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LES GUERRES SECRÈTES II : LE BEYONDER EN GOGUETTE


Je vous rappelle en quelques mots le principe des Guerres Secrètes, version années 1980. Le Beyonder, un être tout-puissant venu du fin fond de l’univers, convoque sur une planète composite — créée pour l’occasion — une belle brochette de super-héros et de super-vilains. Une fois sur place, tout le monde tape sur tout le monde, et le vainqueur se voit promettre une récompense à la hauteur : la réalisation de tous ses vœux. Pif, paf, pan ! Prends ça, manant ! Voilà, c’est résumé. Fallait-il vraiment envisager une suite, deux ans plus tard, avec Secret Wars II ? Évidemment, la réponse est loin d'être évidente. Comme vous le savez, ce n’est pas moi qui décide — et de toute façon, à l’époque, j’étais bien trop jeune. On retrouve donc le Beyonder, cette fois en déplacement. Il débarque sans prévenir sur notre planète, animé par une étrange quête : comprendre ce que signifie "vivre", à la manière d’un humain énigmatique. Lui n’a aucune expérience, et ses efforts se tendent vers cet objectif. Boire, manger, frapper, rêver… pour lui, rien n’a de sens. Il va donc consulter quelques héros qu’il connaît déjà, histoire de leur demander comment combiner observation et expérimentation dans l’espoir d’atteindre cette sagesse qui lui échappe. Après avoir frayé avec un scénariste de série télé à Hollywood — à qui il offre, de manière totalement imprudente, des pouvoirs extraordinaires —, le Beyonder débarque chez Peter Parker. Mais de cet échange inédit, le seul enseignement qu’il en tire, c’est comment on évacue ses intestins aux toilettes. A-t-il au moins entendu parler du papier hygiénique ? Mystère insondable et gastro au menu. Le Beyonder poursuit son odyssée philosophique auprès de Reed Richards (pour une fois peu loquace), puis des Heroes for Hire, Iron Fist et Luke Cage. Ce dernier, fidèle à lui-même, l’accueille comme un bourrin et commence par lui coller quelques coups, mais tout s’arrange ensuite. Le duo s’en tire avec les honneurs… jusqu’au moment où l’étranger transforme leur immeuble à étages multiples en un bâtiment tout en or, qui s’écroule aussitôt sous son propre poids. La raison ? Ce bêta de Cage lui avait confié que la vie était régie par l’argent et la possession de biens matériels. Du coup, le Beyonder repart, méditant sur les taux d’intérêt et comment se remplir les poches de dollars. Il était venu chercher la connaissance, il repart reconverti en gourou façon Bolloré.




Le Beyonder possède, au fond de lui, cette candeur, cette innocence propre à celui qui ne sait rien, faute d’avoir rien expérimenté. Mais il veut tout savoir, tout vivre — et vivre, justement. Il s’acoquine donc tout naturellement avec la pègre locale, qui lui apprend les ficelles du métier. Doté de pouvoirs illimités, le Beyonder dame le pion au Caïd, investit la Maison Blanche, devient le maître incontesté de toute l’Amérique. Mais cela ne lui suffit pas : que vaut une telle existence si l’on prive les autres de leur libre arbitre ? Et surtout : où trouver un véritable sens à la vie ? Dans l’amour, peut-être ? Le Beyonder commence par une brève aventure avec une prostituée, qui lui apprend les bases du comportement intime. Puis il décide (véridique !) de tomber amoureux de Dazzler. Comme s’il l’avait choisie sur catalogue, il se met en tête qu’Alison doit devenir sa compagne, point final. Évidemment, cela ne plaît pas à tout le monde : les X-Men décident de lui régler son compte, et la jolie blondinette, objet de ses attentions, choisit de le plaquer à la première occasion. Le Beyonder souffre, déprime, et c’est sa rencontre avec la jeune Tabitha (membre des Nouveaux Mutants et de X-Force par la suite) qui lui permet de retrouver un peu d’élan, avant de nouveaux affrontements, tour à tour avec les X-Men, les super-vilains de l’univers Marvel, et à vrai dire un peu tout le monde. Le fait est qu’il nourrit l’ambition démesurée d’effacer la mort elle-même. Modestie, avant tout. Jim Shooter est capable du meilleur comme du pire. Son récit n’est pas dépourvu de bonnes intentions, bien au contraire, et ce qu’il dit ou esquisse sur la création — notamment dans le final — se révèle plutôt juste et même poétique. Mais les nombreux tie-in s’avèrent souvent redondants, parfois improvisés, et Secret Wars II déborde dans trop de séries, jusqu’à ressembler à un gigantesque pudding indigeste. Si l’on se contente de suivre la série principale en neuf volets, comme ici, l’ensemble demeure beaucoup plus cohérent et pertinent. Sauf qu’Al Milgrom, au dessin, livre une prestation disgracieuse : une multitude de petites cases surchargées de didascalies et de dialogues rendent la lecture fastidieuse — surtout pour celles et ceux qui n’ont pas vu d’ophtalmo depuis trop longtemps. Secret Wars II n’est donc pas une lecture indispensable, mais elle peut encore surprendre, avec le recul, par la justesse et l’inspiration de certaines pages, où un être tout-puissant et omniscient se trouve tourmenté par la simple condition de mortel — une énigme qu’il n’appréhende jamais vraiment, mais qu’il ne cesse de questionner, entre pathétique et poésie. Panini nous fait la divine surprise de ressortir la chose dans un bel album à 32 euros, avec même un coffret et les premières Guerres Secrètes du nom. Chouette, alors ? 




