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DARK WEB : SPIDER-MAN ET LES X-MEN POUR LE GLOUBI-BOULGA DE 2023


 Dark Web prend son envol chez Panini Comics. Voici venir une série de 3 numéros mensuels (non, ce ne sont plus que des softcover, on les appelle plus honnêtement des 100% Marvel, maintenant) qui vont vous permettre de découvrir la nouvelle aventure au souffle épique (?) qui va traverser l'univers du tisseur de toile (et des X-Men) en particulier, mais finalement de Marvel en général. Il s'agit là d'une introduction un peu pompeuse pour un récit qui nous a paru d'emblée très décevant et qui s'est achevé dans notre indifférence la plus complète. Néanmoins, vous qui ne lisez pas forcément la version originale, vous allez pouvoir vous faire votre propre avis avec l'intégralité de la saga, épisodes de complément compris. Au centre de cet événement, nous retrouvons Ben Reilly; celui qui fut le clone de Peter Parker a toujours été un des benjamins des fans, à condition bien entendu d'être employé à bon escient par les scénaristes, c'est-à-dire comme une version alternative de Peter Parker, quelqu'un qui aurait pu prendre la place du héros à un moment donné, avec un background différent et donc un modus operandi quelque peu divergent. De la à en faire un super vilain aux idées totalement meurtrières et fantasques, il y a un monde. Cela a déjà été tenté avec plus ou moins de réussite, avant de revenir en arrière. Perpétuelle indécision, quelle erreur de jongler entre le rachat de Ben et une nouvelle plongée dans la folie, qui finit par devenir lassante et totalement contre-productive. Ici, il opère sous le nom et le costume de Chasm et s'est acoquiné avec la célèbre Goblin Queen, que les mutants ont eu la bonne idée de laisser plus ou moins en liberté dans le royaume des Limbes. Tous les deux ont accumulé beaucoup de rancœur avec le temps et ils ont un programme bien personnel sur la manière dont ils souhaiteraient faire progresser leurs situation respectives. Vous vous rappelez le crossover Inferno, à la fin des années 1980 ? Et bien, Dark Web est un peu une sorte de version actualisée, donc une redite sans surprise ni aucune vraie valeur épique. La ville de New York devient folle, les objets inanimés prennent vie, des démons se baladent dans la Grosse Pomme, bref du déjà lu. Ben et Maddie ont les nerfs, alors que le premier cité peut aussi compter sur sa petite amie, Janine, devenue une sorte de super vilaine mystique. Au moins, nous pouvons compter sur Adam Kubert pour sortir de jolies planches, mais qui ne font pas oublier l'indigence du propos. 


Tous les personnages liés au tisseur de toile ont subit une évolution pour le moins discutable ces derniers temps. Le run de Zeb Wells est loin de soulever les passions et il présente de nombreuses feuilles évidentes. Passons sur le secret de Peter Parker, la raison pour laquelle il est éloigné de Mary Jane. Ceux qui lisent la VO savent ce qui s'est passé et ils comprennent que cela risque d'être un tollé également chez le lecteur français, à terme. Le pauvre Ben ne supporte plus d'être un clone et se lance dans une vengeance personnelle : ce n'est pas le choix le plus judicieux là aussi. Face à lui, Norman Osborn, désormais lavé de tous ses anciens péchés et qui chevauche un nouvel engin de haute technologie dans le costume du Gold Goblin, le bouffon en or, une version sympathique et droite de celui qui fut autrefois un ennemi acharné et aujourd'hui une ressource précieuse pour Peter Parker. Ses péchés, parlons-en ! Ilsont été transmis à l'ancienne psychologue du Ravencroft Institut, le docteur Kafka. Elle aussi est transformée en une créature démoniaque ! Vous avez dit n'importe quoi ? Passons sur la mini série où Mary Jane (avec des pouvoirs aléatoires) et Black Cat vont devoir faire équipe pour s'entraider. Si ce n'est pour les superbes dessins de Vincenzo Carratu, un artiste à suivre de très près, qui ne tardera pas à littéralement exploser, cela n'a absolument aucun intérêt. Les X-Men sont de la partie, comme nous l'avons dit, Inferno oblige, mais aussi Miss Marvel, puisque la jeune Kamala travaille désormais dans les mêmes laboratoires que Peter Parker, sans que personne ne remarque qu'elle est aussi l'héroïne du nom de Miss Marvel. La ressemblance est pourtant assez frappante. Curieusement, sa mini série n'est pas si désagréable que ça, l'humour est bien dosé et c'est loin d'être le pire proposé dans le magazine. Le véritable défaut de Dark Web est en fait très simple : c'est une saga qui est basée sur de mauvais concepts, qui ont déjà été développés de bien meilleure manière par le passé et qui empruntent des chemins aussi discutables que contre-productif pour certains des personnages. Même en voulant être le plus clément possible, force est de constater que tout cela est bien mauvais.





