Le noir et blanc si caractéristique des pages de The Walking Dead est ici maintenu, avec une certaine gradation de gris qui vient ajouter de l'épaisseur et de la richesse aux paysages de ce premier tome. L'essentiel se déroule en montagne, avec la neige, les roches, une forme d'isolement existentiel où les morts vivants sont assez peu présents. Suffisamment pour qu'on ne perde pas de vue les enjeux de base, tout en laissant l'humain, ses failles et ses contradictions, au centre des débats. On y découvre des personnages qui révèlent leur homosexualité au détour d'une remarque, d'un regard, d'un geste, sans que cela soit asséné avec lourdeur ou frénésie moderne de proposer de l'inclusivité dans chaque histoire. Walden brosse des portraits qui conservent beaucoup de positif en eux-mêmes, tout en les confrontant à des moments de tension où il faut faire des choix, savoir se mettre au service de l'autre, pour lui permettre de survivre. En réalité, l'oeuvre de Walden donne le point de départ d'un nouveau label, Skybound Comet, qui est censé avoir comme cœur de cible les young adults, qui ne sont pas, à priori, le public initialement visé par Kirkman. Le trait souple et cotonneux de l'artiste accompagne cette mutation, tempère les atmosphères désespérées de la série mère, mais sont au service d'un scénario qui respecte globalement la règle fondatrice d'un univers en délitement, où il faut se méfier de tout le monde, tout le temps, pour ne pas être trahi ou abandonné. Les zombies eux sont vite ébauchés, des silhouettes vaguement menaçantes, dont l'apparition n'est motivée que pour un moment de tension potentiel et transitoire, qui est loin d'être la raison principale de lire ce Clementine. Récit de survivalisme entre adolescents, crépusculaire et attachant, ce premier graphic novel est une alternative singulière et personnelle appréciable, à vite découvrir si vous avez aimé The Walking Dead jusque-là (et même si le titre vous a lassé !)
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