Autant le dire tout de suite, la grande qualité de Superman American Alien, en apparence, ce n'est pas l'originalité. Il s'agit d'une mini série en sept volets, censée nous raconter des épisodes inédits de l'enfance de Superman, dans sa ferme du Kansas et entouré de l'amour des Kent, ses parents adoptifs. Le genre de choses que vous avez déjà lu quelque part, et qui forcément ne peut donner naissance à des récits inoubliables ou cruciaux, car depuis le temps, on serait au courant! Max Landis passe sur l'arrivée du bambin sur Terre à bord de sa capsule, et choisit de commencer son histoire avec un ado aux premières armes, qui découvre la faculté extraordinaire de pouvoir voler. Enfin, ce mot est un peu exagéré, car il ne contrôle ni le moment où ça lui arrive, ni se semble en mesure de planifier ses trajectoires et d'utiliser son don comme il le voudrait. Du coup Clark a des difficultés aussi bien à l'école que lors des sorties entre amis (quand il se rend avec Lana Lang au cinéma en plein air, par exemple). Le futur homme d'acier est ici dans une position de faiblesse : un enfant (presque) comme les autres qui subit l'apparition de pouvoirs non désirés, mais fichtrement extraordinaires. Assez logiquement, et devant ce genre de situation, les Kent décident de faire appel à un médecin pour pouvoir examiner le garçon. Bien sur le praticien se rend compte que son patient n'est pas exactement comme les autres. Et la discrétion dans tout ça? Le monde extérieur n'est-il pas censé ignorer les pouvoirs de Clark? Vous connaissez un médecin qui ne serait pas alarmé de découvrir un enfant qui émet des radiations, à la manière d'un four à micro-ondes? Passons sur cet point absurde et allons droit au style.
Sept épisodes, avec plusieurs dessinateurs qui se succèdent. D'habitude cette manie nous agace au plus haut point, mais ici, dans la mesure où cela se justifie, ça semblerait presque un bonus qu'on est heureux de recevoir. Défilent donc Nick Dragotta, Tommy Lee Edwards, Joelle Jones, le stupéfiant Jae Lee, le non moins bon Francis Manapul, ou encore Jock et Jonathan Case. Je fais alors mon mea culpa. En Vo je n'avais lu que le premier épisode, me forgeant une opinion faussement décevante, et perdant le sens du travail de Landis, capable de parfaitement cerner le personnage, et de proposer un jeune Clark Kent des plus crédibles et attachants. Sur la durée, il est admirable de voir que ce portrait d'un étranger abandonné, mal à l'aise avec un corps en mutation, à la découverte de dons formidables mais qui risquent de l'éloigner de ce et ceux qu'il aime, fonctionne très bien et trouve un sens profond. On retrouve aussi au détour des récits un merveilleux Dick Grayson, un Bruce Wayne ou un Oliver Queen en pleine croissance, à deux moments différents de son existence, mais aussi, ça va sans dire, Lex Luthor. S'il fallait réaliser un portrait juste et touchant de Clark Kent, et de sa transformation progressive en ce Superman qu'il est appelé à devenir, sans que personne ne lui ai demandé son avis, cet American Alien touche sa cible et étonne par sa justesse. Une bonne surprise chez Urban Comics, qui mérite qu'on s'y attarde en cette rentrée.
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