La collection Noir propose les aventures des super-héros Marvel, sur une Terre parallèle, où leur apparition ne se situe pas exactement à la même époque que la notre. Nous plongeons là dans les années trente, pour des ambiances qui lorgnent aussi bien du coté du polar (le "noir" en question) que de la Sf policière. Après une première publication dans un format proche du 100% Marvel, Panini remet une couche en décembre, avec cette fois une version plus cossue, en Marvel Deluxe. Le Tome 1 vous attend.
Pleins feux sur les Etats-Unis des années 30, donc, et sur la grande dépression qui fait des ravages parmi la population. Le premier récit est consacré à Spider-man, dont nous découvrons pour l’occasion une nouvelle incarnation inédite. Peter Parker vit là encore avec sa tante May, et sans son oncle, qui vient d’être assassiné : certaines choses ne changent pas. May est une activiste qui œuvre pour l’émancipation et le bien être du prolétariat, poursuivant ainsi le travail de son mari défunt. Peter rencontre le journaliste Ben Urich et lui externe toute sa rage et son envie de changer le cours des choses. Par l’intermédiaire de sa nouvelle connaissance il découvre l’envers du décors, la collusion entre politiciens, médias et entrepreneurs, qui gangrènent New-York et le pays tout entier. Fougueux et impétueux, certains diront inconscient du danger, Parker s’en prend même violemment au « Bouffon » Norman Osborn, qui semble être le grand ponte de la mafia d’alors. Mais tout cela n’est que réaction velléitaire qui n’a aucune chance d’inquiéter les criminels qu’il exècre, jusqu’à ce que le hasard de l’existence le mette en contact avec d’étranges araignées qu’abritaient des reliques volées par les sbires du Bouffon. Comme le veut la tradition qui semble se perpétuer d’un univers parallèle à l’autre, d’une réalité alternative à la suivante, cette morsure confère au jeune homme d’incroyables pouvoirs qui font de lui une véritable araignée humaine, lui consentant d’adhérer aux murs, de produire une toile organique, et de bénéficier d’une force surhumaine. Tout l’épisode de la morsure et de la découverte des nouveaux pouvoirs est expédié en deux trois planches, pas le temps de développer ou de s’émerveiller avec un processus déjà archi ressassé, cette mini série ne contient que quatre volets, et il faut la mener tambour battant. D’autant plus que Ben Urich, qui jusque là n’était jamais parvenu à s’émanciper de l’ombre d’Osborn, probablement à cause de sa faiblesse intrinsèque et de sa dépendance à l’héroïne, finit par trouver la force de redresser la tête, au contact de son nouveau jeune ami. Ce qui lui vaudra une mort violente, que le Spidey version noir se devra de venger.
On a donc un bon petit condensé d’histoire arachnéenne revisitée. De l’introduction du personnage et de son cast d’amis/ennemis, à la morsure qui en fait un héros aux pouvoirs formidables. Sans oublier le combat victorieux contre le Bouffon, l’antagoniste par excellence du tisseur. Le tout dans un univers plus proche de Dick Tracy que du Stan Lee des origines. Il faut remercier au passage Fabrice Sapolsky, qui a épaulé David Hine au scénario. Étonnante promotion pour le rédacteur de Comic Box que nous pouvons retrouver régulièrement en kiosque, d’autant plus que le scénario tient parfaitement la route. La version noir du Vautour est même franchement géniale, et les auteurs Marvel plus classiques feraient bien de s’en inspirer pour nous pondre des récits pertinents à l’avenir. C’est Carmine Di Giandomenico qui s’occupe des illustrations, avec le talent déjà remarqué récemment sur le crossover Exiled (New Mutants/Journey into Mistery) ou les Secret Warriors (eux aussi en Deluxe), des planches sombres à souhait où le dynamisme est accentué par de multiples lignes anguleuses, et des dessins pas toujours très propres mais au final parfaitement expressifs. Ce n'est pas tout : un second récit dédié à ce Spidey est présent dans ce Deluxe. Cette fois notre héros doit démanteler un réseau d'expériences scientifiques menées contre la population noire. L'occasion d'introduire un autre vilain historique, le Docteur Octavius, handicapé de génie, qui se sert de la soi disant "sous-race" comme de cobayes à ramasser dans les prisons de la ville. Nous sommes quelques années avant la seconde guerre mondiale, et ce genre de discours génétique et racial trouve toute sa place dans le contexte. Est de la partie également la Chatte Noire, qui offre une touche sensuelle et sexuelle à l'histoire, avec un Peter Noir qui restera moins chaste que notre Parker des familles, pas toujours très à l'aise avec le beau sexe? Les auteurs sont les mêmes, pourquoi changer une équipe qui gagne?
