(SPOILER INSIDE attention)
Un des reproches que je pouvais formuler à l'encontre de la série Gotham était son manque d'ambition formelle et la lenteur évidente des épisodes et de la trame qui s'y déployait. Avec la saison 2, les choses se sont améliorées sensiblement... au cours de la saison 3 nous avons assisté à un véritable feu d'artifice continu, cette fois-ci débordant d'enthousiasme et d'idées, au point de créer une cacophonie scénaristique évidente, et de flirter un peu trop avec le "what the fuck". La meilleure chose assurément était celle de transformer Le Riddler, de personnage schizophrène et effacé des débuts, en un des grands maîtres de la pègre de Gotham, capable de damer le pion à tout le monde, grâce à une intelligence et une logique hors du commun. Psychopathe névrosé, il fait la paire avec Oswald Cobblepot, qui aura connu en quelques épisodes l'ascension (au poste de maire de la ville) et la chute, prétendument abattu par son rival au costume vert. Dont il est clairement tombé amoureux... le Pingouin et le Sphinx ensemble, en couple, vous auriez pu y croire vous? Une romance jamais vraiment assumée, qui tout à coup admet ce qu'elle est, et se termine pitoyablement. Au-delà de l'aspect un peu too much, voir kitsch des scènes concernées, les scénaristes auront au moins eu le mérite d'inventer quelque chose d'intéressant et qui alimente d'autant plus le contentieux entre ces deux personnages majeurs, pour la 3e saison. Une saison 3 marquée aussi par la Cour des hiboux... on la croyait toute-puissante, capable d'être la clé de voûte de toute la série, et elle est finalement soumise à une implosion, sous les efforts conjugués du commissaire Gordon qui l'infiltre, et de Ra's Al Ghul, qui l'utilise comme un jouet à son service. Bref cela va vite, peut-être même trop vite, surtout si on regarde l'évolution du jeune Bruce Wayne, appelé à devenir (ça le spectateur le sait déjà) un jour batman.
Le jeune Bruce a une motivation hors du commun qu'il a tiré du meurtre de ses parents. En quelques mois il est passé du statut de gamin pleurnichard qui se fait tabasser à l'école, à celui de jeune ado badass qui maîtrise les techniques de la boxe et de la savate, et s'entraîne avec son majordome, à affronter les coups durs de l'existence et à savoir les rendre, les coups, Cerise sur le gâteau, Bruce est enlevée et momentanément remplacé par son double, issu des expériences génétiques un peu farfelues du Docteur Strange (Hugo Strange bien sûr). En réalité c'est Ra's Al Guhl qui tire les ficelles dans l'ombre, et qui aimerait bien transformer le gamin en une arme ultime, qui servirait ses desseins, voir pourrait par la suite être son digne successeur. À coups de scènes oniriques et d'expériences métaphysiques, le jeune Bruce franchit un palier supplémentaire et il sortira de cette épreuve, d'autant plus résolu à chercher le bien et la justice. Tout ceci est explicitée dans les dernières minutes de l'ultime épisode, où on comprend clairement ce que va devenir le personnage, voir même ce qu'il semble déjà être devenu. Le fait est qu'il est probablement encore trop tôt... par moment Bruce se révèle sentimental, friable et truffé de points faibles, à d'autres il serre les poings et les dents, pour affronter l'innommable, en restant debout, com face à Jérôme, le futur Joker, quand il est capturé dans un cirque démentiel. La série Gotham nous a donc offert un feu d'artifice continu et nous a gâté; malheureusement elle manque d'un budget conséquent et d'une ambition à la mesure de ce qu'elle pourrait être. Trop souvent les effets spéciaux sont kitchissimes, certains acteurs ne sont pas exactement à la hauteur (par exemple et même s'il est censé être la pièce maîtresse de l'ensemble, j'ai toujours pensé que le commissaire Gordon avait une seule expression faciale et un jeu d'acteur extrêmement limité. La même chose pour la petite Catwoman qui est antipathique au possible). En réalité Gotham est une série bien curieuse, mélange de gothique trash et de second degré super-héroïque, elle semble avoir passé la vitesse supérieure sans se soucier des critiques, fonce vers l'inconnu (ou bien l'inéluctable) comme un train lancé à toute allure, sur un réseau ferroviaire aux innombrables possibilités. Pour la saison 4, il faudra absolument éviter les erreurs d'aiguillage, pour ne pas que ça se transforme en tragédie. En attendant au moins la saison 3 ne nous a pas épargné les effets de manche et les multiples rebondissements.
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