MISS MARVEL SUR DISNEY + : UNE ADAPTATION TOTALEMENT DISPENSABLE


L'honnêteté veut qu'avant d'entamer cette critique de la série Disney + Miss Marvel, nous nous penchions sur le public à qui elle est réellement destinée. C'est-à-dire les adolescents et les amateurs de séries légères, et certainement pas le Marvel fan historique et exigeant, qui aime comparer les différences entre les adaptations à l'écran et ce qui existe sur le papier, tout en se complaisant dans le c'était tellement mieux avant. L'héroïne créée par G. Willow Wilson est de toute manière récente; elle fait partie de cette tendance actuelle à s'adresser et rechercher de nouveaux lectorats. Ici nous avons une jeune fille musulmane, en provenance du Pakistan, et dont la famille a fini par s'intégrer dans la société américaine, non sans quelques difficultés. J'aborde ce point dès le départ car il est évident qu'il s'agit du thème central de ces six épisodes. Que ce soit l'habillage ou la bande son, le décor ou toutes les intrigues secondaires, les origines et la religion de la petite Kamala Khan sont totalement intégrées à l'histoire. Mais là où il aurait été possible de s'attendre à une peinture au vitriol des relations tendues qui existent entre une partie des Américains, qui ne voient pas d'un bon œil les étrangers (surtout certains…) et des musulmans en but à bien des contradictions, et osons le dire, un racisme environnant frappant, nous avons droit à une version idéalisée et très édulcorée de ce que peut-être le melting pot aux États-Unis.  Quels sont les véritables problèmes que rencontre la famille Khan, en tant que pakistanais ? Quasiment aucun. Ce que l'on comprend dans la série, c'est qu'à partir du moment où on a assez d'argent pour vivre dignement (quand on peut se payer plusieurs billets aller-retour d'avion pour toute la famille au Pakistan, au dernier moment, cela prouve qu'on est loin d'être dans le besoin) le racisme ou l'intégration ne sont plus les écueils principaux. Ce sont bien les difficultés sociales, l'indigence, qui font qu'on s'isole ou qu'on est montré du doigt. Kamala appartient à une couche sociale qui lui permet de se sentir "plus américaine" que bien des Américains de souche, qui se contentent de conditions de logement insalubre. De plus, elle a été vampirisée par la culture américaine, au point d'avoir une passion pour les super-héros (Captain Marvel en particulier), de fréquenter les Comic-Con, et toutes ses références personnelles vont en ce sens. Si ce n'était pour quelques traits physiques qui la caractérise, on pourrait la prendre pour une jeune fille de New York ou de Chicago depuis des générations, sans aucun problème.  Sa famille est aimante, très compréhensive, finit par fermer un œil sur ses fréquentations et ses folies d'adolescente, tandis que la mosquée dans laquelle elle se rend pour prier est carrément un havre de paix et d'œcuménisme, où même les jeunes filles peuvent prétendre devenir des figures de référence pour l'organisation du
 culte. C'est un progressisme que j'applaudis des deux mains, mais qui me laisse tout de même une impression étrange de féerie, bien loin de ce qui semble se dérouler en réalité aux États-Unis. En fait, toute la série Miss Marvel semble baigner dans un halo improbable, un patchwork de couleurs, de sons et d'odeurs, qui en font une carte postale fascinante, mais qui pour le coup méprise la crédibilité. 




