THOR PAR WALTER SIMONSON

Prendre la suite d'auteurs réputés comme Stan Lee ou Roy Thomas n'est pas une chose aisée. C'est probablement aussi pour cela que le mensuel Thor avait fini par battre sérieusement de l'aile, à l'orée des années 80. Plutôt que de fermer boutique, Jim Shooter eut la bonne idée d'appeler Walter Simonson en renfort, en 1983. Celui-ci avait déjà usé ses crayons sur le personnage, mais le travail de l'encreur Tony De Zuniga n'avait pas laissé un souvenir impérissable du produit fini. Simonson avait été séduit dans sa jeunesse par la mythologie liée au fils d'Odin, et il va entreprendre un vaste chantier de rénovation, de réappropriation de l'univers d'Asgard, au point de laisser une empreinte indélébile dans la longue histoire de Thor. Pour commencer, le scénariste choisit de rompre avec le passé immédiat, qui n'avait plus grand chose à apporter au personnage. Il décide par exemple de mettre un terme à la double identité Thor/Donald Blake, privant ainsi le lecteur du coté mortel du héros, et de ses amourettes avec les terriennes, mais en échange, il escogite un nouveau guerrier appelé à devenir l'égal du grand blond avec un marteau, un certain Beta-Ray Bill. Dernier survivant d'une race alien vouée à la destruction, pourchassée par des goules cosmiques, BRB défait le divin Thor en combat singulier, avec un coup de pouce d'Odin le Père, qui dans sa sagesse avait entrevu la noblesse et la grandeur d'âme de l'antagoniste. Thor est séduit par la vaillance de Bill, lui même en réalité impressionné et respectueux de ces preux Asgardiens qui l'ont accueilli avec bienveillance. Au final les deux rivaux deviennent de véritables amis, et Bill également se voit doté d'un marteau qui lui est propre (Stormbreaker), possédant des caractéristiques similaires à Mjolnir. Au passage c'est lui qui emporte momentanément le coeur de la belle guerrière Lady Sif, fatiguée de voir qu'on la réduit trop souvent au rôle de potiche à défendre. Thor retourne sur Terre et s'en va chercher du boulot, et un appartement, comme tout bon nouvel arrivant à Manhattan. Un petit coup de main de la part de Nick Fury lui permet de travailler sur un chantier, avec une paire de lunettes et une queue de cheval, histoire de s'inventer l'identité de Sigurd Jarrlsonn, pour vivre en toute quiétude parmi les humains (clin d'oeil à la double vie de Superman/Clark Kent, qui effectue même un cameo dans un épisode). Comme il célibataire, la perfide Lorelei (soeur de l'Enchanteresse) décide le suivre, et de le charmer à coups de potions magiques, afin d'en faire son esclave personnel. Ne croyez-pas que le Thor de Simonson soit un roman à l'eau de rose, car voici que les premiers grands défis arrivent à l'horizon. Avec notamment Malekith, et le démon Surtur. 

Malekith est le roi des elfes noirs, et il désire mettre la main sur l'écrin de tous les hivers, première étape vers une destruction massive. Surtur, lui, est un démon du feu que seul Odin avait pu vaincre autrefois, et qui prépare sa vengeance page après page, épisode après épisode, dès lors qu'on le voit forger une arme qui devrait lui permettre de provoquer Ragnarok, la fin de tout pour Asgard. Certes, on pourra reprocher à Simonson d'être un peu trop verbeux et de proposer des dialogues parfois ampoulés (la Vf en ce sens souffre de la traduction de Geneviève Coulomb, dans les Intégrale Thor, qui fait preuve d'une grande richesse lexicale certes, mais qui déroute par un choix de termes à la limite du ridicule par endroits) mais le scénariste se rattrape bien en ajoutant une ironie notable à son propos, et en multipliant l'action, les rebondissements, les sous-trames qui s'enchevêtrent avant de se rencontrer véritablement. Coté dessin, son style est remarquable. Il tire les leçons du maître Jack Kirby, et impose des personnages colossaux, de véritables forces de la (sur)nature comme ce Surtur gigantesque, ou le dragon Fafnir. Dans les scènes de bataille, on appréciera en oute son sens de l'onomatopée, sa capacité à reproduire les sons de la lutte et à les rendre partie intégrante des vignettes, voire de la construction de la planche elle même. Pour lire tout ce cycle, il existe un Omnibus en Vo, de presque 1200 pages, qui est malheureusement épuisé et se vend d'occasion à des chiffres fous (200 euros...). En France, Panini a présenté le Thor de Simonson dans une série d'Intégrales, mais là aussi les volumes ne sont plus présents en librairie, et la spéculation a fini par s'emparer du phénomène. Je regrette personnellement que la décision de nous offrir ce Thor par Simonson, en format Omnibus géant, n'ait pas encore été prise. Ce serait un juste hommage pour ce monument d'inventivité de l'histoire Marvel, un des grands tournants des années 80, et les dieux asgardiens n'y ont jamais été aussi bien dépeints. Un oubli à réparer, un jour prochain. 


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Et bien voilà ... Au cas où ....

Je suis en train de terminer le story-board d'un comic-book (french comics, on le classera dans cette catégorie alors...) que je compte bien, d'une manière ou d'une autre, pouvoir publier en 2016. Dans l'absolu je souhaiterais pouvoir me présenter à Lucca Comics, en Italie (fin octobre) avec le #1 (voire le #2) déjà dessiné et encré.

Est arrivée la phase de la recherche d'un dessinateur.

Pour faire bref, un dessinateur qui souhaite se lancer, pour une aventure au long cours, si ça marche comme je l'entends. 35 ans de lecture comics passée en revue et digérée dans cet ouvrage qui a du potentiel (si si je vous assure, ça peut être une vraie bonne série )

Pour ce dessinateur, qui comme moi (sur le scénario) travaille bénévolement dans l'espoir que ça marche, le deal est le suivant : tout, des gains potentiels un jour (en gros le contrat avec la Fox dans deux trois ans pour l'adaptation ciné ) aux crédits officiels, est sur la base du 50/50. Ce n'est pas mon comic-book, ce serait notre comic-book, à égalité parfaite pour tout, dans le triomphe comme dans la poussière.


        



Je recherche plutôt un dessinateur au trait réaliste, ou alors quelqu'un qui (à l'opposé) lorgne du coté d'un Jeff Lemire, par exemple.

C'est une Bd d'anticipation, qui mêle survivance, conspiration, relations humaines et géo-politique. Le point de départ est à Nice, mais très vite on partira vers d'autres contrées, l'Italie et les States notamment. Voire la Russie.

Ceux qui sont intéressés me contactent par mail ou en commentaire et me disent en quelques lignes ce qu'ils savent faire, et comment (en gros, vous vous encrez? avez déjà publié des trucs? des techniques particulières? Des dessins à me faire voir?). En retour je vous enverrai sous quelques jours une planche "story-boardée" à réaliser, avec une consigne simple : la réaliser assez proche du plan de départ, tout en ayant loisir de me surprendre si vous avez d'autres idées pour le cadrage, la mise en page, etc... Je suis ouvert à tout et l'idéal serait une vraie collaboration planche par planche, avec quelqu'un qui a une vraie vision de ce qu'est le story-telling (moi mes dessins sont trop figés et je ne souhaite pas dessiner moi même, je n'ai pas le talent).

Amis artistes, vous voulez vous faire un nom, au delà de quelques commissions ou jolis dessins de ci-de là, tentez l'aventure ! Merci ! !



LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE

 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...