Il n'y a pas que les comics dans la vie... nous sommes aussi, par exemple, friands de roman de science-fiction. De temps en temps, on essaiera de vous en présenter quelques-uns, parmi ceux qui sont restés, des décennies après avoir été écrits, les plus marquants de leur génération. Nous commençons aujourd'hui avec les Cavernes d'acier, de l'inénarrable Isaac Asimov, qui nous présente une société d'un lointain futur, où perdure la xénophobie et la méfiance des autres, même si de manière un peu particulière.
L'humanité s'est en effet séparée en deux tronçons distincts; les Terriens de base, qui vivent sur une planète plus que jamais empoisonnée, réfugiés à l'intérieur de mégapoles immenses, à l'abri des éléments et de la nature moribonde, dans un contexte artificiel et mécanique. Ce que le romancier appelle les cavernes d'acier donc, des immenses constructions de béton et d'acier, où on ne respire jamais l'air libre, ni ne profite de la douce chaleur des rayons du soleil. De l'autre côté, nous trouvons les Spatiens, qui sont les descendants de ceux qui sont partis à la conquête des étoiles. Ils ont colonisés de nouvelles planètes puis ils ont installé une cité sur terre, du nom de SpaceTown. Les relations diplomatiques avec les terriens classiques sont très tendues, les spaciens ne connaissent plus la maladie, leur environnement est aseptisé et ultra contrôlé, et ils sont fiers d'avoir aussi éradiqué le crime. Sauf qu'un jour un assassinat est commis sur leur territoire, et l'enquête qui va devoir débuter en catimini pourrait bien mettre en péril le fragile équilibre qui s'est instauré, d'autant plus que même si nous n'en n'avons pas encore parlé pour le moment, les robots vont jouer un rôle déterminant, comme très souvent avec Asimov. Si les terriens les méprisent et s'en méfient hautement, à Spacetown ils peuvent revêtir une apparence confondante de vérité, et ressembler en tout point à de vrais humains.
C'est d'ailleurs l'un d'entre eux, R Daneel Olivaw, qui va être chargé de l'enquête, aux côtés d'un détective tout ce qu'il y a de plus traditionnel, Elijah Baley. Bien entendu, il serait préférable que l'humain parvienne à résoudre le mystère de cet assassinat malencontreux, autrement c'est le rôle même de la police et des institutions qui est en péril. Après tout, si une machine fait mieux le travail d'un salarié ou d'un fonctionnaire, pourquoi ne pas tous les remplacer?
Vous l'avez compris, les thèmes abordés dans ce livre, qui a été publié en 1954, sont toujours vraiment d'actualité. La phobie qui règne dans les cavernes d'acier, la course vers la productivité et la rationalité, qui perd complètement de vue le côté humain et naturel, la déshumanisation du travail et la peur de perdre son emploi et son statut social, tout ceci infuse ces pages, qui se laissent lire très facilement. Le style d'Asimov n'a jamais été ampoulé ou plein de circonvolutions de langage, il va à l'essentiel et chez lui la trame prime sur la forme, bien qu'elle reste suffisamment soignée pour que l'on puisse parler de littérature véritable. En fait, il s'agit là d'un mécanisme presque parfait. Chaque chapitre apporte sa pierre à l'édifice, et le roman ne connaît aucun temps mort. Maestria totale dans la manière de raconter les faits, par un Asimov très inspiré. De plus, Daneel Olivaw est très bien campé et on s'attache vite à cette machine, qui est bien plus humaine qu'elle ne semble, et qui va avoir une importance capitale sur le reste de l' œuvre de l'auteur russo-américain. Aujourd'hui classé comme étant le troisième tome de ce que l'on appelle le cycle des robots, les cavernes d'acier peut bien entendu se lire de manière totalement autonome, et constitue un des tout meilleurs romans de science-fiction du XXe siècle. En plus, cela plaira à coup sûr aux amateurs de romans policiers!
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