SWAMP THING TOME 1 : DE SEVE ET DE CENDRES

Comment se familiariser avec Swamp Thing sans jamais avoir rien lu de Swamp Thing. Allez-y, suivez le guide. L'aventure débute par un long monologue qui permet à tous les novices de mieux cerner l'individu, dès l'introduction. Alec Holland (un botaniste de génie, inventeur d'une formule permettant de créer une flore luxuriante même en plein désert, mais mort dans l'explosion criminelle de son laboratoire) a une mémoire très floue de ce qu'il a pu être et connaître ces dernières années. Est-il d'ailleurs bien revenu parmi nous tel qu'il pouvait l'être auparavant, rien n'est moins sur. Des bribes de souvenirs, des sensations liées à cette longue période où c'est son avatar végétal qui primait, interfèrent et parasitent son psychisme, modifient l'essence même de sa personnalité. C'est ainsi selon lui qu'il faut cesser de croire que le règne végétal se résume à de belles fleurs aux belles couleurs, et à une végétation souriante. Le botaniste a une idée bien plus morbide et cruelle de cette lutte pour la survie qui règne sans partage, et que personne ne conçoit car se déroulant à un rythme si lent et contemplatif. Tout ceci, il l'explique à Superman, venu prendre des nouvelles et se rassurer : c'est que récemment, entre les oiseaux morts qui tombent du ciel en plein Metropolis, les chauve souris à Gotham, et les poissons dans l'Atlantique, la nature semble marcher sur la tête. Le voici donc, Alec Holland, revenu d'on ne sait où dans Dieu sait quel but, et qui recherche la paix; se cherche lui même. Il est devenu manoeuvre et n'a pas envie qu'on le retrouve. Pour voir Swamp Thing réellement il faut patienter jusqu'à la dernière planche du première épisode, une des plus saisissantes, avec le réveil matinal d'Alec, dans une chambre d'hôtel transformée en serre fabuleuse. Car Yanick Paquette, que je n'aimais pas du tout à ses débuts (dessins trop anguleux et bâclés) est en train de faire des pas de géant et sait désormais comment occuper l'espace et l'imagination du lecteur. Hélas, il est lent, également, et il faut tout le mimétisme de Marco Rudy pour le seconder efficacement. C'est toutefois du bel ouvrage, très bien desservi par des couleurs judicieuses, et un petit coté psychédélique pas désagréable du tout.


Sinon, voici de quoi résumer la trame mise sur pied par un Scott Snyder qui trouve ici encore un bon moyen de satisfaire son goût pour l'horreur, et le notre par la même occasion. La création est divisée en deux forces positives, le "red" qui correspond au règne animal, et le "green" qui symbolise le règne végétal. En face, le contrepoids naturel des choses est le "rot", c'est à dire la pourriture de toutes choses, la mort, la matière morte. Dans ce camp nous classerons donc les maladies, les moisissures, les cadavres... Une lutte qui dure depuis des millénaires, sans que nous le sachions. Mais cette fois, il flotte comme un parfum d'Armageddon, de conflit final. Les forces vertes ont la nécessité de demander à Alec Holland de devenir à nouveau l'incarnation de leur armée, la créature des Marais, a.k.a Swamp Thing. Mais le botaniste en a assez de devoir se sacrifier et d'être un pion posé sur un échiquier qu'il n'a pas choisi, aussi s'obstine t-il à ne pas accepter sa destinée. A ses cotés, nous retrouvons Abigaïl Arcane, qu'il avait connu (y compris au sens biblique du terme) lors de son incarnation passée. La donzelle lui plaît beaucoup, et il en conserve des souvenirs vivifiants. Mais elle aussi n'est plus la même, et il semblerait qu'elle soit au service des forces ennemies! Son petit frère, en tous les cas, cela ne fait pas de doutes! Manipulant la matière en décomposition, le gamin menace la planète entière, et se place en première grande figure maléfique à abattre, pour le retour de Swamp Thing sur le devant de la scène. De l'horreur, donc, mais aussi un scénario bien ficelé, sans aucun temps mort. Une vraie belle réussite que ce relaunch intelligent, qui va par la suite croiser le fer avec la série de Jeff Lemire, Animal Man, pour un crossover des plus attendus. Une des parutions de l'automne les plus significatives, que je vous recommande chaudement. 



CYBORGS TOME 1 : RONIN (CHEZ SOLEIL)

 Tous les amateurs de science-fiction et d’anticipation ont rendez-vous chez Soleil pour le premier tome d’une nouvelle série en cinq albums...