Ce n'est pas que le travail de Becky Cloonan est mauvais en soi, mais depuis le début de sa prestation sur le Punisher, nous sommes loin d'atteindre les sommets de certains scénaristes qui l'ont précédée. Avant tout la pauvre n'a pas eu la vie facile avec ce personnage, qui assez paradoxalement, et malgré le fait de sa présence dans une série télévisée sur Netflix, connaît une petite période de mou chez Marvel, en ne connaissant pas des moments inoubliables. Prenez par exemple ce troisième tome, à peine sorti chez Panini : nous avons affaire à des petites histoires indépendantes les unes des autres, regroupées sous le titre générique le roi des rues de New York. Le Punisher est rentré chez lui et petit à petit, il reprend ses bonnes vieilles habitudes, qu'il s'agisse de remonter la piste d'un adolescent qui a pénétré dans une de ses caches, et lui a volé une arme trafiquée, jusqu'à une intervention inopinée lors d'une panne de courant généralisée dans la ville, qui permet à certains criminels d'en profiter dans un musée. Nous assistons à des tranches de vie d'un Frank Castle toujours aussi impitoyable et porté sur la violence, pour résoudre les problèmes urbains. C'est sympathique, après tout c'est ce que nous voulons lire, mais ça manque tout de même de vrais enjeux et d'inspiration. Enchaîner les scènes choc ne suffit pas, si on ne parvient pas à créer un vrai engouement tout autour.
Et plus on avance, moins ça s'arrange. Le Punisher fait ensuite face à un cinglé qui s'amuse à pousser les gens sur les rails du métro, pour leur faire connaître une fin horrible. Le pire est à venir dans les deux derniers épisodes qui sont liés, avec le retour de Face, engoncé dans ses bandage comme une momie, et doté d'une super force, animé par un esprit de vengeance inextinguible. Cette lutte finale se termine en grand n'importe quoi, en plein festival de cinéma, en compagnie d'un couple de star actrice-réalisateur déjanté, qui s'incruste dans l'aventure. C'est vraiment limite tant le niveau sombre avec ces dernières pages, en confondant humour absurde et plantage complet de scénario. Le dessin est confié principalement à deux artistes : Kris Anka et Matt Horak. Dans les deux cas il ne s'agit pas de dessinateurs dont nous admirons particulièrement le travail. L'ensemble n'a pas de caractère, on le qualifiera juste de fonctionnel, et finalement il nous fait regretter le disparu Steve Dillon, qui a été un petit maître lorsqu'il s'agissait d'instaurer un humour très second degré entre les planches et le lecteur. Je suis un grand fan du Punisher, et franchement, ce genre d'album ne finira pas au pinacle du genre.
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