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AMAZING SPIDER-MAN EPIC COLLECTION : LES FANTÔMES DU PASSÉ


 Quand vous êtes sur le point d'atteindre la cinquantaine et que vous avez eu la chance de découvrir les histoires de Tom De Falco et Ron Frenz en temps réel, il est évident que vous gardez un souvenir réjoui de cette période encore trop méconnue du Tisseur de toile. Une phase marquée notamment par une alternance bienvenue entre des épisodes urbains et tendus, et d'autres où l'humour prend le dessus, même dans des situations dramatiques. La Epic Collection nous permet ici de nous un replonger dans l'affrontement entre Spider-Man et le Super Bouffon, de retour, plus perfide que jamais, sans que personne ne connaisse (encore) sa double identité. Le vilain décide de mettre la main sur tout le matériel ayant appartenu autrefois au Bouffon Vert et il s'est accoquiné avec le fils de Wilson Fisk, La Rose, pour parvenir à atteindre ses objectifs. Voilà un malfrat à la cagoule violette, qui fut très charismatique en son temps et qui manipule son associé, comme le ferait probablement aussi son père, le Kingpin du crime. Pendant ce temps-là, la vie n'est pas toute rose pour Peter Parker, l'homme sous le masque. Cela fait des semaines qu'il n'a plus adressé la parole à sa chère tante May, qui lui reproche d'avoir abandonné son rêve de toujours, celui de poursuivre des études et de devenir un brillant scientifique, pour se consacrer à une simple profession sans prestige, photographe freelance pour le Daily Bugle. Nous autres lecteurs en savons un peu plus, mais la tantine ne décolère pas et on l'avait rarement vu aussi bornée. Sentimentalement parlant, ça ne va pas mieux pour Peter : tout d'abord, c'est la rupture avec la Chatte Noire. Felicia lui a caché trop de choses pour que les deux héros continuent de se fréquenter, sans arrière-pensées. Ensuite, Mary Jane a percé le secret de la double vie de Parker. Elle sait désormais que l'homme qu'elle aime est également un super-héros; du coup, cela jette un froid sur leurs rapports, qui pour l'instant peuvent se définir comme "profondément amicaux". Spider-Man va alors croiser sur sa route toute une série de personnages loufoques, certains souhaitant le défier, d'autres devenir son associé, comme Frog-Man, par exemple, ou même le Crapaud. Ce qui amène dans la série une grande touche de fraîcheur et de drôlerie, après quelques épisodes assez sinistres. Du côté du carnet rose, signalons la naissance de Normie, le petit garçon d'Harry Osborn et Liz, sa femme. Évidemment, même cet événement heureux est accompagné de son lot de tensions puisque la jeune femme est enlevée (ainsi que Mary Jane) au moment même où elle s'apprête à accoucher. Presque la routine pour Spider-Man…



