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SUPERMAN ORIGINES SECRÈTES EN DC PAPERBACK CHEZ URBAN COMICS


 Les origines de Superman ont déjà servi de prétexte à de nombreux récits, tous proposant des variations sur le même thème, avec à chaque fois une version subtilement différente des moments fondateurs du plus grand héros de l’univers DC Comics. Mais c’est peut-être Geoff Johns qui livre ici la version la plus accessible et la plus naturelle, avec ses Origines Secrètes, republiées chez Urban Comics dans la nouvelle collection DC Paperback. Personne, en effet, n’ignore la genèse de Superman. Même ceux qui ne lisent jamais de comic books savent que le petit Kal-El a atterri sur notre planète à bord d’une fusée, dernier survivant de la planète Krypton, et qu’il a été recueilli par une famille d’Américains moyens du Kansas, les Kent. Geoff Johns, qui avait déjà signé un Green Lantern : Secret Origins au cours de sa prolifique carrière, s’amuse ici avec le personnage le plus iconique de toute la bande dessinée super-héroïque. Le cahier des charges est respecté à la lettre : de l’émotion, de bons sentiments (les parents adoptifs et l’amour inconditionnel qu’ils transmettent à leur fils), les figures incontournables de la série (Lex Luthor, la première romance avec Lana Lang, suivie de Loïs Lane), et tous les piliers qui soutiendront ensuite la légende du héros. C’est aussi un récit initiatique, dans lequel le jeune Clark découvre peu à peu ses incroyables pouvoirs — invulnérabilité, vol, vision thermique, entre autres. John Byrne avait déjà raconté à merveille à peu près la même histoire juste après Crisis on Infinite Earths, avec Man of Steel, un titre qui avait permis de remettre un peu d’ordre et de cohérence dans le panthéon parfois chaotique de Superman. Vingt ans de récits et de continuité malmenée ont sans doute justifié cette nouvelle relecture. Et soit dit en passant, elle constitue un excellent point d’entrée pour les nouveaux lecteurs. Elle propose en effet une version claire et définitive des événements ayant précédé les aventures modernes de Superman, du moins pour la période classique de l’univers DC. Depuis, les New 52 et toute une série de nouvelles "époques" sont passés par là, et la donne a encore changé. Pas forcément pour le mieux, si vous voulez mon avis.



Il faut aussi dire que l’ensemble est raconté avec beaucoup de justesse, et même une certaine légèreté. Certaines scènes font sourire, comme celle où le jeune Kent, encore novice, embrasse pour la première fois la douce Lana — ce qui déclenche au passage sa vision thermique. Une jolie parabole qu’il est inutile de vous expliquer davantage… (Dans le même registre, on pense à Peter Parker, ado frustré, s’entraînant seul dans sa chambre à projeter une toile d’araignée gluante.) Clark Kent devra aussi apprendre ce qu’est l’amitié, ou du moins tenter de l’approcher, face à un génie arrogant et retors comme Lex Luthor. L’écueil d’une relation ambiguë, saturée de bons sentiments (on pense à Smallville, par exemple), est ici évité avec brio. Ce Luthor-là est un véritable salaud, qu’on prend un malin plaisir à détester. Clark devra aussi trouver les bons stratagèmes pour préserver son identité secrète — ce qui, rétrospectivement, fait sourire quand on se rappelle qu’il y parvient depuis des décennies avec un peu de gel et une vieille paire de lunettes. Johns nous entraîne également dans le futur, aux côtés des Légionnaires de Brainiac ou de Saturn Girl, histoire de revisiter avec habileté la période Superboy du personnage. Les nouveaux lecteurs de l’univers DC qui souhaitent en apprendre davantage sur le plus célèbre des Kryptoniens, tout comme les nostalgiques qui ont apprécié à sa juste valeur Superman for All Seasons de Loeb et Sale, ne passeront pas à côté de cet album simple, efficace et sincère. Le tout est sublimé par le trait pur, clair et rassurant d’un Gary Frank très inspiré. Une maîtrise graphique qui suinte l’émotion, la retenue, et surtout l’amour du personnage et de son univers délicieusement rétro.