Enfin, place à Daredevil Noir. Une mini série qui a retenu mon attention, à l'époque, principalement pour le talent artistique de Tom Coker. Capable de faire la synthèse entre le style urbain et contemporain de Maleev, et de savoir retranscrire avec conviction les ambiances du polar d'avant-guerre, le dessinateur nous plonge dans un quartier de Hell's Kitchen saisissant. Nous retrouvons un Matt Murdock a la recherche de l'assassin de son père, un certain Halloran, et mis sur la bonne piste par une mystérieuse inconnue, Eliza, qui vient le rencontrer à son bureau. Matt est aveugle car le meurtrier lui a violemment frappé la tête dans un mur de briques, et il est aussi, cela va sans dire, un justicier la nuit. Le Caïd est présent dans le récit, ainsi qu'une version sans grande saveur de Bullseye. Alexander Irvine joue avec tous les codes du genre, parfois trop convenus. C'est là un polar brutal mâtiné de super héroïsme urbain, avec la classique figure féminine prête à trahir et à tirer les ficelles dans l'ombre, pendant que la pègre locale règle ses comptes, entre guerre d'influence et rivalités des familles. Sans être mauvaise, cette partie du Deluxe est la plus faible, pour ne pas être capable d'offrir une version plus hardie et inspirée de Tête à cornes, et se contenter de rabâcher des lieux communs déjà lus ou entendus à maintes reprises auparavant. L'album est tout de même à recommander pour tous ceux qui voudraient découvrir autre chose que du héros en spandex, et le niveau moyen de la qualité du contenu reste fort acceptable.
Enfin, place à Daredevil Noir. Une mini série qui a retenu mon attention, à l'époque, principalement pour le talent artistique de Tom Coker. Capable de faire la synthèse entre le style urbain et contemporain de Maleev, et de savoir retranscrire avec conviction les ambiances du polar d'avant-guerre, le dessinateur nous plonge dans un quartier de Hell's Kitchen saisissant. Nous retrouvons un Matt Murdock a la recherche de l'assassin de son père, un certain Halloran, et mis sur la bonne piste par une mystérieuse inconnue, Eliza, qui vient le rencontrer à son bureau. Matt est aveugle car le meurtrier lui a violemment frappé la tête dans un mur de briques, et il est aussi, cela va sans dire, un justicier la nuit. Le Caïd est présent dans le récit, ainsi qu'une version sans grande saveur de Bullseye. Alexander Irvine joue avec tous les codes du genre, parfois trop convenus. C'est là un polar brutal mâtiné de super héroïsme urbain, avec la classique figure féminine prête à trahir et à tirer les ficelles dans l'ombre, pendant que la pègre locale règle ses comptes, entre guerre d'influence et rivalités des familles. Sans être mauvaise, cette partie du Deluxe est la plus faible, pour ne pas être capable d'offrir une version plus hardie et inspirée de Tête à cornes, et se contenter de rabâcher des lieux communs déjà lus ou entendus à maintes reprises auparavant. L'album est tout de même à recommander pour tous ceux qui voudraient découvrir autre chose que du héros en spandex, et le niveau moyen de la qualité du contenu reste fort acceptable.