Cet album est dense et truffé d'action, de rebondissements, d'événements inattendus. Le Tisseur alterne ses deux costumes, le traditionnel rouge et bleu mais aussi la tenue toute noire, d'autant plus qu'il subit à nouveau les assauts du symbiote, ramené de la planète du Beyonder, qui est parvenu à s'échapper de sa prison de verre, au quartier général des Fantastiques. Le Beyonder, parlons-en justement, puisque deux épisodes sont aussi en rapport avec les Guerres Secrètes, secondes du nom. Désireux de comprendre ce qui motive et ce que veulent vraiment les humains, le Beyonder a transformé un immeuble de New York en or massif. L'édifice s'effondre, provoque une catastrophe et menace même de déséquilibrer l'économie mondiale, sauf si le gouvernement et Wilson Fisk décident d'intervenir en grand secret. L'occasion aussi pour Parker d'avoir un dilemme à résoudre : en échange des vies qu'il sauve, est-il autorisé à emporter un joli bloc notes en or massif, pour payer les factures de sa tante ? Ce volume permet aussi de lire les premiers pas de Silver Sable, la femme la plus dangereuse en provenance de Symkarie. On y trouve aussi un affrontement titanesque, qui finit en couverture, entre Spider-Man et Firelord, un héraut de Galactus. La merveille débarque sur Terre dans l'intention de manger une pizza (véridique !) mais la manière dont il traite le personnel et exige son plat préféré provoque une petite émeute et l'intervention du Tisseur, qui va vite dégénérer en un mano a mano violent. Je le répète, il se passe énormément de choses dans ces presque 500 pages, que je ne saurais trop vous recommander. D'autant plus que vous allez aussi trouver du Peter David au scénario, du Sal Buscema aux dessins, un des artistes que je préfère pour Spider-Man, ou encore des pages que nous devons à Mike Zeck ou Bob Layton. Dis comme ça, on a presque l'impression de flirter avec l'indigestion et en effet, il y a à boire et à manger ! Pour autant, on sort de table rassasié, avec l'impression d'avoir fait un investissement très rentable et d'avoir pris une bonne bouffée de nostalgie, comme il nous en arrive assez rarement.


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SECRET WARS II : LE BEYONDER SUR TERRE

Je vous rappelle le principe des Guerres Secrètes, dans les années 80, en quelques mots. Le Beyonder, un être tout puissant venu du fin fond de l'univers, convoque sur une planète composite, crée pour l'occasion, une belle sélection de super héros et super vilains. Une fois sur place, tout le monde tape sur tout le monde, et le vainqueur se voit faire une belle promesse, celle de voir tous ses vœux exaucés. Pif, paf, en voilà une belle, prends ça manant ! Voilà, j'ai résumé.
Du coup, était-il raisonnable que Marvel envisage une suite, avec Secret Wars II, deux ans plus tard? Bien sûr que non, mais vous le savez, ce n'est pas moi qui décide (en plus à l'époque j'étais bien trop jeune). On retrouve donc le Beyonder, qui cette fois joue en déplacement. Il débarque sans prévenir sur notre planète, dans l'espoir de comprendre ce que signifie vivre, comme un bon humain énigmatique. Lui n'a aucune expérience, et du coup c'est vers cet objectif que se tendent ses efforts. Boire, manger, frapper, rêver… pour lui rien n'a de sens, et il va donc s'en aller trouver quelques héros de sa connaissance, pour les interroger sur la meilleure manière d'allier observation et expérimentation, dans le but d'atteindre cette sagesse qui lui fait défaut. Après avoir frayé avec un scénariste de série à Hollywood et lui avoir donné imprudemment des pouvoirs formidables, le Beyonder débarque chez Peter Parker. Mais la seule issue de cet entretien inédit, c'est que le jeune homme lui apprend… comment on se vide les intestins aux toilettes. Lui a t-il parlé du papier avant, voilà un mystère insondable. Le Beyonder va ensuite solliciter les conseils avisés de Reed Richards (pour une fois sans sa verve habituelle) ou des Heroes for Hire, Iron Fist et Luke Cage. Ce dernier l'accueille comme un vrai bourrin et lui tape dessus, mais ensuite tout s'arrange et le duo s'en sort avec les honneurs, sauf qu'en partant, l'étranger transforme leur tour à multiples étages en un bâtiment tout en or, qui s'écroule sous son propre poids. La raison ? Ce béta de Cage lui a dit que toute la vie est régie par le pognon, la possession de biens matériels. Et du coup, le Beyonder se remet en marche (hop, une allusion à Macron…) et médite sur les taux d'intérêts et comment se mettre un bon paquet de dollars pleins les poches. Il était venu pour la connaissance, le voici reconverti en gourou de chez Golden Sachs. Les comics, ça vous tuera, un jour. 



