DEADPOOL : TUER POUR VIVRE - LE FRESH START CHEZ PANINI

Deadpool aussi a droit à son "fresh start", sous influence cinématographique, et scénarisé par Skottie Young, dont l'humour et le second degré sont appréciés de beaucoup de monde. Une recette un peu "facile" qui se traduit par un premier numéro sympathique mais inoffensif, qui semble vide d'enjeux et de profondeur, et mise tout sur le sarcasme et le fun immédiat. Tout cela démarre dans une salle de cinéma, avec un mercenaire disert au téléphone et une séance en décalage total avec ce que devrait être un long métrage sur grand écran. Une prise de tête avec des bikers droit sortis de Sons of anarchy se transforme en un combat féroce contre le chef de ces gros durs, avant que le lecteur ne réalise qu'il s'agit en fait d'un contrat, bref d'une grosse mise en scène qui rapporte des gros sous à Deadpool, et une moto au passage, le temps qu'on y est. Pendant ce temps, de l'autre coté de l'univers, les Gardiens de la Galaxie croisent le chemin d'un Céleste d'un genre un peu particulier, qui file droit vers la Terre, et les conséquences risquent d'être lourdes, y compris pour Wade Wilson.
Je dis "drôle" car oui, certaines scènes provoquent le sourire, que ce soit la manière dont Deadpool se fait rembarrer par Negasonic Teenage Warhead ou encore les pages bonus en fin d'épisode, un épilogue durant lequel Wilson se cherche de nouvelles origines plus accrocheuses, et revisitent les instants fondateurs de la légende de calibres comme Batman, Spider-Man, Hulk ou Superman.
Le dessin est de Nic Klein, qui a une particularité fort appréciable. Il parvient à donner un ton sale et indie à la série, tout en gardant un niveau de détail et d'attention à la manière de présenter cadrage, personnages et background, qui forcent le respect et démontrent qu'il s'agit là d'un vrai style abouti et mûrement réfléchi. Par contre, avec Skottie Young, la sensation est un peu la même que pour I Hate Fairyland. L'auteur est doué, il a un public nourri, mais en fait, quand on gratte un peu et qu'on avance des exigences, on se rend compte que sa réputation est globalement surjouée. Rien d'inoubliable, rien de foncièrement novateur, juste une bonne grosse vingtaines de pages potaches (plus les bonus) qui recycle tout ce qui se dit et se lit (ou se voit) du personnage, des cycles précédents aux deux films.
Scott Hepburn également est bon et pertinent, dans le récit back-up des fausses origines, et à ce sujet, vous verrez (peut-être) que la version "deadpoolisée" de la mort des parents Wayne est susceptible de développements ultérieurs, tant ce serait une idée à creuser, pour un pastiche dans la durée. 

La revue Panini offre aussi à lire la suite de la série Spider-Man/Deadpool, où Robbie Thompson raconte les mésaventures d'un Deadpool venu du futur, pour empêcher qu'une horde de robots LMD n'entraînent une presque fin du monde, et ne condamne par là même son "meilleur ami" le Tisseur de toile. C'est toujours léger mais amusant, surtout le premier des deux volets, le second ayant tendance à faire du surplace, à surjouer les choses. Dessins de Scott Hepburn et Matt Horak. Enfin, voici venir Domino!
La belle a une veine incroyable, et quand on est mercenaire, et que le job au quotidien consiste à risquer sa peau pour de nouveaux contrats, c'est fort utile. Gail Simone écrit donc ce qui est la première vraie série régulière consacrée à Neena Thurman, qui est aussi (hasard du calendrier, bien sûr que non...) à l'affiche du second film de Deadpool. On nous la présente sous un jour assez attachant, avec ses failles, et moins dure et insensible que parfois dans le passé. Pour preuve, elle adopte même un chien que ses amis mutants lui ont offert pour son anniversaire. Le récit démarre en mode "girly talk" avec une intervention musclée, face à des criminels en pleine cambrousse, dans l'Oregon, qui exploitent également un mutant dont les pouvoirs sont bien moins glamours que ceux de notre héroïne, puisqu'il devient une sorte de monstre repoussant. La scénariste fait son possible pour rendre drôles de nombreux moments, et livre une Domino à la croisée des chemins entre Harley Quinn et Catwoman, en décalage avec ce qu'elle est d'habitude. 
David Baldeon s'occupe du dessin et il s'en tire avec tous les honneurs. On le sent à sa place, avec des scènes d'action où Domino virevolte comme une bille de flipper, encaisse et s'exprime, jouant dans un registre volontairement caricatural sur certaines compositions, alternant de jolis premiers plans avec des cases plus dans la suggestion et l'interprétation personnelle. On regrettera juste une surcharge de bulles de dialogues, il y en a parfois un peu trop, ça alourdit le propos et ça mange de l'espace sur des planches qui ont besoin d'air.

Deadpool, un Fresh Start à tenter, assurément. 


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