Il y a dans Akira un peu de tout et son contraire. De la science (fiction) avant gardiste, et mâtinée de conscience sociale, mais aussi de l'obscurantisme, né de la croyance aveugle, du dogme. Tout ceci injecté dans une ville de Neo-Tokyo post troisième guerre mondiale, où de jeunes motards casse-cous engagent de sinistres duels sur les autoroutes, à bord d'engins customisés. La guérilla semble omniprésente, et l'attente d'un messie, Akira, qui viendra mettre un terme à toute cette (méta)stase politique anime les espoirs d'un groupe de croyants illuminés. Mais c'est donc du coté de la science qu'il vaut mieux regarder, pour comprendre ce qui sera peut-être une renaissance, sûrement l'armaggedon. Des expériences cruelles engagées sur des enfants, un cobaye un peu plus âgé (Tetsuo) qui va dépasser les espérances, et partir à la recherche d'Akira, pour le "réveiller" et ainsi punir tout le monde, ses suiveurs comme ceux qui cherchent à profiter de lui. Il y a un peu de Hulk en Tatsuo, beaucoup de frustration inexprimée, même envers ses plus fidèles amis. Otomo donne libre cours à son imagination la plus débridée pour transformer en film son oeuvre dessinée, bien appuyé par une bande-son intelligente et suggestive, et un sens du détail surprenant. On peut juste regretter que toutes les bonnes intentions sociétales du film animé ont tendance à s’évaporer dans la surenchère de gore que sont les trente dernières minutes, et que les deux heures de l'ensemble se révèlent en fait hermétiques, comparées aux temps et au rythme du manga. Reste un document précieux et rarement égalé sur l'histoire de l'animation moderne, et de quand le Japon dama le pion aux américains, et ridiculisa toutes les productions low cost de l'époque, en transformant les ambitions d'un maître du genre en réalité fantasmagorique.
Le cadeau ultime pour les fans d'Akira :