidien (une balade près d'un lac, la neige en hiver) devient exercice poétique sans forcer, sans même la volonté de jouer sur la corde sensible du lecteur. Les travaux de Jeff Lemire ont ce don, de transcender passé, souvenirs, émotions, intégrité, et la nature, pour en faire une oeuvre d'art grouillante de vie et d'authenticité, qui interroge nos propres certitudes sur l'existence. L'invisibilité, chez lui, n'a jamais été aussi belle à voir. 


Lire aussi, de Jeff Lemire : Essex County. Critique ici et dossier

VERTIGO ESSENTIELS : SANDMAN TOME 1

En 1916, Roderick Burgess, une sorte de magicien ésotérique, décide de se lancer dans un défi fou et impossible : il souhaite obtenir l'immortalité en emprisonnant la mort elle même. Mais il échoue et doit se contenter d'une proie mineure, à savoir le Seigneur des songes, des rêves, Morphée, appelé également le Sandman (marchand de sable). Celui-ci fait partie des Infinis, des entités censées symboliser les forces primordiales de l'existence. Durant 70 ans, sa captivité sera immuable, inéluctable, jusqu'à ce qu'il puisse s'échapper grâce à un subterfuge, et laisser libre cours à sa vengeance. Mais pas seulement. Car en son absence, l'humanité a subi les conséquences de la disparition du Prince des songes de son royaume. Le Sandman va devoir en outre récupérer trois objets nécessaires à la pleine manifestation de ses talents : une bourse de sable, son casque, et une pierre précieuse régissant le monde onirique. Sa quête va l'amener à rencontrer certains personnages de l'univers Dc classique, comme John Constantine, ou encore Martian Manhunter,  et le contraindre à descendre jusqu'aux plus profond des enfers, pour y quémander l'aide de Lucifer et de ses sbires. Peu à peu, Sandman retrouve ses forces, et rétablit son autorité et sa singularité : c'est le retour en grâce d'un personnage mythique, à la frontière des mondes, entre éveil et sommeil profond. Mais bien des choses ont changé durant sa longue détention, et les vicissitudes qu'il va devoir affronter cachent bien des tourments, des cauchemars, des horreurs. 


Quel travail d'orfèvre que celui de Neil Gaiman, qui tisse épisode après épisode une fresque monumentale. Le petit monde des rêves se confond avec la grande tapisserie de l'humanité, ses désirs, ses attentes, ses faiblesses et ses secrets. Alternant récit d'horreur, mythologie déviante, nihilisme succulent et humour froid, Sandman propose une extraordinaire palette de ce qu'un comic-book adulte et abouti peut offrir au lecteur exigeant. Les dessins sombres et tourmentés, en apparence sales et noircis (Sam Kieth est très bon en ce sens, tout comme Mike Dringenberg) contribuent à étoffer le propos, et à vous faire plonger dans l'épaisse brume onirique qui traverse ce premier tome. Réalité ou songe, l'interpénétration est de rigueur avec Sandman. Il n'existe plus de frontières, où elles sont tout du moins si perméables que c'est un nouvel univers, où tout est possible, ou impossible, qui nous est raconté. Cet album de collection ne propose pas de récits inédits, et vous pourrez, en cherchant chez votre bouquiniste, ou sur des sites marchands en ligne, trouver ces épisodes à un prix probablement un poil inférieur. Mais sachez-le, il s'agit vraiment d'une édition définitive, destinée à faire belle figure sur vos étagères, et à présenter l'intégralité, en sept tomes, de la création de Gaiman, séries satellites comprises, je suppose. La qualité de l'ouvrage est indéniable et admirable. Seul bémol : Urban Comics (l'éditeur donc) a eu la désagréable surprise de constater qu'une page intérieure (la 105) a été imprimée par deux fois, en lieu et place d'une autre page, un peu plus loin dans le même épisode. Du coup, un ex libris très soigné est offert aux acheteurs de ce tome 1, afin de compenser la perte. Un hic qui a certes fait parler sur Internet, où beaucoup se sont insurgés. Mais la grande qualité du reste parvient même à gommer cet incident, qui gageons le ne se répétera pas par la suite. La suite, justement, nous l'attendons avec impatience!


