Il existe certains endroits sur Terre où il vaut vraiment mieux ne pas finir, et l’un d’eux est sans doute l'une des pires prisons du Brésil. Ce pays, tristement célèbre pour la surpopulation de ses établissements pénitentiaires, abrite dans la capitale de l’État de Goiás un complexe nommé Aparecida, où les détenus s’entassent dans des conditions indescriptibles. La population carcérale s’y divise en trois factions qui se disputent le pouvoir derrière les murs. On y trouve d'abord le PCC, composé principalement de malfrats de São Paulo, puis le CV, centré sur l’État de Rio de Janeiro. Et enfin, la troisième faction, la plus redoutable, est un groupe de néo-nazis spécialisés dans le trafic d’armes en interne. Dans ce contexte bien sombre, deux personnages principaux sont présentés au lecteur. Le premier est Marcus Anderson, un jeune footballeur qui a eu la mauvaise idée d’accepter de livrer un peu de cocaïne en échange d’une place dans son équipe. Bien qu’il n'ait pas encore été jugé, il est déjà incarcéré et fait des merveilles balle au pied. Ça tombe bien, car chaque année, un grand match est organisé entre les détenus et les gardiens, même si celui-ci se termine souvent en véritable bain de sang sur le terrain. Marcus, blessé dès son premier entraînement, finit cependant par se rétablir et devient l'élément essentiel d’une fragile unité entre les factions : tout le monde a besoin de lui, car il est de loin le meilleur joueur. Le second personnage est Cortereal, un détenu d'apparence plus équilibrée que la plupart des autres, mais qui est en réalité un policier infiltré dont la mission sera dévoilée au fil de l’histoire. Un autre prisonnier à prendre en compte est Francisco Barbosa, un ancien responsable de la police militaire avec un passé bien lourd : il est à l'origine d’un massacre ayant fait des dizaines de morts dans un autre pénitencier, ce qui lui a valu une condamnation à plus de 400 ans de prison. Pourtant, il bénéficie d’un traitement de faveur de la part du directeur d’Aparecida, une jolie crapule qui impose ses propres lois, selon ses intérêts.
Survival est en réalité une série de quatre albums, et celui-ci est le deuxième de la collection. Le concept reste le même à chaque tome : une expérience de survie dans un environnement extrêmement hostile. Heureusement, les albums sont complètement indépendants les uns des autres, ce qui vous permet de plonger dans l'aventure à partir de n'importe quel volume. Vous pouvez ainsi choisir celui qui vous semble le plus intéressant, sans risquer de perdre le fil. Christophe Bec, l'un des scénaristes les plus aguerris de France, est aux commandes. Même s’il n’a pas nécessairement mis (n'a pas eu besoin de mettre) tout son talent à l’épreuve ici, on peut envisager cet ouvrage comme un blockbuster estival (en automne). Oui, ça explose, oui, le langage est souvent cru, et oui, certaines scènes sont réservées à un public averti. Mais que peut-on attendre d’autre d’une histoire où des narcotrafiquants impitoyables règlent leurs comptes dans une prison surpeuplée ? Ce n'est certainement pas une ode bucolique à la manière de Terence Malick, ni un poème de Ronsard ! De ce côté-là, le lecteur en aura pour son argent. La seconde moitié du récit est dédiée aux conséquences de l’inévitable explosion, et là, c’est chacun pour soi. Deux dessinateurs se succèdent pour illustrer ce chaos : Mirko Colak ouvre le bal, et l’Italien Diego Bonesso le clôt. Tous deux offrent un style très réaliste, avec des dessins soignés et percutants qui renforcent l’intensité du récit. Une chose est sûre : on ne se sent pas floué. J'avoue que j'attendais un petit twist autour d'un personnage secondaire, la secrétaire du directeur de la prison. Elle passe la majorité de son temps à subir servilement les ordres de son patron et finit par être malmenée sans ménagement, dans une attitude de soumission presque anachronique. Je pensais que cela cachait un rebondissement… mais non. Si un reproche peut être fait, c’est d'ailleurs le manque de surprises dans le déroulement des événements. Cela dit, la dynamique est si efficace et explosive qu’on pardonne facilement ce détail. En tout cas, Survival est disponible chez Soleil, prêt à vous offrir une dose d'évasion (jeu de mot facile pour conclure).
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