Le Beyonder possède au fond de lui cette candeur, cette innocence propre à celui qui ne sait rien, pour n'avoir rien expérimenté. Mais il veut tout savoir, tout vivre, et vivre. Du coup il s'acoquine naturellement avec la pègre locale, qui lui apprend les ficelles du métier. Avec des pouvoirs illimités, le Beyonder dame le pion au Kingpin, investit la Maison Blanche, devient le maître incontesté de toute l'Amérique. Mais ça ne lui suffit pas : que vaut une telle existence, si vous privez les autres de leur libre arbitre ? Et encore : où trouver un sens à la vie, un vrai ? Dans l'amour ? Le Beyonder a d'abord une très brève histoire avec une prostituée qui lui apprend comment se comporter au lit, puis il décide de tomber amoureux de Dazzler. Comme s'il l'avait choisie sur catalogue, il se met en tête qu'Alisson doit devenir sa flamme, ni plus ni moins. Forcément, ce n'est pas du goût de tout le monde, les X-Men décident de lui faire la fête et la jolie blondinette, objet de ses attentions, décide de le plaquer à la première occasion. Le Beyonder souffre et déprime et sa rencontre avec la jeune Tabitha (Meltdown) lui permet de reprendre un peu du poil de la bête, avant de nouvelles altercations entre lui-même et les X-Men, les vilains de l'univers Marvel, un peu tout le monde en fait. Il faut dire qu'il lui vient jusqu'à l'ambition d'effacer la mort elle-même. Modestie, avant tout.
Jim Shooter est capable du meilleur comme du pire. Son récit n'est pas dénué de bonnes intentions, au contraire, et ce qu'il dit et envisage de la création, notamment avec le final, est assez juste et poétique. Mais parfois les tie-in sont redondants, improvisés, et Secret Wars II déborde dans bien trop de séries, au point d'en devenir un énorme pudding indigeste. Si on se contente de suivre la série principale en neuf volets, c'est beaucoup plus linéaire et pertinent. Sauf qu'Al Milgrom au dessin signe une prestation disgracieuse, avec une foultitude de petites cases surchargées en didascalies et dialogues, qui peuvent rendre la lecture fastidieuse à celles et ceux qui ne voient pas un ophtalmo depuis trop longtemps. Secret Wars II est donc une lecture qui n'est pas indispensable, mais qui est tout de même capable de surprendre positivement avec le recul, par la justesse et l'inspiration de certaines pages, qui voient un être tout puissant, omniscient, tourmenté par la simple condition de mortel, qu'il n'appréhende jamais totalement, mais continue d'interroger, entre pathétique et poésie. Il n'existe pas de version librairie en vf mais le principal a été publié sur les pages de Spidey, lorsque les éditions Lug se chargeaient du travail d'édition des séries Marvel. En VO, vous avez le choix, même un gros omnibus de presque 1200 pages, qui collecte tout le possible imaginable. 



Les Secret Wars II sont épuisées même en VO
Reste donc à relire ou acheter les premières Secret Wars

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TIME RUNS OUT TOME 4 : LA FIN DE TOUT POUR LES AVENGERS DE JONATHAN HICKMAN

L'heure est venue d'en finir et de faire tomber les derniers masques. C'est un peu cela, le constat qui domine dans ce "Time runs out" chapitre quatre. Le Docteur Strange en est le héros malgré lui. Il a beaucoup sacrifié pour accéder à un niveau de pouvoir jamais atteint, et percer les secrets de la fin de tout, qui menace inéluctablement la création. Avec les Prêtres Noirs à son service, Stephen Strange va enfin parvenir à se frayer un chemin jusqu'aux bibliothèques encore existantes, là où il va se retrouvé piégé et vaincu par des soeurs Noires. Le lecteur attendait ce moment, car cela faisait des mois qu'il tentait de percer l'identité secrète de Rabum Alal, qui semblait être le maître de la dernière chance, en coulisses. En fait, le mystère est éventé quand Strange se retrouve en présence de Fatalis. Ces deux-là se connaissent bien, et le dictateur de Latvérie n'est pas seulement un technicien et un politicien retors, c'est aussi un mage très porté sur le mysticisme, comme nous le rappelle l'album splendide (et présenté en format géant) qui associent les deux personnages, réédité par Panini le mois dernier. Pour une fois, l'humanité pourrait bien devoir une fière chandelle à Fatalis. Si d'habitude il est ce fou avide de pouvoir qui s'asseoit sur les libertés d'expression et individuelles, cette fois le voilà unique rempart contre ce qui va arriver, à savoir défier les Beyonders qui sont en train de précipiter la fin de tout. Les héros sont tous mobilisés, et prêts à se sacrifier sans arrière pensée, comme Thor et Hyperion, qui sont ensemble dans un dernier baroud d'honneur poignant, dont l'issue est forcément l'anéantissement. Reed Richards et sa science insondable a du prendre le maquis, alors que les Beyonders dcident d'en finir, une bonne fois pour toutes. C'est la fin les amis, la disparition de l'univers Marvel, des univers tout court. Une fois à court de temps, il ne reste... rien. 



