Sportivement parlant, rions un peu. Un cinq majeur pour Shohoku et pas grand chose d'autre, car au Japon une équipe possède un long banc de touche sur lequel prennent place des rempl... pardon, des figurants, dont la seule fonction est d'encourager les autres et de préparer les serviettes et les citrons pour la pause. Pour être honnête, on découvre tout de même un improbable sixième homme binoclard, mais dont le niveau est tellement indigent que le coach le fait rentrer uniquement en cas de décès d'un des autres joueurs. Ah cette "finale" (qui n'en est pas une. Dans le manga, elle est suivie par une rouste), parlons-en. Suspens oblige, elle se joue au dernier point, sur la sirène, avec son lot de dépressions (un 24-0 subi en début de seconde mi-temps) et d'anticyclones (la grande remontée inattendue, sans adjuvant pharmacologique). Japon oblige, c'est l'heure où chacun soliloque et se remet en cause, affronte ses fantômes ou ses limites physiques, au point que le chien fou de la team se blesse grièvement au dos, envisage sérieusement la fin de sa carrière (du calme, tu es encore au lycée, si tu savais…) avant de revenir contrer et dunker comme un kangourou. Le tout porté par une musique qui électrise la salle et vous donne envie d'aller faire la passe décisive. Sakuragi, le cœur pulsant du manga, est donc ici relégué au second rang, avant tout appréhendé sous l'angle de sa morgue, sa vantardise, mais aussi sa capacité à galvaniser les autres, quitte à se faire presque détester. Ses motivations profondes disparaissent, on ne les entraperçoit que lors d'un bref flash-back assez cryptique pour le spectateur qui n'a rien lu du manga. Mais c'est la force de ce film d'animation, que de savoir raconter autre chose, déplacer la focale, cueillir un nouveau public qui n'est pas nécessairement celui qui a lu l'intégrale de l'œuvre d'Inoue. Alors oui, le scénario, la dynamique des faits est convenu, mais ce First Slam Dunk est suffisamment honnête et bien troussé pour vous faire passer deux heures fort sympathiques. Il n'y a pas à dire, le basket c'est comme le foot pour les japonais, ça leur réussit beaucoup mieux en version animée que sur un terrain ou un parquet.
THE FIRST SLAM DUNK DE TAKEHIKO INOUE : ANIMATION 5 MAJEUR
Ryota Miyagi n'a pas connu une enfance des plus heureuses. Après avoir perdu son père, ce fut le tour du grand frère, qui lui avait transmis sa passion et tout son art du basket. Mais comme dans toutes les grandes histoires de résilience et chaque récit initiatique (c'est de cela dont il s'agit ici, principalement), le "héros" trouve dans son chagrin la force d'avancer et d'inverser les pronostics, au point d'intégrer l'équipe de Shohoku (bonjour les jeux de mots) qui défie les champions invincibles de Sannoh, dans une sorte d'improbable finale UNSS nipponne. Takehiko Inoue se charge lui-même d'adapter au cinéma son célèbre manga (les lecteurs savent probablement tout de ce qui va se dérouler durant le match en question, mais là n'est pas le sel du discours, en réalité), tout en proposant un produit parfaitement autonome qui ne marche pas sur les plates-bandes de l'œuvre dessinée. Ici, on est plutôt sur la conclusion de l'animé des années 1990, avec le match clou qui est développé durant deux heures et entrecoupé de flash-back, qui étoffent le background et les failles personnelles de Ryota et ses coéquipiers. Le "petit" meneur doit enfiler les sneakers du grand frère, prendre sa place, enfin devenir le fils digne de ce nom (au moins se sentir ce fils là) aux yeux d'une mère qui n'a fait son deuil que partiellement, et qui n'éprouve pour le basket que des sentiments fort mitigés. Rien à redire sur l'animation, qui est une synthèse bluffante de l'emploi de la 3D et du travail traditionnel. C'est aussi une rupture totale avec la vieille 2D d'un animé clairement dépassé et enterré par ce nouveau produit qui nous tient tous en haleine. Le spectateur est vraiment présent sur le parquet et on évite haut la main l'écueil habituel des productions asiatiques sportives, c'est-à-dire une vision totalement rocambolesque et sous stupéfiants de la compétition en elle-même. Même le générique d'introduction est une petite perle, avec un Ryota progressivement crayonné, qui finit par apparaître en tenue, suivi des quatre autres lascars de Shohoku. Un match inoubliable et qui transcende même le sens premier de l'événement (le défi contre Sannoh est jusqu'ici vu comme la concrétisation d'un rêve et d'un idéal sportif, du dépassement de soi). Dans the First Slam Dunk, il est question de faire vaincre la vie, de faire taire la douleur, d'aller de l'avant, quelle que puisse être la charge émotive d'un passé/boulet.
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