Même si le film a été repoussé aux calendes grecques, Panini Comics a maintenu la décision de présenter, en ce début de printemps, une série d'albums consacrés aux Nouveaux Mutants. On ne va pas s'en plaindre car nous voici avec entre les mains un Marvel Icons, consacré à la prestation conjointe de Chris Claremont et Bill Sienkiewicz. Les lecteurs les plus anciens le savent, il s'agit là d'un petit moment d'histoire, qui était réclamé à corps et à cris par beaucoup de monde, et qui est d'une qualité exceptionnelle.
Le premier épisode de ce volume est le numéro 18, et dès l'arrivée du dessinateur d'origine polonaise sur le titre, nous assistons à une révolution complète. Exit le réalisme académique de la première année d'histoires de la série, nous nous retrouvons dans une ambiance onirique et cauchemardesque, expressionniste, où tout est suggéré, déformé, torturé, où chaque vignette suscite l'horreur des détracteurs et la passion des fans. Un travail ultra personnel qui bouleverse les codes du genre chez Marvel, et offrent une maturité inattendue à un groupe de jeunes mutants qui en devient incontournable. L'ouverture de ce cycle de légende se fait avec Danielle Moonstar, héritière de la culture cheyenne, qui se retrouve à combattre de manière définitive l'Ours Démon, responsable -en apparence- de la mort de ses parents. Face à cette puissance totémique et maléfique, l'étudiante de Charles Xavier semble avoir le dessus, mais alors qu'elle pense triompher, elle est littéralement charcutée, et laissée pour morte dans la neige. Ses amis vont devoir livrer un combat acharné sur différents plans d'existence, pour la sauver.
Peu à peu les personnalités des jeunots se dévoile au lecteur. La jeune Rahne Sinclair, victime d'une éducation religieuse trop rigoureuse, à tendance à voir le péché dans la moindre manifestation de plaisir ou d'originalité. Roberto Da Costa est une grande gueule, il cache son incertitude derrière une morgue adolescente, et tabasse Colossus, sous l'emprise de la noirceur qui donne à la Cape (Cloak and Dagger, vous connaissez?) ses pouvoirs. Sam Guthrie semble le plus âgé et responsable, et pourtant il a honte de ne pas savoir utiliser correctement ses dons fabuleux (il vole sans contrôler ses trajectoires). Il y a aussi Illyana Rasputin, en partie une sorcière, et soeur de Colossus. Et venu d'une autre planète, voici que s'apprête à débarquer sur terre l'extraterrestre techno organique Warlock...
Ce dernier est un des personnages forts de la série. Grâce à la manière dont il est dessiné, cet énorme ectoplasme noir en évolution permanente, au niveau du graphisme, avec des circuits imprimés suggérés sur tout le corps et aussi par son vocabulaire, sa manière de s'exprimer... il apporte un vent de fraîcheur et de naïveté dans un groupe, qui apprend épisode après épisode le sens de la cohésion et de la lutte pour ses propres idéaux. Il est pourtant menacé par son géniteur, qui en raison d'une tradition alien entend bien supprimer son rejeton, qu'il est venu traquer jusque sur notre planète.
Même lorsqu'il s'agit de moments plus intimistes comme une soirée entre mutants, où les quelques invités normaux risquent de percer au grand jour le secret des New Mutants, le génie de Sienkiewicz et l'écriture inspirée de Clermont font progresser un mensuel qui est alors une référence dans le genre. Le club des Damnés, avec notamment l'énigmatique et redoutable Séléné, mais encore Légion, le fils schizophrène de Charles Xavier, aux multiples personnalités, ne vont pas tarder à faire aussi leur apparition. On parlera en outre de Karma, une jeune asiatique qui intègre le groupe, et qui va elle aussi connaître un destin semé d'embûches. Créativité à tous les instants, solutions démentielles et géniales en terme de dessin, page après page The New Mutants constitue un régal pour les yeux, et un vivier inépuisable de trouvailles aussi déconcertantes qu'enthousiasmantes.
Panini Comics a choisi le format Marvel Icons pour nous offrir ces grands moments des années 80. Si cela ne plaira pas à tout le monde, pour notre part nous applaudissons sans réserves, car oui, nous sommes fans de cette collection, du papier un peu plus granuleux et mat, qui permet une restitution pertinente de l'encrage et de la mise en couleur sde l'époque, et de l'objet en soi, qui fait vraiment belle figure dans une bibliothèque. Il est inutile de préciser pour terminer, que n'importe quel amateur des comics de cette époque se doit d'avoir lu, et de posséder, ce qui constitue un des événements artistiques majeurs dans le monde des bd américaines des eighties.
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