DUMBO DE TIM BURTON : BELIEVE!

Non, ceci n'a rien d'une blague, je suis bien allé voir Dumbo de Tim Burton, comme en atteste cette critique du mardi, geste fou et inconsidéré de l'amateur de toiles super héroïques, offrant son tribut cinématographique au grand dieu Disney.

Dumbo, c'est avant tout des bons sentiments et un produit calibré pour toute la famille. Du reste, quand on va voir une production Disney, il ne faut pas s'attendre à assister à de la découpe à la tronçonneuse, ou à rencontrer une tribu d'éléphants polygames qui s'adonne à une orgie bestiale.
Le Dumbo de Tim Burton est un freak, un marginal dès sa naissance. Il est jeté à la face du monde recouvert de paille, isolé du regard des autres, et lorsqu'enfin sa particularité physique est révélée à tous, c'est pour s'attirer moqueries, quolibets et autres calembours. On comprend que l'éléphanteau n'ait pas envie de se montrer, et par moments la caméra change de perspective et nous offre le regard subjectif de l'animal, qui semble bien peu à l'aise au milieu des autres, et n'aurait qu'une seule envie, celle de disparaître. Pas facile quand on appartient à un cirque, et par extension à son public. Si dans la version d'origine (1941) Dumbo est avant tout une success story à l'américaine, ici il suffit d'une petite demie-heure pour résumer ce que l'on savait déjà, et se lancer ensuite dans une sorte de sequel où Burton inverse un peu les codes initiaux, et s'amuse même à jouer avec les affres du divertissement de masse, en portant le spectateur du petit cirque de province un peu miteux, au parc d'attraction gigantissime, où les dollars coulent à flot.

Au milieu de tout cela, le pauvre Dumbo est exploité jusqu'à l'os; c'est qu'avec ces grandes oreilles un peu pataudes, il est capable de voler.  Les deux petits gamins (les fils de Collin Farrell à l'écran) ont trouvé une petite astuce pour le convaincre de planer dans les airs, une plume à agiter devant sa trompe, qui produit des effets miraculeux. A partir de là , Dumbo passe du statut de drôlerie cocasse à celui de vache à lait. Notez bien que c'est toujours un éléphant, il s'agit là d'une image, il ne s'est pas travesti en bovin... je dis ça pour les distraits!
Maltraitance animale, exploitation éhontée de tout ce qui peut produire du divertissement de masse, critique et satire des pouvoirs économiques, Tim Burton enfonce des portes ouvertes, les unes après les autres, et balance un gros coulis de bons sentiments sur un gâteau à la teneur déjà fortement chargée en sucre. C'est du Disney, Baby. 
Mais il y a une chose qu'il faut admettre, son histoire tient bien la route et le film est agréable à regarder. Le but après tout était de convaincre toute la famille et c'est amplement réussi. Burton est sur son terrain de prédilection, quand il met en scène des monstres, des personnages qui vivent en marge des standards dominants, et pour une fois il n'a pas besoin -voir même il doit absolument éviter- d'effrayer le spectateur en l'amenant dans des délires gothiques, souvent ridicules. Et du coup c'est un Burton dépouillé de ses oripeaux qui est ici à l'oeuvre, et comme par hasard, cela semble fonctionner et couler de source, là où dans ses derniers films, nous avions noté une tendance à s'auto parodier, sans que cela soit forcément l'effet recherché. Ajoutez à tout ceci des acteurs de premier ordre comme Michael Keaton, Danny De Vito ou Eva Green, et vous obtenez ce genre de produit assurément calibré, mais aussi bien fichu, qui a de quoi séduire le plus grand nombre. Ah ces diables de Disney..!


Déjà pré commandable, Dumbo, le film


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