Scott Free est le plus grand escapist du monde, il peut échapper à tout. Même à la mort, s'il lui vient l'envie de se couper les veines? C'est sa compagne, Big Barda, qui semble l'avoir récupéré à temps, et l'a emmené à l'hôpital...mais en est-on bien certain? Et le Paradis, ce serait cette vie domestique si modeste, au foyer, si éloignée de l'idée qu'on se fait des personnages du Fourth World de Jack Kirby, alors que l'Enfer ce serait la lutte séculaire sur Apokolyps, avec Darkseid? Et ces émissions de télévision qui semblent se brouiller, sont-elles autant d'hallucinations, d'un Scott plus tout à fait parmi nous? Scott est-il simplement en pleine dépression, ou burn out?
Bref, ce Mister Miracle est un casse-tête. L'oeuvre magistrale de Tom King se moque bien de tout nous expliquer, et de fournir toutes les réponses. Elle est si dense qu'elle se permet le luxe de laisser chacun décider ce qu'il voudra bien comprendre, et pourquoi, tout en garantissant, peu importe le choix, une lecture fascinante et remuante.
King mélange tous les genres, avec bonheur. On passe de scènes intimistes chez le héros et sa compagne, aux palais des Nouveaux Dieux et leurs costumes bariolés (sans oublier leur phrasé, leurs traditions ampoulées), et on flirte avec la fièvre, le délire, l'humour, la comédie romantique.
Le Fourth World -et Mister Miracle donc- n'est ici plus présenté à la sauce kyrbienne, et c'est un processus de démythisation qui accompagne les douze parties de l'album, à travers notamment un gaufrier à neuf cases qui ne permet pas à Mitch Gerards ces élans explosifs, ce génie visionnaire, que le King (pas Tom, Jack) plaçait au fil des planches. L'action ne vise pas au spectaculaire, voire même elle se nourrit de la routine de la fixité de certains instants, qui se répètent, se démultiplient, par de subtiles variations, laissant suinter la réalité entre chacune d'entre elles, qui peu à peu perd de sa substance, de sa véracité. Il ne reste plus rien de ce qu'on sait et de ce qu'on pense savoir, il n'y a plus rien à savoir, sauf que Darkseid EST. Et c'est sur cet axiome terrible que ce joue l'angoisse profonde de Mister Miracle, angoisse laconique et omniprésente.
Et l'histoire, la logique, dans tout ça? Parlons d'escapism : Le numéro absolu, c'est de tromper la mort elle-même. Parabole du suicide, bien entendu. Mister Miracle, c'est le malaise en continu, une existence perturbée, pourtant partagée avec la sculpturale Big Barda, plantureuse créature qui se plaint elle-même d'être "trop grande". Mais pour quoi, pour qui? Comme le rappelle Mamie Bonheur, qui a élevé dans d'atroces épreuves les deux amants, on est tous quelque chose de "trop".
Les sentiments de Scott, ses failles intérieures, tout ceci est raconté avec brio, et vient recouper les événements récents de Darkseid War, avant c'est évident, de plonger dans l'univers du Quatrième Monde de Jack Kirby. On y apprend que le Haut-Père a été terrassé, que Darkseid est passé à l'offensive ultime, grâce à l'Equation d'anti-vie, et que Orion est monté sur le trône, alors que la réalité s'efface lentement derrière un jeu de miroirs, de trahisons, de paranoïa galopante, où il devient difficile de démêler le vrai du faux, ce qui est une certitude, et ce qui est écran de fumée. Les Dieux les plus humains de l'histoire des comics sont ici passés à la moulinette existentielle et psychologique de Tom King, et c'est tout bonnement extraordinaire.
Il serait toutefois vain de dire que la magnificence des débuts se prolonge sans heurts jusque la dernière planche. La répétition est un art, aussi un piège, et la seconde moité perd en fraîcheur, en évidence, là où les premiers numéros sont simplement parfaits. Il n'empêche, Mister Miracle est véritablement la parution qui allie le plus audace, mainstream, et exigence artistique, de tout le catalogue récent Dc/Urban. Nous avons hautement apprécié, vous savez quoi faire, dorénavant.
Et l'histoire, la logique, dans tout ça? Parlons d'escapism : Le numéro absolu, c'est de tromper la mort elle-même. Parabole du suicide, bien entendu. Mister Miracle, c'est le malaise en continu, une existence perturbée, pourtant partagée avec la sculpturale Big Barda, plantureuse créature qui se plaint elle-même d'être "trop grande". Mais pour quoi, pour qui? Comme le rappelle Mamie Bonheur, qui a élevé dans d'atroces épreuves les deux amants, on est tous quelque chose de "trop".
Les sentiments de Scott, ses failles intérieures, tout ceci est raconté avec brio, et vient recouper les événements récents de Darkseid War, avant c'est évident, de plonger dans l'univers du Quatrième Monde de Jack Kirby. On y apprend que le Haut-Père a été terrassé, que Darkseid est passé à l'offensive ultime, grâce à l'Equation d'anti-vie, et que Orion est monté sur le trône, alors que la réalité s'efface lentement derrière un jeu de miroirs, de trahisons, de paranoïa galopante, où il devient difficile de démêler le vrai du faux, ce qui est une certitude, et ce qui est écran de fumée. Les Dieux les plus humains de l'histoire des comics sont ici passés à la moulinette existentielle et psychologique de Tom King, et c'est tout bonnement extraordinaire.
Il serait toutefois vain de dire que la magnificence des débuts se prolonge sans heurts jusque la dernière planche. La répétition est un art, aussi un piège, et la seconde moité perd en fraîcheur, en évidence, là où les premiers numéros sont simplement parfaits. Il n'empêche, Mister Miracle est véritablement la parution qui allie le plus audace, mainstream, et exigence artistique, de tout le catalogue récent Dc/Urban. Nous avons hautement apprécié, vous savez quoi faire, dorénavant.
Achetez Mister Miracle chez Urban Comics
Likez la page Facebook!