Ce qui frappe le plus avec la version Hydra de Captain America, c'est qu'elle s'inscrit contre tout ce que nous pensions savoir du personnage, y compris son respect ultime pour la vie humaine, qui fait que Steve Rogers ne tue jamais. Voici un exemple frappant qui remonte à 1986. Captain America venait d'infiltrer une organisation terroriste internationale, malheureusement il n'a pu empêcher un des membres de pointer sa mitraillette sur un groupe d'otages, détruisant une vie à la seconde. Devant ce choix cornélien de sauver des innocents autrement condamnés, mais de devoir tuer un terroriste, ou bien de laisser faire, Captain America opte pour l'action sans retour, mais cela lui pose un profond cas de conscience, et comme il le dit lui-même : vues les circonstances, je n'avais peut-être pas d'autre choix... c'était une vie... la sienne... contre celles de nombreux otages qu'il aurait pu tuer... néanmoins je me maudis pour ne pas avoir mieux planifier les choses, pour ne pas avoir prévenu une situation de ce genre...
A la suite de quoi Captain America se retrouve face à Flag-Smasher, le chef de l'organisation terroriste. Un duel qui se joue aussi au niveau du dessin et des couleurs : le costume de l'ennemi est blanc et noir, blanc comme le paysage couvert de neige où se déroule le duel, là où seuls quelques rochers noirs affleurent, alors que le ciel au dessus assume des couleurs de plomb. Il s'agit d'un mano a mano particulièrement manichéen; blanc et noir, force du bien et force du mal, tous s'alternent dans un ballet mortel, et le costume coloré de Captain America est ici la représentation de la complexité du monde extérieur, dans le domaine de l'éthique et des aspirations à atteindre un rêve et des objectifs, qui ne peuvent se marier avec des concepts trop simples et inamovibles. Pourquoi ce duel est si important? Parce que plus loin se produit l'impensable!
Flag-Smasher tombe dans une crevasse. Captain America, avec courage, descend pour le sauver. Il lui pose une attelle à la jambe et creuse dans la neige un trou, dans lequel les deux ennemis vont pouvoir attendre les secours, en se réchauffant l'un l'autre. Particulièrement belle la vignette horizontale et longue, dans laquelle le terroriste est enveloppé dans un drap (une bannière) alors que l'Avenger fait tout pour le maintenir en vie. Il est totalement immergé dans l'ombre et seul le rouge terrible de ses yeux le détache du fond de la vignette. C'est ce sacrifice ultime que Captain America accomplit, et qui va sauver celui qui voulait le tuer, et qui d'ailleurs, pour le remercier, quand il sera hors de danger, osera essayer de le liquider avec une arme... rien à faire, le mal ne peut changer, mais cela importe peu à Captain America, qui lui a rempli sa mission, à savoir être prêt à se sacrifier lui-même pour de nobles idéaux, ne pas se contenter de tenir un discours évasif, mais dans la réalité, dans le feu de l'action, penser avant tout à l'ennemi, avant de penser à sa propre survie. Tout ceci a lieu dans la série mensuel Captain America en 1986, scénarisée par Mark Gruenwald, dessinée par Paul Neary. Vous comprendrez que lorsque l'on a vécu en personne ces épisode s, et qu'on les considère comme des sommets moraux atteintx par SteveRogers, il est évident que la version actuelle, celle du Cap Hydra, est encore plus cruelle et finalement passionnante. Secret Empire arrive bientôt en vf les amis, et je vous recommande de suivre chaque mois chez Panini les deux séries Captain America : Steve Rogers et Sam Wilson, qui sont franchement surprenantes et ambitieuses.
(inédit en vf, me semble t-il)
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