Les fast review, c'est sur la page www.facebook.com/universcomics, tout les jours, un peu avant dix heures. Voici un résumé de quelques critiques de ces jours derniers.
WAR MOTHER
(Bliss Comics De Fred Van Lente Tomas Giorello Stephen Jorge Segovia 17 E )
Oublions un peu la station orbitale de Neo-Tokyo, qui perd d'ailleurs des pièces, en l'an 4001 A.D, pour nous concentrer sur l'endroit où elle retombent, et faire la connaissance de War Mother. Cette dernière est une sorte d'aventurière chargée d'inspecter ce qui se trame aux alentours d'un refuge de survivants, le Bosquet, et d'aller en retirer les matériaux propres à la subsistance des siens. En contrepartie, pas possible pour elle d'avoir des enfants, ou d'introduire des éléments étrangers dans la "colonie" à moins d'en assumer les conséquences. Après des débuts poussifs et trop didactiques (je t'explique toute l'histoire avec un dialogue d'une autre époque) entre Ana (l'héroïne) et son I.A qui l'assiste sur le terrain comme le fils qu'elle n'a pas, l'histoire gagne en fait en profondeur, et devient même réellement prenante, avec notre War Mother qui tombe dans un piège, en ressort, doit assumer jalousie et ressentiment dans le couple, méfiance des autres, volontés d'émancipation des siens, et bien entendu, la trahison. Alors que le Bosquet doit s'ouvrir au monde, ou mourir.
Il y pas mal de thématiques différentes qui se croisent, et ce qui naît comme une aventure aux faux airs de Mad Max au féminin gagne page après page en profondeur, juqu'à devenir une fable sociale futuriste, et aussi un comic-book plutôt bien troussé. Van Lente touche donc la cible, bien épaulé par des dessins soignés, et dans une veine réaliste et plastiquement détaillé d'artistes comme Segovia ou Giorello pour le numéro introductif 4001 A.D.
En dépit de son surnom, War Mother n'est pas que la femme d'un conflit , mais des conflits. Ceux qui se résolvent les armes à la main, et ceux qui latents habitent au coeur de toute société repliée sur elle-même, de toute famille, de toute différence, comme celle entre l'intelligence artificielle et l'être de chair et de sang. Ma foi, pas de super types en costume identifiables pour faire écouler les stocks, mais pas mal de raisons de se laisser tenter.
SKYBOURNE
(Delcourt Comics, De Frank Cho et MarcioMeiniz, 16,50 E)
Frank Cho est de retour avec une série en creator owned, chez Boom Studios. Ces temps derniers l'artiste avait surtout fait parler de lui pour des couvertures variantes consacrées à Wonder Woman, qui se sont attirées les foudres du scénariste Greg Rucka, ou par un ensemble de dessins polémiques visant à titiller les grenouilles de bénitier qui ne supportent pas la représentation des formes abondantes, dont Frank s'est fait une spécialité. Cho n'est pas seulement un artiste qui met en scène des femmes dénudées à la poitrine exubérante, il est aussi capable d'écrire autre chose, et ce Skybourne en est la preuve. Il s'agit d'un récit qui met en scène 3 membres de la même famille, tous issus du célèbre Lazare de la Bible, le même qui a ressuscité et qui a eu des rejeton immortels. Ces derniers sont à la recherche d'artefacts mystiques, comme par exemple l'épée d'Excalibur, celle qui nous intéresse dès les premières planches. Une des héroïnes, Grace Skybourne tient elle plus d'Indiana Jones ou de Jakita Wagner (dans Planetary) que des pin-up dépoitraillées ou des affriolantes guerrières (Shanna) qui errent dans la Terre Sauvage, avec une simple peau de bête sur les cuisses. L'héroïne est très puissante, elle est capable de déchirer des hommes à mains nues, et ne s'en prive pas. Certaines scènes sont sanguinolentes et particulièrement explicites; l'artiste montre tout et ça gicle et éclabousse régulièrement dans cet album. Thomas, le frangin, est lui poursuivi par son immortalité, qui n'est pas un cadeau. Et en face, Merlin n'a rien du gentil mage des contes de fées, et c'est même une menace à prendre au sérieux...
Bref, Cho met beaucoup de provisions sur le feu, et expédie l'ensemble dans quelques épisodes nerveux et enlevés, où l'ennui n'est pas de rigueur. Dans le même temps, beaucoup d'aspects sont juste effleurés, mais peut-être pour donner de la place, par la suite, au dernier membre de la fratrie, Abraham. A classer au rayon des divertissements bien exécutés, pour un bon moment sur la plage cet été.