WONDER WOMAN 1984 : LA CRITIQUE D'UN FILM QUI N'AURA PAS CONNU LE CINEMA (EN FRANCE)


Pour être foncièrement honnêtes, nous ne pouvons pas dire que nous sommes à classer au rang des vrais aficionados du premier film consacré à Wonder Woman. Aussi attendions-nous le second avec un peu de défiance, et surtout d'envie de corser les enjeux, de crédibiliser enfin ce personnage. Cap sur 1984 donc, une époque que le cinéma, les séries, la musique, ou encore la littérature, n'en finissent plus de piller, comme pour en extraire cette étincelle de magie et d'insouciance, qui est aussi souvent associée à un mauvais goût assumé. 

Nous retrouvons une seconde fois Diana, dans un rôle d'anthropologue, chargée d'étudier des trésors anciens, les mystères de civilisations oubliées. Tout ceci alors qu'autour d'elle et de son musée se manifestent les ravages d'une époque qui fait du succès, de l'argent, du consumérisme, une nouvelle religion qui en veut toujours plus. C'est pourquoi l'objectif s'attarde sur Maxwell Lord (Pedro Pascal), homme d'affaires et phénomène médiatique vivant (aux faux airs de Donald Trump première mouture), contraint de toujours réciter le même slogan: "la vie est belle, mais elle peut être meilleure". Si vous voulez quelque chose, soyez prêt à l'obtenir en utilisant tous les moyens nécessaires, même les plus sinistres. Une devise qui devient un mantra, et la soif de gloire commence lentement à consumer un individu qui a aussi des failles, à commencer par le besoin d'être aimé, considéré, surtout par un fils qui a déjà perdu pas mal de ses illusions. Barbara Minerva (Kristen Wiig), la nouvelle collègue au travail de Diana, perpétuellement moquée et ridiculisée par sa gaucherie, est vite enchantée par la charge vitale et énergique de l'escroc, qui va parvenir à lui retourner la tête, au point de dérober un artefact qui va changer la face du monde, et la transformer en la redoutable Cheetah, prédatrice sauvage et inhumaine. 



Wonder Woman 1984 présente un méchant étonnamment efficace, bien que conditionné par une évolution personnelle assez prévisible. Pedro Pascal propose une interprétation qui mérite un chapitre à part. Si dans le film précédent de 2017 Gal Gadot devait faire face à des menaces conceptuellement dangereuses mais assez ridicules du point de l'acting pur et simple, le second opus peut maintenant endiguer ce problème avec un ennemi dont la gouaille et l'agitation perpétuelle ajoutent un peu de sel, et prête à sourire pour les raisons déjà évoquées plus avant (Trump lookalike). Max Lord est un personnage capable de manipuler n'importe quel individu qui l'approche: exploitant un pouvoir particulier -que nous choisissons de ne pas décrire en détail, sous peine de spoiler une grosse partie des enjeux- il étend son désir de rédemption et de vengeance à travers toutes les vies humaines de ceux qui veulent ardemment suivre sa devise. Du coup, le mensonge occupe plus de place que le concept pourtant à la base de nos relations interpersonnelles, à savoir la vérité. Un mot que Wonder Woman incarne à elle seule, même si trop absorbée par des pensées centrées sur le seul versant sentimental de sa vie, avec Steve Trevor (Chris Pine). Le choc idéologique entre vérité et mensonge, manipulation et acceptation d'une vie modérée, dépasse de loin le caractère spectaculaire des séquences d'action en termes d'enjeux purs de ce second film. Problème, et pas des moindres, la mièvrerie avec laquelle Diana semble s'auto définir par rapport au regard et aux sentiments de Steve, et la bêtise irritante de l'acteur incarnant ce boyfriend sans saveur, sans épaisseur, une figure de mode (des eighties) aussi vide qu'un discours de Jean Castex. 


Le film est aussi trop long. Il dépasse largement les deux heures, et possède un ventre mou qui abuse de répétitions, de clins d'oeils pas toujours subtils, de développements assez convenus. Gal Gadot est plutôt intéressante, voire plaisante, en tant que Wonder Woman dont la fragilité n'est pas exclue, mais affleure régulièrement. Mais son sentimentalisme de supermarché est hors sujet, et lorsque c'est Diana qui évolue sur scène, et pas la superhéroïne, l'ennui n'est jamais très loin. Hans Zimmer et sa bande son de grande qualité n'est d'ailleurs pas pour rien dans cette histoire, tant il rythme parfaitement les moments forts où c'est l'amazone et son lasso qui font le spectacle. Avec Steve Trevor, ce serait plutôt le générique de Benny Hill qu'il faudrait ressortir du placard. Notons tout de même que la résolution finale de ce long métrage ne se contente pas d'asséner un concours de bourre pifs et de tirages de cheveux, mais qu'il est aussi placé au niveau de la philosophie de la vie, de la manière de l'aborder, de ce qui en constitue l'essentiel. C'est un choix fort louable, mais un peu plus de subtilité, de teintes de gris, cela n'aurait pas non plus été de trop. Une Wonder Woman 1984 qui ne rate pas sa cible. et n'explose pas en plein vol, mais ne décolle pas non plus très haut, se contentant d'être d'un agréable et inoffensif produit de divertissement. La lecture des comics reste donc à privilégier, pour connaitre et apprécier cette amazone fantastique, symbole d'émancipation, de liberté, de vérité. 

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