Pour trouver du positif dans cette série, il faut se concentrer sur l'actrice principale, la jeune Iman Vellani, qui est en effet une incarnation vraiment convaincante de Kamala Khan. Grande fan du personnage et de l'univers Marvel, elle se retrouve propulsée dans un monde qui n'est pas encore vraiment le sien et s'y comporte à merveille. Ce n'était pas gagné d'avance car le reste du casting est vraiment transparent, avec des personnages sans aucune saveur, et il faut le souligner, sans aucun réel vilain à lui opposer. L'univers Marvel des comics étant différent de celui du cinéma et de la télévision, il n'était pas possible de faire de Kamala une Inhumaine. Rappelez-vous l'échec extraordinaire de la série consacrée aux Inhumains; infliger à quelqu'un de la regarder à nouveau serait pour le coup une punition tout à fait inhumaine. Il est donc ici question de bracelet magique, même si au terme du dernier épisode, une révélation inattendue revient tout mettre en jeu. Bracelet qui permet à la jeune adolescente de projeter des formes énergétiques solides. Un pouvoir d'ailleurs assez confus et qui n'est jamais explicité de manière détaillée. La série est aussi l'occasion de voir apparaître les ClanDestine... et là il faut être un véritable expert Marvelophile pour se souvenir de ce que furent ces personnages dans les années 90, lorsqu'ils étaient lancés par Alan Davis. Ce que nous voyons à l'écran est de toute façon radicalement différent de ce que nous avons eu à l'époque, et il faut bien le dire, ne présente que bien peu d'intérêt. La série tout entière est assez soporifique et s'éloigne parfois totalement du super-héroïsme, pour nous asséner des leçons d'histoire sur les relations entre le Pakistan, l'Inde et l'Angleterre, les méfaits du colonialisme, et toutes sortes de remarques sociales et culturelles, qui deviennent autant de cartes postales absconses. Si vous vous endormez durant le visionnage, principalement du troisième au cinquième épisode, sachez que c'est tout à fait normal. Une histoire familiale mal ficelée et mièvre, un public cible qui n'est clairement pas celui auquel j'appartiens, une héroïne un peu trop abandonnée à elle-même et entourée de personnages secondaires transparents, une absence totale de vrais enjeux capitaux (bon, en fait, il y en aurait tout de même puisque le monde est en péril, mais on n'y croit pas un instant), cette série Miss Marvel est une sorte d'ovni dans le panorama des productions Marvel Studios sur Disney Plus. Ovni dans le sens "d'objet visuel non indispensable". Ce n'est qu'un avis personnel bien entendu et vous êtes tout à fait libre d'apprécier ces épisodes, mais pour ce qui me concerne, aller au bout afin de vous livrer une chronique ne restera pas ma meilleure expérience de l'année 2022. 





THE UNSTOPPABLE WASP #1 : BIENVENUE NADIA PYM (ET ELSA CHARRETIER)

