Dans les années 70, Marvel avait laissé s'échapper Jack Kirby, qui s'en était allé poursuivre sa légende personnelle chez le concurrent, DC Comics. Au passage, il réalisa là-bas des choses inoubliables comme le Four World et la série Kamandi. Mais dans la seconde partie de la décennie, kirby décida de revenir au bercail, avec la promesse d'avoir une liberté créative absolue. Il se met alors au travail sur un run de Captain America de plus de 2 ans, mais aussi s'attelle à la première série régulière de l'histoire consacrée à un super héros de couleur, Black Panther. Il faut dire que Kirby connaissait parfaitement le personnage, pour l'avoir fait débuter avec Stan Lee, sur les pages de Fantastic Four 52 en 1966. Entre-temps, La Panthère était apparue de-ci de-là, comme par exemple dans la revue anthologique Jungle Action, pour des épisodes qui abordent de front les différences et les incompréhensions entre les peuples, races et traditions, avec une grande intelligence. Mais voilà, quand le King fait son retour et qu'il prend en main l'autre King (celui du Wakanda), il ne tient absolument pas compte de ce qui a été écrit entre-temps, par Don McGregor surtout. Loin des velléités d'engagement politique de ce dernier (une saga sur le Ku-Klux-Klan reste inachevée), kirby démarre en trombe avec ses propres idées, et prend le contre-pied de ce qui était attendu. Ce n'est pas le côté souverain africain et diplomate qui est mis en avant, mais une véritable aventure au long cours, durant laquelle le héros se lance à la recherche d'artefacts perdus, qui auraient appartenu à des souverains bibliques, et permettant de voyager dans le temps et l'espace. Associé à un collectionneur qui semble en savoir long, T'Challa découvre une grenouille de cuivre, reliée au tombeau du Roi Salomon, et qui permet de voyager dans le temps.
Comme vous pouvez vous en douter, un tel objet ne peut qu'attirer bien des convoitises. A commencer par celle de la magnifique princesse Zanda (non, pas Zelda) qui ne fait pas dans la finesse. Dès lors, poussés dans ses retranchements par des collectionneurs un peu lourdingues et avides, la Panthère va vivre des aventures rocambolesques, qui convoquent d'anciens samouraïs, des yétis en colère, des citoyens du Wakanda que la vibranium a rendu fous, dans une sarabande qui emprunte aussi bien à la mythologie qu'à la science-fiction plus classique. Kirby est une éponge et tout est transformé selon la patte artistique de l'auteur, sans trop s'attarder sur le coté introspectif ou psychologique du héros. Le King en est resté à une opposition plus classique entre le bien et le mal, et alors que les comics ont entamé une vraie révolution formelle (McGregor avait été si moderne, bien avant), cela peut dérouter le lecteur de passage, qui s'attendrait à plus de "fond". Par contre rien à dire sur le dessin qui est comme toujours d'une agressivité positive, d'un dynamisme explosif, ce qui n'empêche pas le public américain de bouder quelque peu les derniers soubresauts de la série, au point qu'il fallut confier à Jim Shooter et Ed Hannigan le soin de boucler la boucle (dans Marvel Premiere).
Du Kirby qui en jette plein aux yeux de ses nombreux fans, avec des moyens de transport rétro futuristes et délicieux, des double splash pages d'ouverture splendides, et un Black Panther dans une version minimaliste mais puissante, agile, dont les émotions transparaissent à travers les yeux et qui régulièrement semble bondir sur le lecteur, l'assaillir de toute son énergie irréfrénable. Pour autant, une oeuvre plutôt mineure si replacée dans l'ensemble de la production du King, qui n'évite pas non plus quelques incohérences et baisses d'attention, défauts récurrents quand laissé seul maître à bord d'une série qui veut surprendre graphiquement à chaque page, et la plupart du temps y parvient vraiment.
Du Kirby qui en jette plein aux yeux de ses nombreux fans, avec des moyens de transport rétro futuristes et délicieux, des double splash pages d'ouverture splendides, et un Black Panther dans une version minimaliste mais puissante, agile, dont les émotions transparaissent à travers les yeux et qui régulièrement semble bondir sur le lecteur, l'assaillir de toute son énergie irréfrénable. Pour autant, une oeuvre plutôt mineure si replacée dans l'ensemble de la production du King, qui n'évite pas non plus quelques incohérences et baisses d'attention, défauts récurrents quand laissé seul maître à bord d'une série qui veut surprendre graphiquement à chaque page, et la plupart du temps y parvient vraiment.
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