Y LE DERNIER HOMME TOME 1 (Vertigo Essentiels)


Yorick a de la chance. Ou pas du tout. C'est selon. En fait, ne voilà t'il pas que sans crier garde, et sans aucune explication (le phénomène n'est pas près d'être élucidé) une catastrophe frappe la planète entière. C'est l'intégralité du règne animal de genre masculin qui succombe, et par conséquence, il ne reste plus un seul homme (dans le sens de mâle, donc) en vie, pour satisfaire ces milliards de dames soudain bien seules. Yorick étant l'unique rescapé, ou peut tout de suite imaginer à quel point il va être recherché, convoité, désiré. Malheureusement pour lui, le scénario de Brian Vaughan lui prépare de bien désagréables vicissitudes, et un présent tout sauf paradisiaque. A ses cotés, le jeune homme a un singe, Esperluette, qui parait avoir également échappé à l'immense tragédie collective. Si son existence était jusque là rythmée par une certaine nonchalance, et un refus patent d'entrer dans l'âge adulte, voilà que sa nouvelle situation le pousse à intégrer un changement absurde, qui a des relents de fin du monde. C'est sur la route que Yorick va apprendre à se connaître, et à lutter au jour le jour pour préserver sa peau, et son unicité capitale. L'agent 355 est chargée de veiller sur lui et de le soustraire à tous les groupuscules et autres féministes engagées qui vont tenter de mettre la main dessus, certaines d'ailleurs pour en finir une bonne fois pour toutes avec la masculinité. C'est une saga picaresque qui débute, d'un rebondissement à l'autre, sur une planète qui penche lentement mais sûrement vers un scénario apocalyptique à la Mad Max, où la gente féminine se révèle capable d'autant de cruauté que ses confrères testostéronés. 


Un monde sans hommes, le thème n'est pas nouveau, il a déjà été abordé, par exemple, dans l'oeuvre de Carlos Chernov, Anatomia Humana. Et c'est aussi l'utopie des Amazones, bien que l'être masculin, dans ce cas, n'a pas disparu et est employé à des fins pratiques et pour la survie de l'espèce. Vaughan mélange cela avec talent, et affronte à la chaîne quelques-uns des grands problèmes du monde de demain (voire d'aujourd'hui) comme la pollution, les bio-technologies, la guerre, le clonage... Son atout majeur est la capacité d'écrire des dialogues qui sonnent justes, et de rendre intéressants des personnages secondaires pas forcément simples, comme l'agent 355, qui sera oh combien précieuse pour la survie de Yorick, tout au long de ses péripéties. Ce n'est pas le premier venu non plus, rappelons qu'il est aussi l'auteur de plusieurs épisodes de la série Lost, qui en son temps fut une des plus discutées du monde télévisuel. Un bémol? Peut être les dessins de Pia Guerra. Sans être franchement moches (j'aimerais bien savoir dessiner comme ça, je m'en contenterais largement) ils manquent tout de même de profondeur, de personnalité, et tendent à aplatir la richesse du scénario de Vaughan. Ce n'est pas le cas des couvertures de J.G.Jones qui ont participé à la création d'un visuel efficace et identifiable, pour soutenir la longue carrière de Y, the last man. Yorick, fils d'une sénatrice des Etats-Unis, éternel amoureux de Beth, qu'il demandait en mariage, au moment de la catastrophe, sans être sur (loin de là...) de la réponse de la demoiselle, trouvera t'il une issue dans ce cauchemar féminin qui l'attend? Avec un singe sur les bras, des talents de crocheteurs de serrures finalement assez stériles, et une garde du corps qui n'a pas froid aux yeux, c'est toute son existence, et toute l'Existence avec un E majuscule, qui sont bouleversées à jamais. Urban Comics joue la carte d'albums luxueux, dans la collection Vertigo Essentiels, sur le modèle de l'édition américaine (dix épisodes par volume) : une séance de rattrapage bienvenue, qui fera bonne figure sur nos étagères!



