Le problème avec les voyages dans le temps, c'est qu'ils n'existent pas. Ou n'ont pas à ce jour été rendus possible. Du coup, pire encore, il est toujours risqué de faire appel à ce subterfuge scénaristique fascinant mais casse gueule : faire un bond dans le passé pour en extraire un ou des personnages, et les insérer dans le présent. Combien de héros perdus dans un temps qui n'est pas le leur (Bishop, entre autres, ou encore X-O Manowar) ont émaillé nos lectures, même si nous savions pertinemment que ce concept là est des plus alambiqués? Cette fois, c'est Hank McCoy, le Fauve tout poilu, qui a utilisé une machine à remonter le temps (on en trouve plusieurs chez Marvel) pour aller chercher les premiers X-Men. Vous vous souvenez? Jean Grey en jupette, Iceman qui ressemblait plus à un bonhomme de neige? Scott Summers timide et coincé? Les voici donc transportés à notre ère décadente, dans le but de stopper le Scott version 2012, ce Cyclope prêt à tout pour sauver les siens, au point qu'il est aussi le bourreau de son ancien mentor, le professeur Charles Xavier. Cet épisode est simplement délicieux! Que de dialogues bien tournés (Bendis est inspiré et son empreinte est évidente) et de situations intéressantes. Entre Scott Summers qui n'arrive pas à accepter ce qu'il devrait devenir, Jean Grey qui est censé être morte (l'école pour mutants porte son nom, comme elle le constate à son arrivée), Wolverine qui réagit d'instinct à l'intrusion de Cyclope (version juvénile) sur le campus...
Il se passe bien des choses, et c'est écrit avec naturel, et beaucoup de talent. Là où on pourrait craindre le pire, All New X-Men est pour le moment une des meilleures choses qui soit arrivée aux mutants depuis bien bien longtemps. Certes, le scénario est toujours en péril, car à tout moment une telle idée peut se transformer en planche à savon. Mais au jour d'aujourd'hui, le titre est incontournable. D'autant plus que Stuart Immonen, aux dessins, est touché par l'état de grâce!