La Guêpe à l'origine, c'est Janet Van Dyne, l'épouse du scientifique Hank Pym. Ces deux-là ont eu une relation tourmentée, mais auparavant Hank a eu un autre premier amour, une belle hongroise du nom de Maria, qui avant d'être enlevée avait donné naissance dans le plus grand secret à une fille. Celle-ci a eu une enfance difficile en Russie, au sein de la Red Room, un centre de formation pour super espions, impitoyable et dangereux, dont est issue part ailleurs Black Widow : mais attention, la petite Nadia en est sortie avec un état d'esprit totalement différent. Pas de revanche à prendre sur le monde, pas de besoin d'en découdre avec les autres, mais plutôt la pulsion irréfrénable de s'embrasser, de profiter de la vie, de toujours voir l'aspect positif des choses. C'est ce qui fait que cette nouvelle série démarre sur un ton feel good qui risque d'en défriser certains, et au contraire de ravir les autres. Marvel poursuit son opération de rajeunissement des cadres, aussi bien avec les personnages, qui ont droit à de nouvelles incarnations, qu'avec les auteurs, qui viennent de plus en plus souvent d'horizons disparates. La France touche le jackpot à nouveau, avec Elsa Charretier au dessin : un style simple (en apparence), un peu rétro, parfois caricatural, toujours adapté au récit et qui colle à merveille avec l'ambiance instaurée par le scénariste Jeremy Whitley. Oui, c'est un titre qui semble léger et fruité comme un smoothie (lisez pour comprendre) mais il délivre aussi un message fort, et se pose en antidote à la sinistrose ambiante. Nadia n'est pas la seule héroïne présente; la nouvelle Wasp se retrouve aux côtés -par exemple- de la Miss Marvel Kamala Khan, de Bobbi Morse, alias Mockingbird. Les héroïnes affrontent une sorte de robot géant qui vient semer la pagaille, et qui va être maîtrisé d'une manière aussi drôle que ridicule. Il est intéressant de noter que les nouvelles créations chez Marvel sont non seulement des jeunes filles, mais aussi de véritables génies en puissance. Les choses vont si vite que Kamala assure quasiment déjà le rôle de tutrice, de grande sœur, alors qu'elle est arrivée dans l'univers Marvel il y a très peu de temps! 
La vraie question qui se pose à la lecture de ce premier numéro est : quelle chance a la nouvelle Wasp de résister, au temps et à l'usure des mauvaises ventes chroniques, qui en général portent préjudice à ce titre de parutions, qui osent frayer dans des sentiers peu battus. La question n'est pas tellement adressée à Marvel, mais plutôt aux lecteurs qui se plaignent régulièrement de lire encore et encore les mêmes choses, mais boudent ce type de tentative de regard vers l'avenir, souvent au prétexte que cela ne colle pas avec ce qu'ils lisaient dans les années 70 et 80. C'est bien là l'essence même de The Unstoppable Wasp, la force d'être totalement ancré dans son temps, et de constituer un titre totalement abordable pour les nouvelles générations de lecteurs et de lectrices, ce qui est bien suffisant pour qu'on lui souhaite bonne chance et long life.



