Ma chronique du dernier numéro en date de Marvel Top (le 4, de décembre) sera concise. Je ne m'étendrais pas trop sur cette parution, pour un motif simple : je refuse de perdre trop de temps à m'occuper de cette ineptie. En gros, et en vrac, on retrouve d'entrée Bruce Banner et toute sa famille traitée aux rayons gamma, en plein pic-nic floridien. Oui, dans le petit monde de Hulk, tout le monde a des pouvoirs, tout le monde peut se transformer en une créature surpuissante qui grogne en sous-vêtements déchirés. Même Rick Jones est devenu A-Bomb, même la fragile Betty Ross est devenue une sauvage Red She-Hulk. Des "Hulks" à toutes les sauces, pour toutes les tailles. Mais attention voilà qu'une menace approche de la Terre. Le fils de Hulk! Non, pas Skaar, déjà présent dans les premières planches, non, l'autre, un certain Hiro-Kala, fruit du géant vert et de la belle Caera, jumeau de Skaar. Pour le fond sonore, vous pouvez disposer le générique des Feux de l'Amour, ça y ressemble, dans une version bourin-cosmique. Du coup, Bruce Banner (Hulk quoi) va devoir se bouger les fesses pour sauver le monde et son rejeton. Pourquoi? On s'en fiche. Comment? Ce n'est même pas intéressant. Tout le monde se bat avec tout le monde, c'est bien ça le principal. Greg Pack est vraiment une énigme : comment a t'il pu réaliser ce tour de force, d'ecrire des histoires telles qu'à coté le Rulk de Jeph Loeb semble digne du Eisner Award? Cotés dessins, différents artistes se relaient. Tom Raney fait toujours partie de ceux que j'apprécie le plus (pourquoi est-il venu se fourvoyer ici?) mais il y en a d'autres qui semblent avoir un peu moins de talent (Barry Kitson)
Au fond, pourquoi je suis aussi caustique, aussi critique? Certainement pas à cause de Panini, qui n'a pas le choix, et se doit de présenter ces épisodes 612 à 617 de Incredible Hulks, sous peine de se mettre à dos les complétistes et les aficionados du personnage. D'ailleurs on sent l'embarras pour placer au bon endroit la suite de la série, qui va devoir jongler entre un Marvel Monster et Marvel Universe. Au contraire, Panini offre un ratio pages/prix absolument excellent! C'est en amont que le bât blesse. Si j'avais été plutôt conquis par la saga Planet Hulk et les aventures du géant vert sur une planète inconnue, je suis totalement effaré par la suite donnée à cette tentative audacieuse. Plutôt que d'en faire une parenthèse agréable, source idéal pour un épilogue bien forcé (World War Hulk), ce fut là le pretexte à une extrême confusion des genres, une démultiplication des avatars dopés aux rayons Gamma. Le Hulk rouge de Loeb jouait sa partition avec une indigence totale, le scénario tenait sur une feuille de papier à cigarette. Puis ce fut l'inflation, des versions féminines, des monstres gentils et des fils cachés, bref, toute une famille sans queue ni tête, un fourre-tout sans saveur, un chaos continu qui empirait de mois en mois. Alors sentait-on le besoin d'ajouter Hiro-Kala à ce marasme ambiant? Certainement pas, c'est redondant et totalement absurde. Où est le Bruce Banner solitaire, en proie aux affres existentiels, pourchassé, psychologiquement atteint, mais animé par une grande force d'âme qui le pousse à assumer sa condition de héros traqué, et tragique? Aujourd'hui les titres consacrés à Hulk ressemblent furieusement à un mauvais soap-opera diffusé sur Mtv, la mise en scène sans vergogne d'une famille bancale où se succèdent les événements les plus idiots, qui donnent l'impression d'une improvisation continue, et d'un cruel manque de vision sur le long terme. Relisez le premier et long run de Peter David après ce Marvel Top, juste histoire de bien stériliser votre cerveau, pour garder le moins de traces possibles (ce ne sera pas bien dur, cela dit...)
Rating : OOOOO