LA DOOM PATROL DE GRANT MORRISON ARRIVE CHEZ URBAN COMICS

Au commencement, il y eut un fauteuil roulant et un groupe de personnages inhabituels et extravagants ...Contrairement à ce que vous pourriez penser, nous ne parlons pas des ultra populaires Uncanny X-Men, mais de la Doom Patrol, un groupe de super-héros mineurs et catagorisés "losers" de DC, qui a droit à deux publications inattendues chez Urban Comics (la DP par Gerard Way, et ce volume qui fait l'objet de nos attentions) sur la foi d'une série télévisée audacieuse et amusante, qui a permis au grand public de savourer cette formation de niche.

Les membres de la Doom Patrol, créés par Bob Haney et Arnold Drake la même année que les mutants de Marvel, étaient au départ des monstres transformés par le destin en créatures grotesques, dotées de pouvoirs extravagants, et donc craints par les foules, qu'elles préféraient éviter. Plus ou moins le même sort qui allait être réservé à leurs cousins ​​marvelliens, victimes de la phobie antimutante. Cette pratique du clonage était courante dans le monde encore jeune des super héros, et par la suite on l'a vu ressurgir en de multiples occasions (Spawn et Deadpool doivent beaucoup à qui, à votre avis?). Pour autant, existe t-il de bons récits issus du passé mettant en scène la Doom Patrol? Quels arcs narratifs seraient à lire, pour accompagner et transcender la série télévisée? Et bien la réponse est dans ces pages, avec l'arrivée de Grant Morrison au numéro 20, dans les années 90, alors que le mensuel bat un peu de l'aile, et qu'il est nécessaire de le refonder pour en extraire la substantifique moelle. Morrison se débarrasse assez sommairement de ce qui a été écrit avant lui, et va repêcher et remixer celles et ceux qui sont à la base même de la légende de la formation. Le chef de bande est ainsi le professeur Caudler, scientifique paraplégique, mentor et chef mystérieux, pas toujours dans l'empathie. Sous ses bons conseils, nous avons Robotman, un être humain dont seul le cerveau a pu être sauvé, placé par Caudler dans un puissant corps cybernétique.  Crazy Jane et ses dizaines de personnalités multiples et Rebis, l'homme négatif (une fusion inédite de Larry Trainor et du Docteur Eleanor Pool, qui donne ainsi naissance à un héros hermaphrodite/transgenre, mais aussi mélange entre une afro américaine et un blanc Wasp "classique") complètent le roster tel que vous l'avez probablement vu sur le petit écran. 

Grant Morrison s'était déjà présenté comme un auteur émergent doté d'une forte personnalité, en réinventant le personnage d'Animal Man, qui reste l'un des exemples les plus importants de bandes dessinées expérimentales et métalinguistiques à ce jour. Sur Doom Patrol, pour commencer, Morrison a commis plusieurs transgressions narratives, en adoptant un langage moqueur et surréaliste. Ses récits flirtent avec la folie, en permanence, et il faut s'accrocher pour saisir les tenants et aboutissements de l'action, qui part dans tous les sens. Vous allez croiser le chemin des Hommes Ciseaux qui "découpent" leurs victimes hors de la réalité, pour ne laisser qu'une ombre fantasmatique qui n'a plus d'existence propre. Red Jack, qui a une tendance à l'omniscience divine et prétend être aussi le nouvel avatar de Jack l'éventreur. Ou encore la Confrérie du Dada, qui se réfère à ce courant artistique où l'absurde devient le centre même de toutes choses, brouillant les perceptions et le sens. C'est probablement l'arc narratif le plus réussi, avec la présence d'un tableau qui happe tout ceux qui le regardent, au point qu'il aspire la ville de Paris dans son intégralité, et que la Doom Patrol va vivre une extraordinaire aventure à travers les différents styles picturaux des siècles derniers, pour résoudre cet épineux problème! 
Le dessinateur qui prête main forte à ce volume de dingue (dans tous les sens du terme) est Richard Case. Soyons honnêtes jusqu'au bout, c'est du bon boulot, avec un trait concis et assez précis, mais de là à considérer cela comme un chef d'oeuvre, ce serait exagéré. Reste une inventivité certaine, et obligée, pour suivre les méandres de la pensée de Morrison, et là l'artiste est au diapason, et a parfois de belles intuitions qui laisse pantois, avec même une variété de styles intéressante. On trouve aussi du Doug Braithwaite, sur un épisode.
Doom Patrol par Grant Morrison, ce n'est de toute évidence pas pour tout le monde. Mais faites donc l'effort, et pariez sur votre imagination, vous pourriez bien être emportés par cet ovni attendu depuis des lustres! 


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