CHAMPIONS #1 : LA JEUNESSE AU POUVOIR

J'imagine aisément la tête du lecteur qui a cessé de lire des comics Marvel pendant 4 ou 5 ans, et décide tout à coup de reprendre ses amours de jeunesse : il va se retrouver avec sous les yeux toute une flopée de nouvelles versions de ses héros préférés, considérablement rajeunis, ou présentés sous de nouveaux avatars. Hulk n'est plus Bruce Banner, mais Amadeus Cho, la Vision a une fille, il y a un Nova adolescent et une nouvelle Miss Marvel de confession musulmane qui plus est, et c'est le jeune Scott Summers qui vit désormais à notre époque. Pour ne pas parler du déjà plus ancien Miles Morales, qui a débarqué dans l'univers Marvel traditionnel, pour endosser officiellement le costume de nouveau Spider-Man. Certains d'entre eux avaient déjà intégré les All New All Different Avengers de Mark Waid, mais il est clair qu'ils n'était pas franchement à leur place, d'autant plus qu'à force de se sentir frustrés et de devoir obéir à des ordres qui sont contre leur nature même, ils ont fini par claquer la porte. Dernière en date, Kamala Khan, la nouvelle Miss Marvel donc, qui décide de rendre son tablier et de faire cavalier seul. Comme tous les jeunes d'aujourd'hui, c'est en utilisant les réseaux sociaux et son smartphone qu'elle peut convoquer ses amis, et tenter de mettre sur pied un groupe capable de faire la différence, notamment en se faisant apprécier et bien vouloir du public. Si les adultes -ces prétendus mentors- ont perdu de vue ce que signifie vraiment l'héroïsme, et se tapent dessus sans véritables raisons, les gamins ont bien l'intention de garder le cap et de mettre leurs forces en commun, pour faire le bien et rien que le bien. Restaurer la confiance. Et ça marche aisément, avec des situations simples, un défi comme par exemple des mineurs piégés dans l'explosion d'une galerie souterraine, et sauvés par le nouveau Hulk. Ce n'est pas une menace cosmique, mais c'est suffisant pour rendre foi en ce super-héroïsme de demain. 
Mark Waid s'en sort très bien, et il dépeint des personnages crédibles, sans tomber dans un jeunisme exaspérant. Côté dessins, Humberto Ramos est à son maximum; son style est explosif, hyperkinétique, la construction des planches est parfois vertigineuse, et pour peu que vous appréciez sa manière de mettre en scène les héros Marvel, vous allez vous régaler. Alors certes il ne s'agit pas d'une série qui démarre avec un numéro flamboyant, et des enjeux cataclysmiques, mais tout simplement un nouveau groupe de jeunes héros qui s'inscrit parfaitement dans l'air du temps. Et qui pourrait bien vivre des aventures bien plus intelligentes qu'on ne pourrait le soupçonner. Optimisme et foi dans l'avenir... qui a dit que les comics devaient forcément être sombres et tourmentés?


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ALL-NEW ALL-DIFFERENT AVENGERS #1 : LA REVIEW ALL-NEW ALL-DIFFERENT (C'est logique...)

De nouveaux Avengers, pour une nouvelle ère. Après un premier coup d'oeil donné aux différentes covers, j'ai tout de même eu un mouvement de recul prévisible, car je suis un lecteur qui a dépassé le cap des trente-cinq années de service... Au menu, des jeunots, les héros de la nouvelle génération, ceux qui ont moins de charisme, souvent mis en scène par des dessinateurs au trait plus cartoony, et que je n'apprécie guère plus que ça... Mais bon, au scénario, Mark Waid, un de ceux qui me déçoivent rarement, et qui reste sur une prestation très sympathique avec Daredevil. Alors allons-y, et vérifions sur pièces. Première remarque, ne faites pas confiance au nom ronflant et un poil trop long, il n'y a plus d'Avengers quand commence la série. La Tour des Vengeurs a été vendue par Tony Stark, qui traverse une période creuse coté portefeuille mais reste l'heureux possesseur de gadgets et de matériels ultra cool, comme une voiture qui vole et capable de subir une modification digne du meilleur épisode des Transformers. Autre personnage central utilisé par Waid pour introduire ses idées, celui de Sam Wilson, le nouveau Captain America, qui a encore des déboires pour ce qui est de sa renommée et de l'incarnation de son statut de défenseur de l'Amérique. Ces deux-là sont le prétexte à des dialogues forts plaisants, écrits au second degré, qui introduisent un ton rafraîchissant et de l'humour salutaire. D'autant plus qu'un peu plus loin, alors que la première menace commence à se dévoiler (on a droit a un adversaire mystérieux à ce point du récit, et à la présence d'un combattant Chitauri déjà rencontré dans Nova), voici débarquer dans ces pages le nouveau Spider-Man, Miles Morales, transfuge du défunt univers Ultimate. Gros reproche que nous pourrions faire à Waid : proposer des enjeux infiniment plus modestes par rapport à la longue saga complexe et diabolique orchestrée avant lui par Hickman. On passe de l'universalité du désastre à un récit intimiste, terre à terre, plus proche de l'esprit des pères fondateurs Marvel, avec une attention à l'humain, aux personnalités. 
Moi je trouve cela agréable, un changement de cap qui donne de nouvelles perspectives, et qui est séduisant dans l'esprit. D'autant plus qu'en back-up une courte histoire mettant en scène Kamala, la nouvelle Miss Marvel, et le toujours très jeune Nova (Sam Alexander) permet de bien saisir les doutes et les hésitations de cette nouvelle génération de héros, pour qui les hormones et l'adolescence sont autant une menace que les skrulls ou Fatalis. Les dessins sont soignés et de haut niveau, avec Andy Kubert tout d'abord (forcément...) puis de Mahmud Asrar pour ces pages conclusives. Tranches de la vie quotidienne et construction humanisée de son équipe encore en gestation, au moins Mark Waid a t-il correctement calibré son scénario pour coller au prétexte des "Marvel nouveaux et différents". Il a ma confiance et je reste en attente de la suite. 



