HAUNT Vol.1 : Frères ennemis
(Haunt 1-6 / Delcourt)
Tout semble séparer les deux frères Kilgore. Kurt est un agent secret, son existence est pleine de ces missions qu'il doit exécuter pour le compte de la mystérieuse "Agence" et il risque sa vie chaque jour sans que personne n'en sache rien. Daniel est prêtre. Un homme de foi un peu largué cependant, qui fréquente la même prostituée trois fois par semaine, et ne s'est jamais vraiment remis d'avoir perdu Amanda, son grand amour, qui lui a préféré le frérot. Leur destin à tous les deux bascule le jour où Kurt est assassiné, pour avoir participé à la mission de trop : censé récupérer un savant fou et ses formules, travaillant sur un programme de régénérescence cellulaire, il a finalement choisi, devant l'horreur des expériences dont il a été témoin, d'éliminer physiquement celui qu'il devait emporter. Le pire étant le calepin contenant les expériences du professeur Shillinger, qui suscite tant de convoitises, et qui a disparu. Des hommes de l'ombre sont prêts à tout pour mettre la main dessus, y compris à tuer. Daniel, le confesseur de son frère, est bien malgrè lui une cible potentielle, tout comme Amanda, la compagne de Kurt. D'ailleurs deux gorilles armés ne tardent pas à pénétrer par effraction chez la demoiselle, et ouvrent le feu sur le prêtre qui y passait la nuit, pour veiller sur son ancienne flamme. Au grand dam des assassins potentiels, leur cible se transforme soudain en une effroyable créature recouverte d'une sorte de costume ectoplasmique, fusion improbable entre les deux frangins. Car si Kurt a disparu du nombre des vivants, il continue cependant de converser avec Daniel et peut désormais fusionner avec lui dans les moments de grand danger. C'est ainsi que nait "Haunt", la créature hantée, deux frères liés par un destin tragique, dans un seul corps, trait d'union entre un ectoplasme immatériel et une présence physique possédée.
HAUNT, c'est la dernière création des studios McFarlane. Le célèbre canadien est d'ailleurs l'encreur des épisodes publiés dans ce premier album, et son style est reconnaissable entre tous, tant il transcende et assimile les crayonnés de Ryan Ottley (déjà apprécié sur Invincible). Les caractéristiques même du personnage sont univoques : ce nouveau venu, dans les postures, le pouvoir (l'ectoplasme qui se projette et s'étend comme une toile d'araignée) et le costume, n'est pas sans rappeller Spidey (ou Venom) à la grande époque où le bon Todd gagnait ses galons de superstar du comic-book, avant de s'envoler pour d'autres cieux, c'est à dire la création de la maison d'édition Image, et du désormais classique Spawn. Pour le récit en lui même, une autre grosse pointure participe à son élaboration : Robert Kirkman himself, l'homme dont tout le monde parle depuis que ses zombies ont affolé tous les chiffres de vente, au point de contaminer le petit ecran ces dernières semaines, avec la première saison de "Walking dead". Haunt est le type de série qui aurait allègrement dépassé les deux trois millions de copies vendues pour les premiers numéros, si nous étions encore à l'orée des nineties. Aujourd'hui, et bien qu'ayant réussi à trouver de suite son public et jouissant d'une santé correcte, elle se range bien sagement dans le rang, une courte tête derrière son ainée (Spawn), dont il n'est pas dit qu'elle atteindra la longévité. Cependant, il est indéniable que ce premier album procure une lecture agréable et sans véritable temps mort, réussissant la prouesse d'instaurer un univers, des enjeux et une bose dose de mystères encore irrésolus, et cela en un nombre limité de planches. Entre un frère maudit qui se refuse de mourir (Kurt) et qui va pouvoir ainsi régler ses comptes avec un monde de l'espionnage qu'on devine forcément pourri et retors, et un autre dont l'existence bascule (Daniel) au point d'en perdre son unicité, mais d'y gagner un regain de vitalité et curieusement, d'espoir, Haunt aura vraissemblablement encore beaucoup de choses à nous raconter dans les prochains mois. Delcourt, dont les albums sont toujours aussi classieux, voire irréprochables, annonce déjà le second opus en dernière de couverture, petite photo à l'appui. On peut faire fi de la modestie, quand on sait qu'on tient entre les mains un produit d'appel qui ne risque guère d'échouer...
(HAUNT est également proposé sur les pages des Chroniques de Spawn, en librairie, à raison d'un nouvel épisode par numéro, avant cette réedition en album)
Rating : OOOOO
(HAUNT est également proposé sur les pages des Chroniques de Spawn, en librairie, à raison d'un nouvel épisode par numéro, avant cette réedition en album)
Rating : OOOOO