Jonathan Hickman a accompli un boulot monstre tout au long de la période qualifiée de Marvel Now. Ce n'est plus un scénariste, c'est un architecte, et il a tout construit patiemment, des fondations aux dernières tuiles, dotant sa création de multiples tiroirs et rebondissements secondaires, pour obtenir une fresque de la démesure. Nous avons vraiment adoré son ambition, mais le prix à payer est un manque de rythme au format comic-book traditionnel, c'est à dire le fascicule mensuel. Hickman écrit toujours avec les idées larges, très larges, et il faut pouvoir porter un regard circulaire sur ses intentions pour comprendre en quoi on frôle au génie, comment il parvient à gérer un nombre impressionant de pièces sur l'échiquier. Jamais un scénariste n'avait poussé plus loin l'idée de la fin de tout. même Starlin avec le Thanos de la grande époque optait pour la sacrifice de la moitié des créatures du cosmos. Le Beyonder dans les premières guerres secrètes paraisait être un dieu capricieux, mais jamais aussi porté sur l'extermination de tout. Infinity, Annihilation, et autres épopées cosmiques, sont porteuses de catastrophes démesurées, mais pas de fin des univers, à travers les dimensions, les possibilités. Hickman lui casse tout. Le dessin est bon, mais varié, avec une série d'artistes qui se relaient aux commandes des deux séries Avengers et Illuminati. Bien sûr, sortent du lot Mike Deodato et son photo-réalisme adapté au super-héroïsme (un poil sombre, quand même, la mise en couleurs) Stefano Caselli (clair, très lisible) et Kev Walker, qui comparé aux deux premiers joue dans une division moindre. Les quatre tomes de Time Runs out d'une seule traite sont très efficaces, et ce qui se fait de plus chouette et définitif en matière d'apocalypse universelle. A relire au format album pour se faire une opinion globale. 


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AVENGERS 30 : LE DERNIER NUMERO EN KIOSQUE. IL NE RESTERA QUE ... SECRET WARS

Cette fois c'est certain, les Avengers sont à court de temps. Et pour preuve, ce numéro 30 est le dernier du mensuel qui leur est consacrés. Toutes les trames patiemment tissées par Jonathan Hickman trouvent une résolution en ce mois de décembre, qui est aussi le prélude à ce qui va suivre en janvier, à savoir Secret Wars. Les incursions entre les différents univers, la fin de tout ce qui existe, tout cela se termine maintenant. Dans Avengers World, on assiste aux regrets et au désespoir de Namor, qui avait cru bien faire en mettant sur pieds une super équipe de psychopathes pour faire le sale travail, à savoir anéantir ces mondes qui menaçaient le notre, à chaque incursion. Les Illuminati avaient fini par renoncer devant l'ampleur du génocide cosmique commis et à commettre, mais il est clair que des individus tels que Thanos ont moins de remords, et finissent par y prendre un plaisir pervers. Le Prince des mers fait son possible pour se racheter tardivement, mais est-il encore temps? Réponse avec Frank Barbiere et un Marco Checchetto des grands jours (son Thor est majestueux dans la bataille). Pendant ce temps-là, les dernières révélations pleuvent. Comment Fatalis a pu acquérir un tel pouvoir, capable même de rivaliser et de contrer les plans des Beyonders que l'on imaginait tout puissants? L'aide fondamentale de l'Homme-Molécule n'y est pas pour rien, et Hickman nous dit enfin tout sur ce qu'il avait manigancé depuis deux ans et demi. De l'astuce toute bête de changer les noms pour entretenir le suspens (qui étaient Rabum Alal ou les Rois d'Ivoire par exemple) à la génèse de personnages comme les Swans ou la pseudo religion montée de toutes pièces par Fatalis, pour entretenir la flamme du dogme à travers le multiverse, et parvenir (peut-être) à sauver quelque chose du désastre universel à venir. Mike Deodato Jr est l'artiste qu'il fallait pour cette conclusion, tant il est évident qu'il est aujourd'hui un des deux trois grands dessinateurs pour insuffler une touche épique, grandiloquente, dans des planches qui annoncent le terme de l'univers Marvel tel que nous le connaissions. Certes, les explications demandent beaucoup d'attention, et de connaître les détails jusque là distillés, mais au final, à relire l'ensemble du run de Hickman, vous verrez la minutie et l'intelligence d'une fresque sans égale, qui mérite à juste titre une place au panthéon des aventures vécues par les Avengers.