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ROOK EXODUS TOME 1 : UNE AUTRE VISION D'UNE AUTRE FIN DU MONDE


 Avec Rook : Exodus, Geoff Johns ouvre une nouvelle brèche dans le paysage des comics post-apocalyptique, et ce n’est pas une mince affaire : sur Exodus, planète de secours d’une Terre en ruines, tout s’effondre déjà. Décidément, l’humanité a le chic pour planter ses jardins dans des cimetières. Elon Musk devrait en prendre de la graine. En fait, le monde d’Exodus a tout du cauchemar écologique en cinémascope : une planète à l’agonie, des ruines technologiques, une faune mutante terrifiante, et des survivants masqués capables de contrôler des espèces animales. Mais ce don a un prix : à force d’utiliser ces casques psychiques, les porteurs s’animalisent eux-mêmes, et si le matériel tombe en panne, ils risquent aussi un sérieux retour de bâton. On découvre là une sorte de malédiction mentale et physique qui ne va pas sans rappeler la lente déshumanisation des super-héros, trop investis dans leurs pouvoirs. En tous les cas, c'est plutôt bien vu et ça permet de mettre en scène toute une faune aux ordres de rares survivants, qui ne sont pas tous des chics types. Au centre du récit, Rook, gardien des corbeaux, semble à la dérive : hanté par un passé tragique, assailli par les cris des volatiles dans sa tête, il s’enivre pour faire taire ce vacarme intérieur. Johns creuse ici un thème qui ravira les amateurs de révisionnisme héroïque : l’épuisement psychique du héros, la solitude du survivant, l’ambiguïté du pouvoir. Face à lui, Sanglier, parce qu'il contrôle ces charmantes bestioles, vit presque en harmonie avec ses bêtes. C'est une figure touchante et tragique, opposée à la brutalité d’Ursa, le géant dominateur des ours présents sur Exodus, qu'on devine d'emblée être le grand antagoniste de la série. 



Et puis il y a Jason Fabok, qui réalise une mue spectaculaire. Il met de côté les planches ultra-calibrées des Three Jokers ou de Batman, pour miser sur une esthétique crue, rugueuse, presque grotesque. Ses créatures – sangliers titanesques, ours menaçants, oiseaux tournoyants comme des spectres perdus – hantent véritablement les pages. Reste une légère frustration dans tout ce tableau positif : si les masques sont très réussis, entre Power Rangers désabusés et soldats vétérans de la fin du monde, les personnages, eux, semblent figés. Ils parlent, ils tirent, ils souffrent, mais ils ne parviennent pas tout à fait à gagner en sympathie ou à faire naitre l'empathie. L’action semble se produire autour d’eux, sans qu’ils en soient les véritables moteurs. Le spectacle est dans la nature, pas dans l’humain. L'humain, lui, c'est la clé de l'effondrement. Celui qui ose penser pouvoir terraformer un monde vierge pour pallier la catastrophe qui est advenue sur sa planète de naissance. Celui qui emmène dans son sillage les espèces animales en voyage, pour coloniser et repeupler à son image ce qui ne lui appartient pas. C'est bien toute la tragédie d'Exodus : difficile d'être du côté de ces personnages, tant on souhaiterait, en fait, que la nature leur inflige une ultime défaite, nature balafrée et violée, au nom de la sacro-sainte technologie mortifère. Malgré cela, Rook : Exodus pose les bases d’un monde intrigant, vraiment. Entre Mad Max, bestiaire mutant et mélancolie post-héroïque, il y a là une matière puissante pour une saga ambitieuse. Il faudra que les prochains tomes donnent plus de corps aux personnages et plus de rythme à leur destin. Mais pour une première, le ton est là, le style aussi, avec une envie de briser les codes classiques du genre. Sans compter l'édition grand format très soigné d'Urban Comics, qui sait toujours comment nous appâter, sans avoir besoin de casque cybernétique. 



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JUSTICE SOCIETY OF AMERICA CHRONICLES 2001 : LE RETOUR D'HAWKMAN


 La Société de justice, ce sont des héros en fonction sur le pont depuis la première guerre mondiale, pour certains, et qui ont survécu à leur descendance. Rien que pour cela, ça mérite qu'on le souligne. Nous voici en 2001 pour la troisième intégral ou plutôt troisième volume des Chroniques que propose Urban comics, toujours aussi pertinent, toujours aussi riche en articles d'accompagnement rédigés par le savant Yann Graf. Nous n'avons pas le temps de nous ennuyer puisque dès les premiers épisodes, il est question de la Société d'injustice; c'est-à-dire une sorte de version contraire de nos héros, qui décide de faire des siennes. Pire encore, nous trouvons à la tête du problème le redoutable Johnny Sorrow, qui depuis qu'il a été décomposé au niveau atomique et emporté dans un autre plan d'existence est devenu une créature mystérieuse et létale, dotée d'un étrange masque qui provoque la mort instantanée de chaque ennemi, lorsqu'il le retire et lui montre son vrai visage. Son but est simple, relâcher le Roi des larmes, une entité venue de l'au-delà, sur notre monde. Dès lors, on pourrait considérer que les carottes seraient cuites pour l'univers DC Comics. Les deux scénaristes que sont Geoff Johns et David Goyer parviennent à nous raconter tout cela, tout en prétend une attention réelle à chacun des personnages, leur offrant de petits moments pour exister et pour exposer aux lecteurs les doutes, les rêves de chacun, la dynamique entre les différents membres. C'est l'occasion aussi de développer la personnalité de Black Adam, qui peu à peu se rapproche du camp des gentils et désire même intégrer la JSA. Au chapitre des héroïnes dont l'évolution est la plus marquante, notons la jeune Hawkgirl, recrue récente de la formation. Celle que l'on appelle Kendra n'est pas tout à fait la femme que nous croyons et qu'elle même croyait être. D'ailleurs, plus les pages défilent, plus il s'avère qu'elle abrite en fait l'âme de la grande guerrière que fut Shiera, c'est-à-dire celle qui partagea très longtemps (et qui est destinée à la partager pour l'éternité) son existence avec le guerrier Hawkman. Celui-ci a disparu de la circulation mais comme vous le savez, il ne reste jamais mort très longtemps. Pour ce qui concerne sa résurrection et son retour, là aussi, le volume 2001 va répondre à toutes vos attentes.