ANIMAL MAN par GRANT MORRISON : Inédit en VF

Le succès fou rencontré par Animal Man, la nouvelle série réalisée par Jeff Lemire, n'est pas le seul et unique grand moment de la carrière de ce super héros un peu particulier. Longtemps cantonné à de brèves apparitions, en tant que guest-star dans les aventures des autres, ou ravalé au rang de faire valoir, Buddy Baker devient enfin un héros respectable à la fin des années 80, alors que Dc comics cherche à mettre la main sur le nouvel Alan Moore, et s'en va faire razzia de nouveaux artistes en Grande-Bretagne. La plupart finiront dans le giron du label Vertigo, et réaliseront des oeuvres qui restent encore aujourd'hui comme de petits bijoux délectables. L'écossais Grant Morrison ne fait pas exception à la règle. Au départ, Dc lui confie Animal Man pour une mini série de quatre épisodes, avec une liberté totale de mouvement. Le background et la continuity du personnage sont si peu exploités, à cette époque, que Morrison a carte blanche pour raconter plus ou moins ce qui lui passe par la tête. Du coup, il se focalise sur deux points essentiels. La vie de famille de Buddy, qui avant d'être un héros en costume (pas très crédible, par ailleurs) est aussi un père de famille et un mari un peu frustré (sa femme paie le loyer). Et puis la défense des animaux, notamment ceux utilisés pour des tests en laboratoire, qui servent de cobayes pour les délires malsains de la science et du progrès. Animal Man va ainsi se heurter à un laboratoire, qui sous couvert de mettre au point un remède contre le Sida, fabrique en réalité une nouvelle souche du virus Ebola. Engagé par les scientifiques pour arrêter une sorte de surhomme aux pouvoirs totémiques (B'Wana Beast, incarnation des pouvoirs sauvages de la Terre Africaine, avec un costume ridicule entre revue du Crazy Horse et Thunderbird, des premiers X-Men), notre héros va vite se rendre compte que la réalité est ailleurs... Morrison est végétarien, et il va également convaincre son personnage de le devenir. La série engrange rapidement faveurs du public, et chiffres de vente respectables. Ce qui amène tout naturellement Dc a transformer l'essai. Animal Man devient une on-going des plus surprenantes, où il se passe un peu tout et n'importe quoi, avec une seule constante : la qualité intrinsèque des idées de Grant Morrison. Comme dans cet épisode considéré le plus réputé, The Coyote Gospel, où Animal Man rencontre l'équivalent du Road Runner de Tex Avery (Bip Bip si vous préférez), pour un récit qui flirte avec l'absurde et la méta bande-dessinée. Ce n'est que la première étape d'une grande réflexion, qui va amener Buddy a prendre conscience qu'il n'est en fait qu'un personnage de papier, soumis aux caprices de son auteur. 

Animal Man devient vite une série incontournable. Certes, tout n'est pas non plus parfait. Par exemple, les aventures du héros tendent à se limiter assez vite à des histoires narrées en un seul numéro, dont la qualité varie un mois sur l'autre. Quelques baisses de régime se font sentir, notamment lorsque Buddy part aux Iles Féroé pour sauver des dauphins du massacre (une boucherie caricaturale qui se termine avec Animal Man qui condamne un des responsables à une mort quasi certaine, sans que cela l'émeuve particulièrement, lui et ses amis écologistes) ou encore lors d'une virée à Paris, contre The Commander of Time, qui donne l'impression d'un fill-in bâclé. On peut déplorer également les dessins parfois sommaires et souvent dépouillées de fond de case construits d'un Chas Truog aimable mais loin d'être transcendantal, et d'un Doug Hazlewood du même acabit. Un peu mieux fait Tom Grummett, honnête artiste taillé pour les comic-books en costumes. Qu'à cela ne tienne, réjouissez-vous avec cet Animal Man et son monde cocasse, étrange, et truffé, comme l'aime Grant Morrison, de personnages de second plan, un peu risibles et pathétiques, qui montent sur la scène et jouent les premiers rôles, l'espace d'une vingtaine de pages. Comme le Mirror Master, qui vient attaquer Buddy en famille, ou encore le Red Mask et ses robots, qui envisage le suicide. Questionnement sur l'identité même du héros, sur les frontières entre réalité et monde de papier, sur l'essence même, la définition, d'un super héros aux repères fracassés, le Animal Man de Morrison déroute, provoque, amuse, interroge. Il explore aussi la dualité entre hommes et animaux, flirte avec la justification des actions coup de poing des défenseurs animaliers, avec un héros qui n'hésite pas à briser la loi et s'introduire dans les laboratoires où se poursuivent certaines expériences au détriment de singes brimés, ou même de petits rongeurs. Toujours inédit en Vf, on peut se prendre à rêver à un joli cadeau signé Urban, dans un futur pas si lointain, si le premier volume de la nouvelle série des New 52 devait rencontré un franc succès. Sa sortie est d'ailleurs repoussée à fin octobre, au passage. Quitte à me répéter encore une fois : lire Animal Man, c'est l'adopter!



