QUE VAUT VRAIMENT "THE WAR OF THE REALMS"?

The War of the Realms, c'est un peu l'apogée de tout le cycle de Jason Aaron sur Thor.  Tout ce qu'il a imaginé jusque-là converge dans cette dernière grande salve, où de nombreux fils et intrigues narratives forment un dernier noeud. Alors qu'en sera t-il de la dernière transformation de Jane Foster, quel sera le destin de Thor, trop longtemps indigne et appelé à vivre de nouvelles aventures glorieuses? Globalement cette guerre est plutôt réussie, laisse peu de temps à l'introspection et chaque épisode est un florilège de batailles et de retournements de situation; ce n'est pas ce qu'on a lu de plus introspectif, ça ne contient pas de saillies inattendues qui bouleversent l'existence du cosmos Marvel, mais c'est une lecture plaisante et solide.  On y trouve d'ailleurs également des super-héros à contre-emploi, comme par exemple un Daredevil ou un Punisher embarqués dans des situations qui sont habituellement réservées à des divinités nordiques.  Il s'agit en fait d'un rendez-vous cousu sur mesure pour celles et ceux qui aiment ces grandes épopées où la planète semble prête à tomber à genoux et où tout le monde tape sur tout le monde, avec en toile de fond un catastrophisme exacerbé. Au moins nous épargne t-on les prétentions psychologiques habituelles, comme celles par exemple qui irradient dans la seconde Civil war, totalement ratée. Ici Jason Aaron est là pour divertir le lecteur et au bout du compte, on peut considérer qu'il atteint sa cible.



Et pour ce qui se déroule vraiment?  Il ne reste pas grand-chose d'Asgard, qui a connu la destruction et l'isolement, depuis que le pont arc-en-ciel a été brisé. Tout seul, tout là-haut, Odin vit une période difficile, et ça ne va pas s'arranger puisque Malekith et ses elfes noirs passent à l'offensive une dernière fois. Le but est simple : assassiner le père des dieux, et ceci dès les toutes premières pages. S'en prendre à Odin signifie également tenter de se débarrasser du fils; pour cela il suffit d'un subterfuge, et voici Thor emporté au royaume des géants des glaces, où il va avoir fort à faire pour ne pas succomber à son tour. Malekith, de son côté, conduit sa nouvelle armée sur terre où les choses deviennent catastrophiques en quelques instants. Que peut notre planète, face à une invasion de ce type? Pas grand-chose dirait-on, sauf si en face se dressent des super-héros comme les Avengers, le Punisher, Blade, Daredevil, ou le Tisseur de toile...
Le début de WOTR est très riche en action, nous n'avons pas trop le temps jouer la carte de l'introspection, car ça explose et se castagne dans tous les coins. On pourra être surpris que certains héros, qui en apparence n'ont pas grand chose à faire face à ce type de menace (comme Spider-Man) semblent être rapidement à l'aise, ou en tous les cas dans leur élément naturel, et ne réagissent pas différemment de ce que pourraient faire des gros calibres interdimensionnels. Idem pour les grosses pointures, l'impression est qu'à chaque réplique, il fallait trouver absolument une punchline, une phrase ultra-cool, qui montre combien les héros savent gérer la situation, tout en faisant de l'humour un peu lourd. C'est ça aussi l'effet cinématographique. 
Jason Aaron en fait peut-être un peu trop, c'est possible. Mais ça marche. Russell Dauterman au dessin est fidèle à ce qu'il fait d'habitude; ceux qui aiment son style vont en avoir pour leur argent, car il faut admettre qu'il est ici dans un de ses grands soirs, et que ses planches ont vraiment la classe, sauf peut-être son Spider-Man, qui a quelque chose d'un peu artificiel et semble détonner par rapport aux autres, lorsqu'il apparaît. Mais globalement, c'est du bon comic-book maintream, qu'on vous recommande de suivre d'aussi près que possible.


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