COPRA VOLUME 4 : TRAQUES ET RÉGLEMENTS DE COMPTE AVEC MICHEL FIFFE




 Voici venir le 4e volet des aventures de Copra chez Delirium. Pour les plus distraits d'entre vous qui n'auraient toujours pas compris ce qu'est cette série qui ne ressemble à rien d'autre, sachez que nous avons affaire à un groupe d'individus que l'on pourrait qualifier de borderline, au service d'une division secrète du gouvernement dirigé par la cynique Sonia Stone. Toute un détachement de types parfaitement dispensables que l'on envoie exécuter de basses besognes, en sachant très bien qu'il y a de fortes chances qu'ils n'en réchappent pas. Dit comme ça, ça ressemble particulièrement à la suicide Squad et en effet, Michel Fife condense toute sa passion pour les comics et rend un hommage appuyé aux personnages et aux titres qui ont marqué sa carrière de lecteur. L'ensemble est porté par un dessin insolite qui peut sembler sommaire et basique au premier abord, mais qui se révèle être en fait une source inépuisable d'invention et d'audace. Chaque planche est un plaisir visuel pour peu qu'on décide d'y prêter une attention réelle et que l'on soit capable de se démarquer des sempiternelles créations super-héroïques, photocopiées les unes sur les autres. Michel Fife est un courant d'air frais qui traverse la maison et parfume toutes les pièces. Par exemple, ce quatrième tome nous permet d'assister au règlement de comptes inéluctable entre Boomer et le terrible assassin Lloyd. Le premier cité est responsable de l'assassinat du fils du second et tôt ou tard le face à face devait être orchestré. Boomer fait partie d'une bande de losers patentés, des criminels de seconde zone calqués sur les Lascars, les ennemis de Flash, et il sait pertinemment qu'il est un raté, incapable d'avoir une vie qui lui appartienne ou même simplement de nouer des relations sentimentales (ou carrément sexuelles, comme on le constate ici) satisfaisantes. Quand Lloyd le rattrape, Fiffe s'épargne de nous asséner des bulles de dialogue tant c'est un ballet mortifère et explosif qui se déploie devant le lecteur. Une énergie incroyable qui fait défaut à la plupart des productions mainstream, une leçon de cadrage, dynamisme, d'originalité. Et comme toujours dans Copra, un rebondissement en cache un autre, systématiquement sous le signe de la trahison ou des non-dits. 


Mais l'histoire se complexifie au fil des épisodes et certaines des pistes qui étaient jusqu'ici ébauchées finissent par aboutir en un climax attendu. Lloyd, par exemple : à un moment donné, le type a décidé de s'en prendre à la mafia russe de Brooklyn. Il a fait le ménage. Évidemment, il fallait s'attendre à une réaction en retour, d'autant plus que les malfrats avaient une taupe chez Copra. Ils envoient alors un mastodonte que rien n'arrête, qui n'est pas sans rappeler le personnage deKGBeast chez DC comics (croisé avec Bane). Le type est une force de la nature et tous ceux qui se dressent sur son chemin se font lamentablement écraser. Sauf qu'à l'insu de l'assaillant, Lloyd lui-même n'était pas en grande forme, toujours en convalescence dans un quartier général sens dessus dessous. Tout ceci n'est que la partie émergée de l'iceberg qui est faite de trahisons, de rebondissements, de secrets enfouis derrière les secrets, le tout saupoudré sur des personnages souvent paumés, victimes de leur choix, qui ne sont en fait que des pions à disposer sur un échiquier sans jamais leur communiquer les véritables règles pour gagner la partie. Ce 4e tome est particulièrement recommandé pour ceux qui aiment ces grands moments de baston, ces instants où deux forces opposées s'affrontent, quand un contentieux issu du passé ou des machinations politiques ou d'influence se transforment en chaos le plus total. D'autant plus que Michel Fiffe - faut-il encore le rappeler - est maître dans l'art d'occuper l'espace sur la planche. Avec lui, chaque coup porté vaut triple, il a une manière invraisemblable de décupler l'énergie que les personnages déploient, mais aussi de scander le temps et la distance, comme par exemple lorsqu'une course-poursuite s'organise. Copra reste une des séries les plus fascinantes actuellement disponibles sur le marché des comics en français. L'histoire est complexe, elle mérite une lecture attentive et même dans ce cas, il n'est pas dit que toutes les subtilités apparaissent au premier abord. Graphiquement parlant, c'est tellement insolite qu'il y a des chances que les réactions soient très différentes d'un sujet à l'autre. Mais il est pratiquement impossible de parcourir le travail de Fiffe sans ressentir une émotion forte, soit que vous n'adhériez pas du tout, soit que vous soyez conquis, emportés par un grand élan d'enthousiasme. Bref, un auteur qui ne vous laissera pas indifférent et rien que pour cela, on vous recommande d'aller faire un tour chez Delirium. Au passage, les quatre premiers albums rangés côte à côte, avec une belle variation chromatique pour chacun d'entre eux, commencent à avoir une très fière allure sur les étagères



Sortie le 19 mai.



 
 

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