Quand la situation devient critique, et que la menace qui incombe sur nos frêles épaules devient écrasante, les super héros sont-ils capables de se salir les mains pour préserver la planète d’une catastrophe imminente, au risque même de devoir intervenir contre d’anciens alliés et amis ? C’est qu’avec la dépression de Wanda Maximoff, la question se pose. La belle sorcière Rouge n’a plus toute sa tête depuis que le souvenir de ses deux «vrais faux enfants disparus» la taraude, et comme son pouvoir sur les probabilités fait d’elle une des créatures les plus puissantes et inquiétantes de notre monde, est-il sérieux de la laisser en proie à ses affres personnels, au risque de la voir partir en vrille d’un instant à l’autre ? C'est bien elle qui a semé le chaos et entraîné la dissolution, dans l'horreur, du groupe historique des Avengers! Voilà pourquoi une délégation en costumes moulants se rend à Genosha pour prendre le pouls de la situation, et intervenir avant qu’il ne soit trop tard. Oui mais pour quel type d’intervention? Le frère de Wanda, Pietro Maximoff, toujours aussi retors et sociopathe, entrevoit la suppression pure et simple de Wanda, et pour éviter ce drame, il finit par la convaincre d’utiliser ses dons redoutables pour réécrire toute la réalité, ni plus, ni moins! Ce qui advient en un clin d’œil ; tout ce que nous croyions savoir de l’univers 616 (c'est-à-dire la continuité Marvel telle que nous la connaissons) est bouleversé drastiquement, et c’est une autre société, une autre géopolitique, qui attend nos héros dans cet énième représentation parallèle de notre Terre. Un monde où Magneto, seigneur du magnétisme et père de la sorcière Rouge, domine d’une main de fer (normal…) sans s’encombrer du gant de velours. Où les mutants ne sont plus pourchassés, mais où ils sont devenus la caste au pouvoir. Un monde où Peter Parker vit heureux en couple avec une jolie blonde répondant au nom de Gwen Stacy. Un monde où personne ne remarque l’incongruité des faits, si ce n’est un certain Wolverine, qui a conservé le souvenir de ce qui fut, et qui contraste terriblement avec ce qui est. Un Wolvie qui n’est plus seul lorsqu’entre en piste un nouveau personnage inventé pour l’occasion, celui d’une jeune gamine «qui sait des choses» (bien que nous, nous ne sachions pas quel genre de choses) et qui peut réactiver les souvenirs perdus des personnes avec qui elles entre en contact. Une certaine Layla Miller.
Wolverine finit par former un groupe de résistant, qui va tenter d’en finir avec cette nouvelle réalité distordue. Il recrute même Hawkeye, qui soulignons le au passage est décédé dans l’univers Marvel traditionnel (tout du moins à l’époque. Désormais il va mieux). Après moult batailles et rebondissements, Layla fait recouvrir la mémoire à Magneto, qui par vengeance s’en prend à son traître de fils, Pietro, que sa sœur, Wanda, sauve de l’oubli de la mort. Cette même Wanda qui finit par permettre à notre planète de retrouver son quotidien habituel, sauf que… Ses dernières paroles sont « Plus de mutant », et en effet, si le monde semble revenu à la normale, cela n’explique pas la soudaine disparition des pouvoirs de la très grande majorité des mutants existants, à commencer par le Professeur Xavier lui-même. Bendis a encore frappé, c’est à lui qu’on doit cette saga longtemps attendue et qui devait avoir des répercussions profondes par la suite. Entre autre la perte des pouvoirs mutants, et donc la fin d’un certain statut-quo voulu notamment par Grant Morrisson (des mutants à la pelle, toujours plus cool toujours plus voyants) qui provoquèrent un choc et un changement de direction pour les titres marqués de la lettre X. Puis une longue traversée du désert, et l'ascension de Scott Summers au rang de leader de la communauté mutante, prêt à tout pour préserver les siens. Des choix radicaux qui amèneront la Trilogie du Messie, et même la saga décevante Avengers Vs X-Men, ou pire encore Inhumans Vs X-Men.
Mais coté dessin... Olivier Coipel hisse haut et loin les couleurs de la France en s’attelant avec panache à la partie graphique, et gagne ainsi définitivement ses galons chez Marvel, après un run remarqué sur Avengers notamment. C'est splendide. Vraiment. Et si vous ne l'aviez jamais remarqué, ouvrez grandes vos mirettes, car Panini sort l'artillerie lourde, et propose une version "noir et blanc" qui va vous laisser le souffle coupé. Fan de Coipel, amateur tout simplement du meilleur de la production super-héroïque en images? Vous avez là un cadeau de grande valeur, le genre de truc qu'on se prend à feuilleter en rêvant, à lire et relire. Une édition grand format pour une trentaine d'euros, qui les mérite tous, jusqu'au dernier centime.
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