NOU3 (WE3) : LES ANIMAUX CYBORGS DE GRANT MORRISON

Après tout, pourquoi envoyer des soldats se faire trucider sur le champ de bataille, quand les meilleurs amis de l'homme, les animaux, pourraient très bien se faire massacrer à leur place? C'est probablement de ce constat qu'ont du partir les ingénieurs et les savants en charge d'un projet gouvernemental top secret, visant à utiliser d'inoffensives créatures pour fabriquer de petits cyborgs meurtriers. C'est ainsi que Bandit, un labrador bâtard, le chat Tinker, et Pirate le lapin, sont transformés pour devenir des machines à tuer, idéales pour de petits assassinats discrets, ou pour perpétrer un carnage en toute impunité, sans laisser de traces. Les trois animaux sont même capables de communiquer entre eux et avec leurs "supérieurs", par le biais d'un langage simple et essentiel. Mais voilà, toute chose à une fin, et le projet AWE n'a plus besoin de ses trois prototypes classifiés WE3, customisés et entraînés pour un travail en équipe des plus efficaces. Leur système nerveux et leur capacité d'adaptation et de réponse aux stimuli extérieurs, couplés à l'armement militaire greffé à leurs organismes, conseillent de garder le secret sur ces expériences. Alors que se passerait-il si une des scientifiques aidait ces trois cyborgs d'un autre genre à prendre la poudre d'escampette, les laissait gambader en liberté, au mépris du danger évident? L'armée est sur le pied de guerre, et semble bien résolue à récupérer son bien, par tous les moyens!

1, 2 et 3 ont beau être des cyborgs belliqueux, ils en restent des animaux. Parfois, c'est dans un regard tendre et perdu que Frank Quitely nous rappelle à qui nous avons affaire. C'est dans cette complicité entre quadrupèdes paumés, sans foyer, pourchassés et pourtant chasseurs eux mêmes, que se joue toute l'intelligence de ce récit émouvant. Après tout nos amis les bêtes n'ont pas de véritable personnalité, ce ne sont pas des êtres humains, pensent les militaires qui les torturent et les customisent en engin de mort. Ce ne sont que des expériences. Mais des expériences en fuite, lancés à la poursuite vague et illusoire d'un lieu où trouver la sérénité, la réminiscence d'un bonheur simple d'autrefois, d'une époque où l'animal se comportait en animal, sans avoir à porter le fardeau de la bêtise de ses "maîtres". Grant Morrison fait preuve encore une fois d'une grande dextérité, d'une capacité à écrire un récit simple mais efficace, qui sait jouer des multiples cordes de l'émotion, sans jamais tomber dans la mièvrerie animalière. Urban Comics s'apprête à représenter WE3 (traduit par Nou3 en français) dans la collection Vertigo Deluxe, le 8 juin. Commencez déjà à envisager l'achat si vous ne connaissez pas cette très belle et assez brève histoire, qui mérite votre attention. Autrement la VO est facilement trouvable sur différents sites de commerce en ligne, pour une dizaine d'euros. Il en est de même pour la précédente incarnation chez Panini, qui remonte à 2007. 

Rating : OOOOO

PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...