On pourrait croire que pendant que certains essaient de sauver ce qui peut encore l'être (comme Roberto Da Costa qui a racheté l'A.I.M ou encore Stephen Strange qui pactise avec Fatalis...) les autres font ce qu'ils peuvent pour se rendre modestement utiles. Et bien non, Steve Rogers n'a qu'une idée en tête, alors que la fin du monde est une question d'heures, aller parler à Tony Stark pour lui faire avouer que depuis le début, il s'est comporté comme un menteur, et lui bourrer le nez de bons crochets du droit. Là, force est de le constater, l'ancien Captain America est à coté de la plaque. Que Tony soit une ordure potentielle, imbu de lui-même et antipathique à souhait, cela me va, mais ses actes à l'échelle cosmique sont justifiés par la situation d'urgence, et sans lui, point de survie. Il faut croire que les restes de Civil War continuent d'alimenter les fantasmes des scénaristes, qui les ont transformés en frères ennemis prêts à s'étriper. Au dessin cette fois, Kev Walker et Stefano Caselli, qui clairement n'ont pas les capacités et la magnificence de Deodato, alors ils s'adaptent, et ça se voit. Autre série qui ferme ses portes, les Secret Avengers d'Ales Klot. Un titre très étrange, avec une trame complexe, embrouillée, fantasmagorique, qui part dans tous les sens, appuie sur l'auto-dérision et l'absurde. C'est le moment clou de ce run d'une quinzaine de numéros, avec l'entrée sur notre plan de dimension de Tlön, et l'aide impromptue de Modok qui joue les héros pour sauver le Shield, Maria Hill, Hawkeye, et accessoirement la planète. Difficile de porter un jugement définitif. Souvent les trouvailles inventives de Klot ont décroché des sourires et l'approbation, mais l'ensemble fonctionne à moitié, car trop étoffé et pas assez bien débroussaillé. Le trop est l'ennemi du bien, et il a manqué un poil de clarté dans cette saga dessinée par Michael Walsh, qui vise à l'essentiel et à la caricature, laissant de coté fioritures et réalisme. Mais dorénavant plus rien n'a d'importance, car tout ce qui reste de notre univers, des univers, c'est Secret Wars. Alors on y va!



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Secret Wars : le guide de lecture Vf

SECRET WARS #5 : LA REVIEW

Les Guerres Secrètes, version 2015, sont loin d'être terminées. Nous voici donc avec entre les mains le numéro 5, à savoir que nous avons dépassé la mi-parcours, et que nous commençons à entrevoir la résolution du problème. Pour rappel, l'univers (les univers) existant a été effacé au profit d'un nouveau monde, d'une nouvelle réalité, basé sur une planète nommée le Battleword, et divisée en de nombreux territoires. C'est Doom (Fatalis) qui est à l'origine de tout ceci, c'est sa manière d'éviter la fin de tout, qui menaçait la création, au terme du run d'Hickman sur les Avengers. Avec ce #5 nous comprenons mieux le rôle joué par Owen Reece, alias l'Homme Molécule, ainsi que celui des Beyonders, ces êtres tout puissant qui utilisent l'humanité et le cosmos comme terrain de jeux et d'expériences, dans ce qui peut être considéré la réécriture globale du multivers Marvel. Doom a toujours été assoiffé de pouvoir, de puissance, et quand il a face à lui des adversaires dont les pouvoirs semblent incommensurables, sa réaction n'est pas la peur ou la fuite, mais comment syphonner cette énergie pour la faire sienne. Sa création, son Battleword, l'accepte pour souverain et Dieu (littéralement, tout semble avoir été crée par lui et pour lui) mais le grain de sable qui pourrait gripper l'engrenage, à savoir l'arrivée inopinée des membres de la Cabale (Thanos en tête), en provenance de "l'univers d'avant", et le meurtre de Stephen Strange, son seul vrai allié et ami jusque là, mettent en péril son grand oeuvre. Doom va devoir également composer avec la méfiance de sa famille, comme la jeune Valeria Richards, qui mène l'enquête de son coté.
Bref, voilà un épisode qui tente de clarifier ce qui s'est passé "avant", c'est à dire les événements qui ont amené à la composition du Battleword, tout en nous révélant les sources du pouvoir et des nouvelles capacités de Victor Von Doom pour parvenir à ses fins. Une bonne partie de ces pages est centrée sur l'échange entre ce dernier et l'Homme Molécule, dans une sorte de stase permanente, ce qui permet à Esad Ribic de composer des planches relativement simples et dépouillées, par rapport à ce qu'il a eu à fournir jusque là. Du verbiage pour les détracteurs d'Hickman, des révélations importantes pour les autres, pour ceux qui sont d'avis que ces Secret Wars sont une formidable épopée qui bouleversera à jamais la vie de tous nos héros préférés. Au final c'est une sorte de pause, une parenthèse hommage, qui permet de reprendre son souffle avant un sprint final qui risque d'être précipité, car il ne reste que trois rendez-vous avant d'en finir (même si un de ces trois numéros sera double sized). Secret Wars est à la croisée des chemins, c'est là et maintenant que va se jouer la validité de l'oeuvre et du projet. A suivre avec grande curiosité et impatience. 



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MARVEL GOLD : LES GUERRES SECRÈTES

La semaine prochaine, les Guerres Secrètes reviennent chez Panini, cette fois pour une sortie librairie dans la collection Marvel Gold. Un moindre coût pour le portefeuille, une histoire marquante qui suinte toujours bon la nostalgie. Retour sur cette saga.