Ce n'est pas une situation facile pour Hawkgirl : imaginez donc qu'un homme que vous ne connaissez pas vous déclare sa flamme, vous confirme que vous êtes infailliblement destinés à vivre votre vie à ses côtés, mais vous, vous n'y croyez pas, vous souhaitez garder votre indépendance, vous n'avez pas envie d'appartenir à quelqu'un dont vous ignorez l'essentiel. Une situation très complexe, traitée avec brio par Johns. On file aussi sur Thanagar où un certain Dévoreur d'âmes s'est emparé de toute la planète. Là encore, il faut que la Société de Justice, emmenée par Hawkman, fasse le ménage, même si les forces en présence semblent être assez disproportionnées, d'où l'intérêt d'avoir avec soi une force de frappe aussi puissante que Black Adam. La série de la JSA croise ensuite la route de différents crossover d'importance dans ce gros volume, notamment le bien bourrin Our Worlds at War mais aussi Joker last laugh. Ce ne sont pas les épisodes les plus réussis ou les plus pertinents, même si le second cité s'insère dans un triptyque où il est question de Roulette, une version DC Comics potentielle du cinglé Arcade, ennemi des X-Men chez Marvel. Elle possède une sorte de parc d'attractions/terrain de jeu où des épreuves intellectuelles et physiques sont reproduites, à l'issue de laquelle ceux qui perdent sont éliminés physiquement. Elle capture une bonne partie de la Société de Justice, dressent les uns contre les autres (Atom Smasher et Black Adam vont se lâcher)  et espère ainsi se venger, puisqu'il y a aussi derrière toute cette affaire des motivations familiales qui nous sont révélées à la toute fin. Globalement, la qualité du dessin tient réellement la route; l'essentiel des pages est confié à Stephen Sadowski, qui sans volonté d'épater ni effets spéciaux parvient à caractériser admirablement chacun des intervenants, avec une touche classique et naturelle de fort bon aloi. C'est vraiment dans ce volume 2001 que la série de Geoff Johns prend son envol et devient une des meilleures surprises de la production de la Distinguée Concurrence, au début du 21e siècle. Comme toujours, le côté familial, le leg qui unit des générations, l'enthousiasme et le positif sont les caractéristiques d'une formation beaucoup plus solaire que bien d'autres du même genre, chez nos amis les super-héros. La JSA feel good, c'est toujours un plaisir de la retrouver et tant pis si chez beaucoup, elle reste encore très sous-estimée.


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ZONE ROUGE POUR LES AVENGERS EN MUST HAVE CHEZ PANINI




 Aujourd'hui on fait un petit saut d'une presque vingtaine d'années en arrière, pour aller retrouver les Avengers de Geoff Johns, avant que ce dernier ne parte faire le bonheur de DC Comics, dont il a refaçonné de bien des manières l'univers narratif. Zone Rouge, où déjà le nom vous donne un indice du grand méchant de l'histoire… Dans cet album qui rejoint la collection Must Have de Panini, il ne fait pas bon aller faire un tour du coté du Mont Rushmore… Une mystérieuse substance rouge, une sorte de gaz ultra toxique, se répand et sème la mort de manière inexorable. Voilà pour le pitch, résumé en une seule petite phrase, de cette saga des Vengeurs que lecteur découvre articulés autour de Captain America et Iron Man, avec la Panthère Noire, mais aussi Vision, et des recrues moins "performantes" comme le Valet de Cœur, Miss Hulk, Warbird (Carol Danvers en phase de sevrage à l'alcool). Les Avengers sont présents sur les lieux pour tenter de percer le mystère et participer aux opérations sanitaires. On pense bien entendu à un acte terroriste, cela va de soi. Mais la réalité est toute autre. Sans vouloir vous gâcher la surprise d'entrée, disons que les coupables ne sont pas ceux que l'on croit, et qu'il faut parfois donner un coup d'oeil chez soi, en haut lieu, pour se rendre compte de combien le monde est complexe et cruel. Cela dit, Johns recourt à un dernier artifice qui replace le mal, le vrai, au centre de la scène, avec un des grands ennemis historiques de Captain America, et de l'Amérique tout court, qui tombe le masque. Un indice : il est de la même couleur que la brume maléfique qui tue tout le monde dans son sillage. Un autre indice, cela fait des mois qu'il se cachait sous le masque du Ministre américain de la défense, un certain Dell Rusk. Si vous êtes fortiches en anagrammes et en américain, vous avez deviné. Et si vous n'avez pas compris, je ne sais plus quoi dire



