COMIC CON ET CONVENTIONS GEEK POP CULTURE : DES SUPERMARCHÉS SUPER-HEROIQUES?

Si vous lisez ces lignes, vous faites peut-être partie de celles et ceux qui fréquentent régulièrement les salons consacrés aux comics, à la culture geek et pop, au sens large du terme. Tous ces univers ne seraient pas ce qu'ils sont, n'existeraient pas, si à la base il n'y avait pas eu des artistes pour faire naître et prospérer ces personnage, ces séries ou ces films, que nous aimons tant. Pour autant, vous l'aurez remarqué, dans la plupart des cas, ces mêmes artistes (en majorité des dessinateurs, parfois des scénaristes ou éditeurs) se retrouvent cantonnés à un rôle secondaire : on leur réserve une artist alley pas toujours bien mise en valeur (en cela le Comic-Con de Paris fait des merveilles -c'est ironique je précise- et devrait s'inspirer de la PCE bien plus respectueuse), et ce sont les produits dérivés qui sont les stars du salon, qui aujourd'hui créent animation et attrait principal pour le grand public. C'est ainsi que vous pouvez voir des hordes de cosplayeurs (attention, je n'ai rien contre le cosplay, certains sont de véritables petits génies auteurs de créations fort originales, et ils font littéralement vivre notre passion) mais je trouve vraiment dommage de voir défiler encore et encore la même Harley Quinn ou Batgirl, passer devant la table de dessinateurs qui illustrent les aventures de ces mêmes personnages, sans daigner jeter un coup d'œil ou dialoguer. 
Qui est le plus important? Celui qui revêt l'apparence d'un héros de papier, ou celui qui fait vivre ce héros sur le papier? La figurine articulée d'un personnage, où les aventures au format Bd de ce même personnage? De même, la plupart du temps, ce genre de salon geek pop vous permet surtout de faire vos courses, à des prix d'ailleurs souvent supérieurs à ce que vous trouvez chaque jour sur Amazon ou en supermarché, comme s'il s'agissait d'une représentation géante de tout ce qui existe dans un espace commercial. C'est la foire aux funko pop, statuettes, T-shirts, mais derrière tout cela, qui sont vraiment les acheteurs de comics? Le marché est-il réellement en pleine expansion? Les gens se précipitent t-il sur ces bandes dessinées super-héroïques? N'importe qui fréquentant ces rendez-vous se rend bien compte que non! La troupe des connaisseurs évidemment, mais les autres, ce qui par exemple dépensent en tant que touristes occasionnels les 22 euros demandés pour une seule journée à la Comic Con (trop cher les amis)... c'est un chiffre énorme pour finalement entrer dans une sorte d'hypermarché de la culture pop, où l'essentiel ne se dévoile pas facilement, car pas assez mis en valeur.


Le prochain weekend, ce sera par exemple Lucca comics and games, le principal rendez-vous en Italie. Là encore les artistes vont être frustrés; ils se sont retrouvés cantonnés dans un espace plus petit que d'habitude, la Piazza del Giglio, de surcroît en travaux. L'impression est véritablement qu'ils ne comptent plus pour grand-chose dans cette grande messe des comics. D'ailleurs certains ont dû se plaindre sur Facebook pour obtenir une accréditation qui leur avait été refusé. Attention, je parle là d'auteurs importants, qui par exemple dessinent Daredevil pour Marvel (Matteo Buffagni a été dans un premier temps refoulé par l'organisation), pas du premier venu! 
Les comics aujourd'hui sont entrés dans les mœurs, le grand public est habitué à les identifier, les reconnaître, mais il est inexorablement poussé à le faire à travers des médias ou des modes de consommation éloignés de ce que sont vraiment ces personnages. Si le film des Avengers fait des millions d'entrées, si les produits dérivés s'arrachent à la Comic Con ou au Heros festival, les albums publiés chez Panini  obtiennent eux des scores tragiquement plus modestes. Le problème, c'est aussi bien entendu que ces salons existent désormais avant tout pour se faire le maximum d'argent, ce qui explique pourquoi ils continuent de proliférer comme des champignons. Chaque ville d'importance, grande ou moyenne, ayant désormais son propre rendez-vous, c'est une logique économique, un marché en plein essor, une vache à lait qui s'agit de traire jusqu'à la dernière goutte, tant quelle sera productive. Certes on s'y amuse parfois, certes de belles rencontres se font, mais le prix des billets continue d'augmenter et l'importance qui est réservée aux comics, aux dessinateurs et artistes, à ceux qui sont le fondement de notre passion, est à des années lumières de ce que devrait être leur véritable importance, leur rôle central dans tout ce système.
La superficialité pousse à la consommation. L'art n'est qu'une excuse pour engranger un peu d'argent, et surfer sur la vibe de ce début de siècle. Plus que jamais, il faudrait plus de salons où ce sont les artistes qui sont mis en valeur, où la distraction des produits et activités dérivés ne soient pas omniprésente au point de phagocyter la véritable nature de notre passion commune. Modestement, nous continuerons, à notre petit niveau, à défendre cette idée, cet objectif, et à vous proposer de petits plateaux comics tout au long de l'année, dans différentes manifestations spécialisées, et bien entendu, au Printemps des comics 2018, en mai, à Nice. Où là vous ne trouverez que des artistes, des comics, des lecteurs. Tous ensemble, tout simplement.



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