On est en permanence à la frontière de quelque chose, mais on ne parvient jamais à l'identifier. Il règne un parfum comme d'étrangeté et d'onirisme dans ce qui est décrit comme une fable et qui apparaît aussi comme le récit initiatique d'une adolescente, sur le point de rentrer dans l'âge adulte. C'est aussi une histoire sur la manière d'accepter l'altérité de l'autre, les désirs profonds, les rêves de chacun, tout ce qui définit en fait l'humanité, tout simplement. Jake Wyatt nous surprend à travers les chapitres de cette bande dessinée qui sont autant d'étapes vers une révélation intime et collective. Un parcours touchant qui ne laisse pas insensible. Le dessin de Felicia Choo empreinte énormément au code du manga, comme nous l'avons déjà dit, mais l'atmosphère cotonneuse dans laquelle flotte son œuvre fait qu'elle dépasse et surpasse l'inspiration de base, pour obtenir quelque chose de différent, un produit hybride suspendu, quelque part entre compte pour enfant et symbolisme fort, pour adulte. Du reste, il s'agit d'une des promesses du label Combo; celle de présenter de nouvelles bandes dessinées échappant aux standards établis, brisant les barrières, opérant une synthèse à tous niveaux. Sans tambour ni trompette, Le Puits est à placer dans cette catégorie. L'impression de quelque chose de d'antique, d'éprouvé, avec la certitude d'avoir le regard tourné vers l'avenir, le défrichage. Un récit qui démarre au petit trot, pour peu à peu vous ensorceler et qui se laisse lire d'une traite, jusqu'à la révélation finale. Il y est aussi question de sentiments, d'amour, au-delà des questions de genre, sans jamais que ça soit asséné avec lourdeur. Subtilement, une belle réussite.
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