NOVA L'INTÉGRALE 1976-1978 : RICHARD RIDER LE HÉROS INEXPÉRIMENTÉ


On dit que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit. Toujours est-il que lorsque Marv Wolfman propose les aventures de Nova à Marvel, il espère très sérieusement émuler le succès du jeune Peter Parker, tel que dépeint par Stan Lee au début des années 1960. L'idée lui est venue d'un projet personnel qu'il a développé et modifié au fil des ans : son protagoniste s'appelle Richard Rider, il est encore à l'université et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas très à l'aise en société ou populaire sur le campus. Aujourd'hui, on parlerait clairement de harcèlement, notamment exercé par un camarade de promo qui n'hésite pas à le houspiller, le faire tomber, le ridiculiser même devant la seule fille du groupe qui lui manifeste de l'intérêt. Il faut préciser que Richard ne fait pas grand-chose pour améliorer la situation; il n'est pas brillant en cours, n'est pas très bon en sport et il ne déborde pas d'énergie. Sauf que sa vie va être bouleversée à jamais grâce (ou à cause) d'un extraterrestre, un Centurion Nova, engagé dans une lutte sans merci face à Zorr, une mocheté sidérale et surpuissante. Avant de mourir, le Centurion projette ses pouvoirs dans l'espace, qui finissent par échouer sur Terre (à Long Island, pas dans le Calvados, comme par hasard) où ils investissent le corps de Richard Rider. Dès lors, il va devenir Nova, un jeune super-héros inexpérimenté qui va d'abord commencer par tenter de comprendre comment fonctionnent ses pouvoirs. Il est amusant de voir la naïveté avec laquelle les choses sont amenées, au point même qu'il est capable d'entendre la radio de la police dans son casque (mieux encore, c'est sa propre mère au standard qui donne des informations). Avec de tels dons formidables (transmis sur un modèle qui flirte la copie carbone du processus Abin Sur/Hal Jordan chez DC Comics), le nouveau justicier pourrait titiller les étoiles et surclasser toutes les petites frappes de la Terre. Mais bizarrement, il reste très prudent, timoré, comme il l'a finalement toujours été depuis sa tendre enfance. Ses premiers affrontements n'ont rien de très glamour. Des "pointures" comme Powerhouse, le Condor, ou même le Diamant, ça n'est que du menu fretin comparé aux années qui vont suivre. Mais ça suffit à mettre Richard dans un sacré pétrin !




Avant de devenir un super héros qui se respecte et l'idole des foules (bien plus tard) il faut en passer par là, y compris se mesurer au Sphinx et s'en aller défier Thor, durant un de ces célèbres combats d'antan, où toutes les excuses étaient bonnes pour que deux super-héros se tapent dessus avant de se rabibocher. Ici, Thor est manipulé, comme de bien entendu. On verra passer aussi Spider-Man, quelques Avengers et même Nick Fury, au fil des épisodes, mais aussi l'Homme-Sable, qui portait à l'époque cet horrible costume sans aucune justification fonctionnelle réelle, uns de ces intuitions délirantes des années 1970 qui confine au hideux. Nova est loin d'être sûr de savoir ce qu'il faut faire, il sous-estime clairement sa force, se fait piéger par des vilains de seconde zone qui le gaze ou l'assomme sans trop de mal, et il doit aussi sauver sa propre famille du danger, quand ce n'est pas un de ses meilleurs amis, dont l'oncle est devenu une créature sans visage après un plongeon dans un lac et un voyage dans le futur (les hallucinogènes étaient utilisés à forte dose dans la Maison des Idées). Le premier dessinateur important à l'œuvre dans cette intégrale, c'est Sal Buscema; et ça tombe bien car c'est quelqu'un que j'adore. Vous avez demandé un artiste capable d'insuffler de l'énergie dans chaque épisode, de la première à la dernière planche, vous avez trouvé le bon client ! Qui mieux que Sal(vatore) pour les scènes d'explosion, les mandales dans la mâchoire, voir des personnages éjectés qui traversent la case... du grand art ! Du grand art, c'est aussi le terme que l'on peut appliquer pour Carmine Infantino, qui est littéralement un monument de l'histoire de tant de comic books. Il a signé de nombreuses pages des plus grandes heures de très grands héros et son trait raffiné permet à Nove de gagner en crédibilité, en profondeur. Au final, une intégrale qui affiche tous les défauts et tous les coups de génie de son époque. C'est bien pour cela qu'on aime cette collection, non ? 



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