Secret Wars est un cas d’école. Tout d’abord, c’est le premier grand exemple de crossover dans l’histoire des comic-books. Derrière ce mot barbare se cache un concept simple : puisque de toutes façons (et c’est cela qui fait la force des revues Marvel) les héros vivent dans le même monde et finissent par interagir, autant organiser une vaste rencontre, un grand événement qui nécessite l’union de ces individus aux supers pouvoirs, et qui s’étendra et aura des répercussions dans un grand nombre de séries mensuelles. Il faut dire qu’on avait un peu forcé la main à la Marvel. En 1984, Mattel demande à Jim Shooter, à l’époque le grand manitou de la compagnie, de créer un comics pour aider à la promotion de sa nouvelle ligne de jouets, des action figure à l’effigie des principaux héros de la Maison des Idées. Il s'agit de singer le succès remporté par les figurines à l'image des héros Dc; de bons gros dollars bien verts sont à la clé... Shooter a alors l’idée géniale de réunir la crème de la crème des redresseurs de torts, et de les opposer à la fine fleur des criminels, le tout sur une planète inconnue, et arbitré par un être mystérieux et presque divin, le Beyonder. La récompense ultime, pour celui qui saura se débarrasser en premier de tous ses rivaux, sera de voir tous ses vœux se réaliser. L'occasion de puiser dans les tréfonds des désirs inconscients de chacun, et de révéler au grand jour des motivations tantôt héroïques, tantôt mesquines.

Le scénario est donc un prétexte pour organiser une gigantesque bataille, prélude à celles que devaient se livrer des millions de petits enfants de par le monde, action figure en main. C'est un récit qui a plutôt mal vieilli, reconnaissons le, mais qui conserve une forte odeur de nostalgie, tant cette mêlée épocale eut d’impact sur le jeune lecteur que j’étais alors. Que lève le doigt le trentenaire lecteur de Marvel, qui n’a pas de frissons à l’évocation de cette série. Mike Zeck s’occupa des dessins, avec les honneurs, dans un style très eighties, avec beaucoup de verbiage et de soliloques (à l’époque il fallait le double de temps pour lire un comic book, avez-vous remarqué ?). Que de grands moments ! Galactus et Fatalis au tapis, Spider-man qui se trouve un nouveau costume qui lui obéit au doigt et à l’œil (en fait, c’est la première apparition du symbiote qui deviendra le redoutable Venom), Colossus gravement blessé et guéri par une charmante créature alien dont il tombe fou amoureux; ce sont quelques uns de mes souvenirs les plus forts de l’époque. Le pire dans l’histoire, c’est que cette mini série eut un succès monstre, et les douze épisodes battirent des records de vente, ce que ne firent pas les action figure, délaissées par le public ! Marvel lança dans la foulée une suite, Secret Wars II, qui fut par contre très décevante et franchement dispensable. L'idéal pour se faire une idée est de courir se procurer un exemplaire du Best of Marvel de Panini, certes épuisé en librarie, ou à défaut de ce tout beau tout frais Marvel Gold, qui présentent l'intégralité de la saga. Les plus anciens auront gardé leurs vieux Spidey, pour ce qui est de la première publication en kiosque, chez Lug. 




MARVEL UNIVERSE 6 : THANOS

Le contenu:
Thanos est de retour chez Panini, avec de vieux épisodes datant de 2004, issus d'une on-going avortée. Le Titan se rend dans le système de l'Orée, afin de se faire transporter ensuite dans les prisons du Kyln, où sont détenus les plus grands criminels de l'univers, dans des conditions de sécurité qui ne leur laissent guère de chance d'en réchapper. Abandonné par son amante la Mort, qui lui reproche de n'avoir pas véritablement saisi ses aspirations et ses besoins profonds (dans ce qui est une des meilleures scènes de cette parution), et donc de ne pas connaître le sens premier du mot amour, Thanos est dans une phase de réflexion, et sa légendaire méchanceté semble être un tantinet tempérée. Au point même qu'on pourrait le croire en pleine reconversion, prêt à devenir un héros. Au Kyln, la situation est explosive, avec ou sans le grand vilain cosmique. La proximité de la mort amène certains détenus à un regain de foi, surtout qu'une certaine Créatrice, elle aussi en détention, n'en finit plus de faire des émules. Il semblerait en fait qu'il s'agisse d'une incarnation du Beyonder, sur la piste duquel se trouve Gladiator, le chef de la garde impériale Shi-Ar, mais aussi Star-Lord, bien malgré lui. Les deux derniers épisodes de l'album sont eux consacrés au face à face entre Thanos et le premier héraut de Galactus, Le déchu, qui est de retour et semble décidé à se venger de son créateur, lui même actuellement dans un état de faiblesse passager qui lui sera probablement fatal. Heureusement que Thanos est là pour lui sauver la mise. 

