Vous êtes nostalgiques, car vous avez connu les années 70 et 80, et ça vous manque furieusement? Allez, il y a fort à parier que ce mercredi nous abordons une histoire que vous possédez déjà, mais le cas échéant, ça vous dit de passer en état de siège, avec les Vengeurs?.
Les fans de Bendis, Aaron ou de Hickman peuvent en écarquiller les yeux, car oui, il y a eu une vie avant leurs démiurges. En l'occurrence, ici les plus grands héros de la Terre ont maille à partir avec les Seigneurs du Mal, et le tout est scénarisé par Roger Stern, une des pointures d'alors. Celui ci avait bien compris que plus que les batailles épiques entre malabars en costumes, ce sont les relations interpersonnelles entre héros qui constituent toute la sève du genre super héroïque, et il avait entrepris de mixer intelligemment les deux, tout d'abord avec Al Milgrom aux dessins, puis John Buscema (ici présent), qui contribua grandement au succès de la série. Là, nous assistons à une lutte dramatique contre une coalition de vilains sans pitié, menés par le fils du Baron Zemo. Ils parviennent à s'introduire dans le Qg des Vengeurs, et les constituent prisonniers, avec de terribles conséquences. Les super-héros de Stern sont humains et fragiles; à ce sujet ne ratez pas la conclusion avec un Captain America qui pleure comme un gamin. Les héros qui se jalousent entre eux (Hercule à bien du mal à prendre des ordres de la part d'une femme, Janet Van Dyne) ou qui sont perturbés par des poussées d'hormones et des histoires sentimentales (encore la Guêpe convoitée par Dane Whitman, le Chevalier Noir, à qui elle préfère le mercenaire Paladin)... tous ont un talon d'achille que leurs adversaires peuvent titiller, afin de les faire tomber les uns après les autres, dans un piège longuement mûri.
Tout cela donne une forte crédibilité émotive à la lecture de l'album. Les criminels, eux, sont foncièrement mauvais, mais ils ne dédaignent pas non plus faire preuve de sadisme, comme lorsque Mister Hyde torture Jarvis, le majordome, sous les yeux de nos héros, ou lorsque Hercule subit un passage à tabac impressionnant, facilité par le fait qu'il était monté au combat pratiquement ivre mort! Tout ceci est important car ça anticipe le titre Thunderbolts, dans lequel vont s'associer des êtres peu recommandables comme Moonstone, le Baron Zemo, et d'autres repris de justice, dans une course au rachat pas franchement sincère, mais toujours passionnante. Le line-up des Avengers vaut lui aussi le détour. Si on trouve de grands noms comme tauliers de la maison (Thor, Captain America, la Guêpe), ne négligeons pas la présence de héros mineurs, ou qui aujourd'hui ont disparu de la formation, comme le Chevalier Noir, le Doctor Druid, Captain Marvel (pas le Kree, bien sur, mais la belle Monica Rambeau, revenue récemment dans Mighty Avengers) ou encore Hercule, déjà cité. Buscema est en pleine forme, et reçoit le soutien de Tom Palmer à l'encrage, dont le trait ombrageux correspond bien à ce que fut le titre ces années là, et qui contribua à le rendre reconnaissable et apprécié des lecteurs. Angoisse, souffrance, rage, tous les sentiments sont exprimés à merveille, ce qui est un des motifs principaux pour vous procurer cette saga haletante, qui fait monter en chacun de nous un sentiment d'impuissance et de colère, voire de vengeance, pure et simple. Heureusement que le Punisher ne fait pas partie des Vengeurs, car ce "siège" aurait alors connu une conclusion sanguinolente, digne de l'affront subi par des héros bien fragiles. Une des aventures les plus abouties et marquantes de la décennie, à coup sûr.
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