LEGION : LE PILOTE DE LA SERIE MUTANTE (FX-MARVEL TELEVISION)

Alors, l'action? Non, l'esprit. c'est bien de cela qu'il s'agit, avec Legion, la série télévisée du moment, produit surprenant de FX (Fox) et Marvel Television. David, le protagoniste de cette histoire, est depuis toujours atteint de pathologies mentales, jusqu'au jour où il découvre que son problème est un peu différent de ce qu'on pouvait supposer. C'est un mutant, avec des pouvoirs psychiques capables de lui ouvrir les portes de l'impossible. Du coup, la série s'avère être avant tout un gros trip mental, qui plonge dans le cerveau, les pensées, les émotions. Bien entendu, vous lecteurs habituels, vous savez que Legion est une création de Chris Claremont et Bill Sienkiewicz, et qui a fait son apparition en 1985 sur les pages du titre des Nouveaux Mutants. Le fils de Charles Xavier possède des personnalités multiples, et chacune d'entre elles maîtrise un pouvoir différent. 
Du coup la série se concentre sur cet aspect, joue avec le doute et brouille la frontière entre ce qui se déroule vraiment dans la réalité, et ce qui est de l'ordre de la perception, de la folie de David Haller. De nombreuses références sont convoquées face à Legion. On a parlé de Doctor Strange (le film, qui est plus clinquant, ici l'ambition est intimiste et modeste, à coté) ou Inception (la vérité et les strates de l'illusion) par exemple. C'est la rencontre avec une autre patiente, une certaine Syd, qui fuit les contacts physiques, qui est le catalyseur de l'histoire. Avec le spectateur qui est amené à douter de tout, de la véracité même de ce qu'expérimente et vit le schizophrène mutant. En toile de fond, des jeux de pouvoir, l'envie de mettre la main sur les pouvoirs de David, de l'utiliser, qui devrait être le grand leit-motiv de cette saison dingue, car capable de prendre n'importe quelle direction, sans qu'il nous soit possible de le prédire, à ce stade. Tout est fait pour nous mettre mal à l'aise ou nous interloquer (le cadrage, le choix d'une narration fragmentée et pas chronologique) ou nous envoûter (la bande son). Même le choix de l'acteur principal (Dan Stevens, c'est à dire Matthew Crawley dans Downton Abbey) n'est pas dicté uniquement pas un critère physique (il sort de la peau du jeune minet sans épaisseur) mais correspond à une intuition heureuse, puisque ce David Haller là est crédible dès les premières minutes.



C'est Noah Hawley qui se charge de narrer les aventures de Legion sur le petit écran. Après avoir su bricoler adroitement avec Fargo, des frères Coen, il parvient d'emblée à imprimer un ton, un parti pris, qui fait que son travail se démarque du reste, par son aspect intrigant et très personnel. On notera que l'attention portée à la photographie, ou aux effets visuels, est remarquable, et pour être honnête, je n'avais pas était aussi enthousiaste, rapport à l'image, depuis les toutes premières minutes de Daredevil, sur Netflix, qui est dans son genre une autre bien bonne surprise. 
Attention, Legion n'est pas un mutant de second ordre. Retournez voir vos vieux épisodes, et vous verrez qu'à lui seul il est en mesure de rétamer toute la bande de ses aînés, et son influence, ses actes, ont été à la source de graves ennuis, de bouleversements épocals. Comme par exemple Age of Apocalypse, qui prend racine dans un de ses choix funestes, sa volonté de remonter le temps et d'aller tuer Magneto, sauf que ce fut Charles Xavier qui encaissa à la place. 
En tous les cas Legion est un personnage parfait pour une adaptation télévisuelle qui souhaite s'affranchir vite et bien des comics, d'autant plus que les rapports qui unissent ou rapprochent le "héros" du reste du sous-bois mutant sera probablement (par la force des choses) différent à l'écran. Avec une telle palette de possibilités, aussi bien scénaristiques que simplement visuelles, Legion pourrait devenir le coffre à jouet préféré des spectateurs dans les prochaines semaines. On ne demande qu'à voir.




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