Witchblade is back. Après 185 épisodes, 20 ans d'histoires, des séries dérivées, et deux ans dans les limbes. Witchblade is back, mais avec de nouveaux personnages, sous forme d'un reboot complet, une nouvelle manière de raconter ce qui l'a déjà été, plus adapté à l'époque d'aujourd'hui, un titre plus féministe, moins stéréotypé. Voici quelles sont les promesses avant d'aborder ce premier numéro qui est sorti mercredi chez Image comics.
On dit au revoir à Sara Pezzini, la nouvelle élue s'appelle Alex Underwood, une journaliste abattue alors qu'elle mène une petite enquête sur la femme d'un flic violent, mari idéal sur la photo, mais salopard de première dans l'intimité, puisqu'il roue de coups sa femme. Bien sur Alex (moins aguicheuse, naturelle, sportive, loin du stéréotype donc de la bimbo à gros seins, aussi courte vêtue qu'un mensonge de François Fillon dans la dernière campagne présidentielle) ne reste pas longtemps décédée, puisque elle se réveille avec les souvenirs en vrac, des visions pleins la tête et son appartement, et surtout, un étrange bracelet futuriste collé au poignet. Oui, exit le gant qui se greffe sur sa porteuse, et qui a fait le succès de la série jusque là. Witchblade veut vraiment s'affranchir de l'image du comic-book ultra sexy et racoleur que beaucoup lui ont collé, et cela passe par une équipe toute féminine, avec la scénariste Caitlin Kittredge, déjà vue sur Coffin Hill, et Roberta Ingranata, jeune artiste milanaise.
Le seul problème avec ce reboot, c'est qu'il prend du temps, beaucoup de temps, pour crédibiliser la psychologie d'Alex, et tourne le dos aux vieilles recettes de manière si évidente que cela va forcément dérouter ou décevoir les fans de la première heure. Pourtant l'idée est loin d'être mauvaise, et pour peu que les prochains épisodes soient plus rythmés et présentent (ce qui n'est pas le cas pour le moment, seule la dernière planche laisse entrevoir le potentiel) ce que sera vraiment l'héroïne, on peut espérer que la mayonnaise prenne. En tous les cas Ingranata est vraiment à l'aise au dessin, son trait apporte une beauté froide (avec des couleurs fort pertinentes signées Bryan Valenza) et sans aucune fausse note, et c'est elle qui donne envie d'aller lire la suite, car cette Witchblade là est en effet différente, bien mise en scène, campée avec classe. Par endroits on a même quelques arrière-pensées, qui nous amènent du coté du duo Checchetto/Mossa, par exemple.
Moins de science-fiction mythologique, moins de grosses poitrines proéminentes sur des corps interminables, cette série là opère en territoire urbain et suit les jalons imposés par une nouvelle manière d'inscrire la femme dans la société, moins objet de désir improbable, plus actrice crédible de son existence, et gérant corps et images selon son bon vouloir fonctionnel, plus que pour le regard caricatural de mâles libidineux.
Reste la question phare. Witchblade peut fonctionner dans cette nouvelle incarnation, qui boude son code génétique et ses réflexes narratifs et visuels de toujours? On le souhaite, ne serait-ce que pour Roberta Ingranata.
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