Notre avis :
A l'époque Panini n'avait pas jugé bon de proposer ces six épisodes en vf. L'excuse était que la qualité de ces derniers n'était pas déterminante, et que nous pouvions facilement faire l'impasse. Le fait est qu'ils avaient raison. Keith Giffen signe là ses premiers travaux "cosmiques" pour Marvel, avant que la longue saga Annihilation ne pointe le bout de son nez. On sent bien qu'il s'agit pour lui, avant tout, de palier au départ de Jim Starlin, qui a laissé la série Thanos en chantier après des désaccords avec les pontes de Marvel. Du coup, on sent comme un parfum de flottement, renforcé par la mauvaise idée, selon moi, d'atténuer le coté cruel de Thanos. Quand c'est Starlin qui s'y colle, avec son aisance et sa maîtrise métaphysique du personnage, ça peut passer et donner de belles choses. Ici Giffen force un peu les choses en attendant de trouver le ton juste, et il ne tape pas toujours dans le mille. Aux dessins, Ron Lim rend une copie présentable, surtout pour un comic-book grand public de ce type. Mais l'encrage d'Al Milgrom ne lui sied pas trop, et simplifie parfois trop des crayonnés plus ambitieux que le résultat final. Reste un numéro de Marvel Universe pas déplaisant, mais sans grand intérêt véritable, avec un Thanos loin d'être la menace solennelle que nous adorons, dans un rôle mineur à contre-emploi. Les fans hardcore achèteront, les autres peuvent s'en passer sans trop de regrets. 


LES GUERRES SECRETES (Best of Marvel)


SECRET WARS est un cas d’école. Tout d’abord, c’est le premier grand exemple de crossover dans l’histoire des comic books. Derrière ce mot barbare se cache un concept simple : puisque de toutes façons ( et c’est cela qui fait la force des revues Marvel ) les héros vivent dans le même monde et finissent par interagir, autant organiser une vaste rencontre, un grand événement qui nécessite l’union de ces individus aux supers pouvoirs, et qui s’étendra et aura des répercussions dans un grand nombres de séries mensuelles. Il faut dire qu’on avait un peu forcé la main à la Marvel. En 1984, Mattel demande à Jim Shooter, à l’époque le grand manitou de la compagnie, de créer un comics pour aider à la promotion de sa nouvelle ligne de jouets, des actions figure à l’effigie des principaux héros marvelliens. Il s'agit de singer le succès remporté par les figurines à l'image des héros Dc; de bons gros dollars bien verts sont à la clé... Shooter a alors l’idée géniale de réunir la crème de la crème des redresseurs de torts, et de les opposer à la fine fleur des criminels, le tout sur une planète inconnue, et arbitré par un être mystérieux et presque divin, le Beyonder. La récompense ultime, pour celui qui saura se débarrasser en premier de tous ses rivaux, sera de voir tous ses vœux se réaliser.
Le scénario est donc un prétexte pour organiser une gigantesque bataille, prélude à celles que devaient se livrer des millions de petits enfants de par le monde, action figure en main. Ce qui a plutôt mal vieilli, reconnaissons le, mais qui conserve une forte odeur de nostalgie, tant cette mêlée épocale eut d’impact sur le jeune lecteur que j’étais alors. Que lève le doigt le trentenaire lecteur de Marvel, qui n’a pas de frissons à l’évocation de cette série. Mike Zeck s’occupa des dessins, avec les honneurs, dans un style très eighties, avec beaucoup de verbiage et de soliloques ( à l’époque il fallait le double de temps pour lire un comic book, avez-vous remarqué ? ). Que de grands moments ! Galactus et Fatalis au tapis, Spiderman qui se trouve un nouveau costume qui lui obéit au doigt et à l’œil ( en fait, c’est la première apparition du symbiote qui deviendra le redoutable Venom ), Colossus gravement blessé et guéri par une charmante créature alien dont il tombe fou amoureux, ce sont quelques uns de mes souvenirs les plus forts de l’époque. Le pire dans l’histoire, c’est que cette mini série eut un succès monstre, et les douze épisodes battirent des records de vente, ce que ne firent pas les action figure, délaissées par le public ! Marvel lança dans la foulée une suite, Secret Wars II, qui fut par contre très décevante et franchement dispensable. L'idéal pour se faire une idée est de courir se procurer un exemplaire du Best of Marvel de Panini, qui présente l'intégralité de la saga. Comment ça ce n'est pas encore fait ??

Rating : OOOOO (pour le caractère historique et nostalgique)

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