Pour que vous compreniez mieux de quoi il retourne, il manque un personnage que je n'ai pas encore mentionné. Un certain William Necroton, qui se revendique nécromancien doté de pouvoirs formidables mais aussi promoteur et organisateur de combats de catch, avec un tournoi totalement fantasmagorique appelé le Deathlyfe. Les règles sont simples, il s'agit du célèbre catch à quatre. Vous savez, ces équipes de deux qui s'affrontent, où les combattants, en tapant dans la main de leur coéquipier peuvent s'alterner sur le ring pour se foutre sur la tête. Le spectacle est doublement compliqué et sportif car il faut aussi une coordination remarquable. Seulement voilà, Necroton n'organise pas un tournoi de catch comme les autres. Tout d'abord, il n'est pas question ici de scénario écrit à l'avance. Tous les coups sont permis et les combattants luttent sans retenir les prises, autrement dit le sang va couler, les membres vont se briser et il ne sera pas question de pitié. Ensuite, le vainqueur du tournoi aura droit à une récompense assez exceptionnelle : la possibilité de faire revenir parmi les vivants quelqu'un qui est décédé. Si vous avez bien lu les premières lignes de notre critique, vous avez parfaitement compris la raison pour laquelle Lona Steel Rose va tout faire pour décrocher la ceinture de championne. Et puisqu'il lui faut un binôme efficace et à la hauteur, quoi de mieux que de s'appuyer sur celui qui a accidentellement provoqué la mort de sa mère ? Passionner le lecteur avec une histoire de catch (en tout cas dans mon cas) c'était loin d'être gagné, mais Daniel Warren Johnson parvient à captiver du début à la fin, sans aucun temps mort. Les scènes de catch sont superbes, ce qui se passe sur et en dehors du ring est totalement délirant et en même temps, chaque vignette dégage une puissance inouïe, dans un style très personnel qui récupère les codes du manga, pour en faire quelque chose d'autre, quelque chose qui explose la rétine. Des onomatopées géantes renforcent l'impression d'ultra-violence, alors que de très nombreuses petites cases, toutes parfaitement exécutées, s'alternent avec des planches de grand impact. La couleur de Mike Spicer parvient aussi à respecter et magnifier le côté électrique de l'ensemble. Le risque était de vouloir en faire de trop, de représenter de la violence sans aucun sens. Il a été admirablement éviter dans une lecture qui est carrément à conseiller, que vous aimiez ou non ce sport spectacle aussi régressif que fascinant. Do a powerbomb ! tape fort, très fort.
Sortie la semaine prochaine.