OLDIES : GHOST RIDER 2099 LE MOTARD CYBER-PUNK

Et si finalement, la meilleure série mettant en scène Ghost Rider, parue depuis les années 90 (et le très bon travail de Howard Mackie avec la version "Danny Ketch") était simplement... le Rider 2099? La question se pose, car nous avions là, à l'époque, une excellente production, capable de faire preuve d'originalité, et d'un niveau artistique fort plaisant. En 1994, alors que le futur alternatif de l'univers Marvel, le fameux "2099" bat son plein, la maison des idées décide de lancer un nouveau personnage dans la ronde des versions du XXII° siècle : Ghost Rider 2099, donc. Il s'agit cette fois d'un jeune pirate informatique, Zero Cochrane, qui voit son esprit transféré dans une créature cyberpunk. Le petit voyou a piraté une base de données qu'il n'aurait pas du s'approprier, et lorsqu'il est pris en chasse et acculé par ceux qui souhaitent lui faire payer son forfait, il ne lui reste qu'une seule chance de s'en tirer. Faire passer l'intégralité de sa conscience dans le monde magique de l'Internet, qui était encore vu comme une infinité de possibles relevant presque de la science-fiction, d'où la profusion de récits de ce type. Perdu dans le réseau, noyé au milieu d'un tsunami de codes binaires, Zero est finalement pris en main par une organisation aussi virtuelle que secrète, qui lui expose ses plans, et lui propose de devenir leur avatar, pour ensuite prendre une revanche éclatante sur ceux qui menaçaient et méprisaient son corps physique. Le garçon accepte, et la transformation en quelque chose d'iconique, en créature tirée de la pop culture historique, fait de lui un être de carbone synthétique, de circuits cybernétiques ultra high tech, un Ghost Rider 2.0 qui vous grille les circuits si vous avez fautés. La série est confiée d'emblée à Len Kaminski, qui est à l'aise avec ce type de thématique, comme il l'a démontré également dans son run sur Iron Man, où il jongla avec aisance au milieu  de délires informatiques de toutes sortes, et un "Tête de fer" contrôlé à distance par Tony Stark, cloué sur son lit de convalescence, après avoir été préservé de la mort en suspension cryogénique! 

Pour Ghost Rider 2099, le scénariste puise son inspiration aux sources de livres et de revues comme Phrack 2600, Chernobyl neurale, ou le travail de Rudy Rucker et Harry Harrison. Sans oublier certains films comme Terminator ou Blade Runner. Sa représentation de Transverse City, la ville où évolue Zero, est assez éloquente. Il s'agit d'un noeud routier étalé sur plusieurs étages, censé être l'aboutissement ultime d'une société congestionnée où la technologie a déshumanisé les rapports entre individus, de la sphère sociale et intime aux communications terrestres. Aux dessins, Chris Bachalo réalise une entrée remarquée chez Marvel après avoir déjà fait parler de lui pour la Distinguée Concurence, entre autres sur Shade, The Changing Man (avec Peter Milligan au scénario tout de même). Il était épaulé par Chris Buckingham à l'encrage puis relayé par le duo Peter Gross/Kevin Sutherland, qui avait lui officié auparavant pour la ligne adulte de Dc, Vertigo. C'est justement cette empreinte très "Vertigo" qui caractérise la série, qui va résister deux ans. Perspectives déformées, figures ultra cynétiques qui distordent l'idée de vitesse, du temps qui s'écoule, parfaite utilisation des couleurs sombres notamment avec le costume en cuir du motard, bref, un petit régal pour les yeux. Certaines cases sont de véritables bijoux d'horreur pop et tranchent nettement avec ce que Marvel proposait dans des séries mainstream de ce type. Pensez donc, à coté les dessins de Ron Lim (X-Men 2099) ou même de Rick Leonardi (Spider-Man 2099) ont moins de punch et d'audace formelle. Les lecteurs suivent donc avec trépidation les aventures post punk de ce Rider des temps modernes, qui s'en prend violemment aux grandes corporations, représentées par D/Monix la bien nommée, jusqu'à ce que le récit emprunte des sentiers plus courus, avec une sempiternelle histoire de vengeance et de révéléation familiale, impliquant le propre père du héros. Difficile d'imaginer qu'un jour Panini puisse nous proposer cela en un ou deux gros volumes complets, aussi vous reste t-il l'option brocante et sites de petites annonces, pour allez repêcher ces revues kiosques de l'ère Semic, 2099. 


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