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MISS MARVEL TOME 1 : METAMORPHOSE

S'il est une série qui a fait le buzz dès l'instant même de son annonce, chez Marvel ces derniers temps, c'est bien celle consacrée à la nouvelle Miss Marvel. Il faut dire que la protagoniste a tout pour rompre avec la monotonie des récits classiques de héros en collants. Kamala Khan est une adolescente pakistanaise, de "confession" musulmane, comme je le lis dans toutes autres critiques (alors je m'adapte), partagée entre la tradition qu'une partie de la famille souhaite entretenir (les parents n'entendent pas lui lâcher la bride et la laisser sortir avec des garçons, ou participer à une fête; son frère entretient une foi ostensible hors de contexte) et sa réalité quotidienne de teen-ager dans un lycée américain. Kamala rêve d'être cool, aimée, d'avoir une vie un peu plus mouvementée et "en couleurs" et entretient une passion flagrante pour le super-héroïsme, les Avengers et Carole Danvers plus précisément (elle écrit même des fan-fictions sur Internet). Le jour où elle brave l'interdit familial et fait le mur pour participer à une sauterie juvénile sans grande tentations (un peu d'alcool, quelques gros lourds, mais ce n'est pas une orgie non plus...) est aussi le moment inattendu où une brume étrange se répand à travers la ville. Ceux qui ont lu ou sont au courant des événements d'Infinity puis d'Inhumanity savent bien de quoi il s'agit. Et du reste les autres vont le découvrir assez vite, lorsque Kamala est prise de malaise, et finit par se réveiller quelques heures plus tard dans un cocon. Elle n'en sort pas indemne, puisque la voici blonde, et affublée du costume voyant (loin des préceptes musulmans de la famille...) de la première Miss Marvel, avec cuissardes hautes et body qui lui "rentre dans les fesses" (je ne fais que citer les pensées de Kamala). Bref, pratiquement un rêve éveillé, tout ce qu'elle avait désiré jusque là : devenir une héroïne, avoir des super-pouvoirs, sauver la veuve et l'orphelin, ou à défaut, ici, une camarade de classe aussi snob qu'hypocrite. Sauf que... à grands pouvoirs, grandes embrouilles, surtout à cet âge là, et dans ces conditions!

