FLASH CHRONICLES 1993 : LE (VRAI FAUX) RETOUR DE BARRY ALLEN


 Si le premier Flash de l'histoire des comics fut Jay Garrick, le plus célèbre et aimé des fans reste Barry Allen. Malheureusement Barry a trouvé la mort (en apparence, puisque nous le voyons juste se "dissoudre" dans la Force Véloce, dont il parait tirer ses pouvoirs) au cours de la légendaire saga Crisis on Infinite Earths. C'est donc son neveu, l'ancien side-kick et apprenti Wally West, qui officie sous le costume écarlate, légèrement retouché (le regard, par exemple, n'est plus à découvert, comme auparavant). Ceci sans cacher sa double identité au monde entier, comme pouvait le faire Allen, policier de la scientifique de son état, super-héros dans le plus grand secret. Lorsque Mark Waid reprend en main la série Flash, en 1992, la première discussion d'importance avec Brian Augustyn, l'editor du bolide de Dc comics, porte sur le plus grands des paris : est-il possible de ramener Barry sur le devant de la scène, de le ressusciter sans pour autant déclencher des hordes de protestations, inévitables, aux cotés des nostalgiques ravis ? Finalement, c'est une tentative maligne, un coup de poker masqué, qui va être décidé. Barry Allen est bien de retour, dans une ruelle de Central City, produit des restes de l'énergie libérée par Wally et le Docteur Alchemy, à l'issue d'un combat livrée dans le numéro 72. Amnésique, déboussolé, il semble en perte totale de repères, sans aucune cognition de ce qui a pu se passer précédemment, ni pourquoi, jusqu'à une visite au Flash Museum qui lui rappelle l'évidence, et qui il est vraiment. Du coup, Barry s'en va taper gaiement à la porte des West, et des Garrick, pour annoncer sourire aux lèvres qu'il est à nouveau parmi les vivants. C'est l'heure de découper la dinde et d'ouvrir les cadeaux; au lieu de cela, tout ce beau monde se retrouve avec un héros présumé décédé sous les yeux. Pauvre Wally, qui a mis bien du temps à s'approprier du costume et à se sentir à la hauteur de la tâche qui lui incombe désormais. Comment réagira t-il au retour de son idole, l'original ? 


Certes, les super-héros sont habitués à être l'objet de farces cruelles, ou de machinations diaboliques ourdies par des ennemis retors. Wally a du mal a accepter le retour de Barry, mais Hal Jordan (Green Lantern) le rassure, lui qui fut le meilleur ami du revenant. C'est bien notre bon vieux Allen, en chair et en os, qui est "ressuscité". Un vieux dicton, plein de sagesse, dit qu'il faut toujours écouter son instinct, aussi lorsque Wally part combattre le mal en duo avec son aîné, rien ne va vraiment entre les deux Flash unis contre les criminels. Barry est plus violent et vindicatif qu'autrefois, et semble perdre les pédales aux plus mauvais instants. Au point même de laisser Wally dans la panade, de le laisser mourir (pense t-il à tort) durant une mission, et d'annoncer son trépas en direct à la télévision. Un Barry qui a l'air d'être omnibulé par l'idée de reconnaissance, de paraître le seul et unique vrai Flash aux yeux de l'opinion. Qui peut bien être, que peut bien être, ce Barry Allen cynique qui s'évertue à détruire la légende de Flash, à même faire payer la ville pour avoir osé honorer un nouveau bolide à sa place, pour l'avoir trop vite oublié? Waid nous narre, en quelques mois, un récit truffé de fausses joies et d'amères révélations, un peu cousu de fil blanc (qui pouvait vraiment penser à un retour de Barry dans ces circonstances?), mais qui pouvait être crédible, à une époque où l'absence d'Internet et de spoiler quotidien permettait encore d'entretenir ce genre d'enthousiasme ingénu. L'occasion aussi de retrouver Eobard Thawne et le Nega-Flash, un grand méchant comme on aime les voir mordre la poussière. Aux dessins, à noter principalement le travail de Greg LaRocque. Classique, attentif aux anatomies et au mouvement, ses planches sont de petits modèles de lisibilité et d'action super-héroïque, sans fioritures. Après lui, les derniers épisodes sont l'œuvre de Mike Wieringo, qui installe sur le titre son trait plastiquement très souple, qui va faire des ravages dans le coeur de bien des lecteurs. On découvre également une partie des Teen Titans, Starfire et Nightwing, à la rescousse de Wally West, tandis qu'un gros annual nous présente l'apparition d'un "vigilante" urbain et violent qui sera vite oublié, et que le couple Linda Park/Wally West passe enfin aux choses sérieuses, malgré le retour de Magenta, séduisante blonde mais schizophrène sur les bords, qui va déclencher une belle vague de jalousie. Le tout est servi accompagné d'une riche partie rédactionnelle, avant les articles toujours lumineux d'un Yann Graf indispensable. Les Chronicles, quoi, ça va sans dire. 


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