ANIMAL MAN Tome 1 : LA CHASSE

Cela a été dit et martelé sur ce site, attention chef d'oeuvre. Voilà, vous êtes avertis, à vous de voir au moment de mettre sur pied votre budget comics pour les prochaines semaines. Vingt ans après le run légendaire de Grant Morrison, Animal Man renoue enfin avec la grandeur et peut se faire un nom de choix parmi les personnages de Dc comics, après une existence passée à jouer les seconds ou troisièmes couteaux! Buddy Baker est un superhéros qui peut se placer en phase avec l'intégralité du règne animal, c'est à dire qu'il peut assumer selon les besoins du moment les caractéristiques d'un ou plusieurs animaux, de l'invulnérabilité du rhinocéros (utile dans le premier épisode!) à la capacité du chat de s'endormir sur commande! Mais c'est avant tout un père de famille qui adore sa femme et ses deux enfants (un fils, une fille), qui est activiste dans une ligue de défense des animaux, qui fréquente le milieu du cinéma et des B-movies sans grand avenir, et qui préfère sa vie de tous les jours, avec les siens, aux tribulations cosmiques ou métaphysiques de ses compères encapés. Toutefois, il ne rechigne pas à donner un coup de main en cas de besoin, comme quand un père rendu fou par la mort de sa fillette (d'un cancer), prend en otage une partie du service des enfants malades de l'hôpital. Animal Man intervient, mais dans le respect et la compréhension de la douleur du pauvre homme. Je le répète, Buddy est un vrai patriarche aimant, et la famille, l'amour, il sait ce que cela signifie, et ce sont ses vraies valeurs. Mais comment réagirait-il, si Maxine, sa petite, possédait elle aussi ses propres aptitudes, mais sous une forme déviante?



De la première page en forme d'interview (pour poser les jalons du personnage), jusqu'à la dernière, le récit est haletant. Un plaisir des yeux que le dessin de Travel Foreman, qui transcende le scénario de Jeff Lemire avec des planches oniriques et expressionnistes, qui évoquent tour à tour de glauques cauchemars, ou des délires métaphysiques sous Lsd. Maxine se révèle finalement plus douée que son propre père, et elle est en lien direct avec la force de la nature qui alimente les pouvoirs dans la famille. Lemire offre un nouvel angle de vue aux dons d'Animal Man, et relie subtilement sa trame avec celle qui traverse le titre Swamp Thing. Là bas la créature des marais est au service de The Green, l'incarnation du monde végétal, alors que Buddy a été choisi (enfin, surtout Maxine...) par The Red, qui est l'avatar animal. En commun ils ont un ennemi redoutable, The Rot, qui est présent partout où on trouve pourriture, décomposition, maladie, et la mort. Les deux séries convergeront dans un crossover, à la fin du tome 2, en Vf. En attendant, la lutte pour la survie de toutes choses vivantes a commencé. Animal Man et sa fille partent dans un voyage à l'intérieur des forces mêmes qui les nourrissent et les rendent si particulier, et le lecteur se régale avec de l'action, des sentiments, de l'humour, un style si classieux et moderne de raconter les choses, de mettre en bouche les dialogues, propre au talent de Jeff Lemire. Urban Comics ne s'y est pas trompé et a misé sur ce mensuel iconoclaste et incontournable. Il reste aux lecteurs français à se montrer à la hauteur de ce travail, pour faire d'Animal Man le succès mérité qu'il devrait être.


(Re)découvrez le Tome 1 en VO, avec cette vidéo : ICI

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