Si G.Willow Wilson évite de se vautrer dans la caricature ou l'outrance, c'est qu'elle connaît bien son sujet. Elle a étudié l'Islam avec grand sérieux, s'est convertie, est partie vivre et écrire en Egypte. Du coup, elle est en mesure de réaliser une synthèse fort pertinente de ce que peut être aujourd'hui la religion pour les nouvelles générations "déracinées", fières de leur culture mais aussi parfaitement à l'aise dans l'american way of life 2015. A mille lieux des clichés que voudraient nous faire gober certains extrémistes pour qui la subtilité consiste à défoncer de grosses portes à coups de tatanes saintes. D'ailleurs, est-ce bien le nerf du récit? N'est-ce pas plutôt une histoire d'initiation adolescente, d'une découverte de soi, à travers un corps et un contexte qui change, et qui n'est plus aussi identifiable et acceptable qu'avant? Cette Kamala est le négatif contemporain d'un Peter Parker dans les sixties, ou la version féminine d'un Miles Morales, plus récemment, sous la plume de Bendis. Elle est touchante car amenée avec justesse, et fleure encore bon la naïveté et l'idéalisme du Marvel d'avant, d'avant le cynisme et la destruction systématique du mythe. Le dessin est en harmonie avec le ton de la série, et Adrian Alphona utilise un style très cartoony et délirant, pour épouser les pouvoirs de la jeune fille, capable de moduler la masse et la grosseur de toutes les parties de son corps, et également de changer d'apparence. Ce premier tome est véritablement rafraîchissant et constitue une de ces belles surprises qu'on n'attend pas, et qui naissent en marge de la production mainstream habituelle. Reste à confirmer sur la durée, et ne pas s'embourber dans des aventures sans intérêt ou d'une platitude effarante, comme c'est le cas pour le nouveau Nova de Jeph Loeb, qui pris un départ pétillant avant de perdre ses bulles en quelques mois. Affaire à suivre, c'est entendu!


KAMALA KHAN : UNE MISS MARVEL MUSULMANE


C'est le 6 février prochain que débuteront les aventures de la nouvelle Miss Marvel, à savoir Kamala Khan, seize ans, fille d'immigrés pakistanais, résidente dans le New-Jersey. Après une première apparition sur les pages de Captain Marvel, en janvier. Une héroïne musulmane, principalement. Voici ce que déclare Sana Amanat, editor chez Marvel : Il est important que nos histoires reflètent les grands changements dans le monde. Créer un personnage qui soit américain et musulman est un autre de ces défis, pour nous. Mais au delà de ses origines, nous ne devons pas oublier qu'il s'agit surtout de l'extraordinaire histoire d'une jeune fille qui se retrouve avec des pouvoirs hors du commun, et qui doit comprendre comment, et en quoi, tout cela changera son existence. Les pouvoirs de Kamala? Elle peut agrandir, ou rapetisser, n'importe quelle partie de son corps.
Bien entendu, dans la pure tradition Marvel, on peut deviner que ces pouvoirs seront source de biens des ennuis, dans la sphère familiale, à l'école, avec les amis et les ennemis. De grands pouvoirs impliquent toujours de grandes responsabilités, et par là même de gros dégâts. Le scénario est confié à G.Willow Wilson, la trentaine, qui s'est convertit à l'Islam durant ses années fac, à l'université de Boston. Elle est surtout connue pour le Graphic Novel Cairo (Le Caïre), situé dans la capitale égyptienne, où elle a elle même vécu et travaillé pour un quotidien d'opposition (Cairo Magazine). Pour Dc Comics, Wilson a écrit deux numéros de Superman en 2010, et pour Marvel une mini série en quatre parties à venir, Mystic, qui aborde le thème de la réincarnation. Les dessins seront du canadien Adrian Alphona.
S'agit-il d'une tentative racoleuse et commerciale de "convertir" le public de confession musulmane? Selon les derniers relevés de l'Aris (agence qui étudie l'appartenance religieuse des américains) les musulmans représentent 0,6 % des habitants de la nation, contre 81,1% de chrétiens,  ou encore 23,9% de catholiques. Sous cet angle, on peut considérer que l'argument des ventes et du public ciblé n'est pas le seul moteur de l'opération. Chez nos amis à super pouvoirs, les héros musulmans ne sont pas légions, c'est un euphémisme. A peine si on se souvient de Dust (Sooraya Qadir), qui fit son apparition chez les X-Men, avec sa burqa, ou plus récemment du nouveau Green Lantern, Simon Baz, qui pour son introduction dans l'univers Dc est accusé d'un acte terroriste. N'allez pas demander à Frank Miller ce qu'il en pense, il a déjà donné sa réponse, plutôt déconcertante, dans le récent "Holy Terror" que nous avions chroniqué en son temps, sur ce blog.


PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...