Red Zone, c'est aussi l'occasion de voir à l'œuvre le fabulous frenchy Olivier Coipel, alors à ses premiers travaux pour Marvel. Et de constater qu'il avait déjà un sacré coup de crayon, probablement parfait pour ce type de saga mainstream et super-héroïque. Parmi les moments de bravoure, citons Miss-Hulk, qui finit par être contaminée par la brume rouge, qui se combine elle même avec son sang vicié par les rayons gammas. Du coup, elle sombre dans un accès de folie et perd un peu ses nerfs, ce qui sera le prétexte à un arc narratif juste ensuite, dessiné par Scott Kolins (A la recherche de Miss Hulk)… Ou encore les scènes à la Apocalypse Now, avec les hélicoptères de l'armée qui investissent le site, mais aussi les apparitions du Valet de Cœur, un personnage controversé qui faisait à l'époque partie du roster des Avengers. Une véritable bombe à retardement, qui menaçait d'exploser au visage des plus grands héros de la Terre. D'ailleurs, il a fini par le faire, et il y a eut des dégâts. Je terminerais en remarquant que ce story-arc est aussi la première grande manifestation moderne des pouvoirs déchaînés de la Sorcière Rouge. On se rend bien compte que la belle Wanda a tout pour passer directement en première division, sans jouer les barrages. Et on comprend mieux comment elle a pu, par la suite, prendre une telle ampleur et mettre au tapis les Avengers, au point d'être responsable de la dissolution du groupe, puis de la formation des New Avengers propres à Bendis. Cerise sur le gâteau, de petites dissensions minent les héros de l'intérieur, comme le passif entre Tony Stark et T'Challa (accusé d'être un espion au sein des Avengers), ou encore le gros contentieux entre Peter Gyrich, représentant du gouvernement, et Sam Wilson, le Faucon, qui lui laisse même l'empreinte de son poing droit en pleine mâchoire. Il ne s'agit bien sûr pas de la première publication en album de ce récit, mais le voir rejoindre la ligne Must Have est une décision logique et méritée, d'autant plus que nous fêtons les soixante ans du groupe !


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JUSTICE SOCIETY OF AMERICA CHRONICLES 2000 : IMBROGLIOS TEMPORELS


 Non seulement la Société de Justice d'Amérique a droit à la collection Chronicles chez Urban Comics, mais nous sommes déjà arrivés au second volume, qui nous propulse en l'an 2000. C'est le run de Goyer et Johns qui est mis à l'honneur avec pour commencer un premier épisode qui donne l'opportunité aux scénaristes de ramener Black Adam sur scène. Ensuite, ça se complique. Pour faire simple, disons que la JSA a une longue tradition familiale, de descendance et d'héritage. De ce côté-là, le premier Green Lantern du nom, Alan Scott, n'est pas très verni. Il a vieilli sans avoir connaissance de l'existence de ses deux enfants (la mère est une criminelle, L'Epine) et lorsqu'il les rencontre, c'est pour réaliser que la fête des pères va être mouvementée. Jenny-Lynn et Todd ont été adoptés par deux familles différentes et dans le second cas du garçon, il faut considérer la série de maltraitances provoquées par un père adoptif violent, comportement qui a fait naître un sentiment de revanche vis-à-vis du reste de la société. Tous les deux ont des supers pouvoirs qui se sont manifestés à l'adolescence et qui font qu'ils sont attirés l'un vers l'autre. Todd va devenir Obsidian, c'est-à-dire un super vilain qui plonge ceux qu'il souhaite dans l'ombre et leur fait vivre les pires tortures, dévorés par la noirceur humaine. Certes, il va se racheter, mais dans ces épisodes c'est un Obsidian au bord de la folie que nous rencontrons et qui met la JSA à rude épreuve. Autre vilain d'importance que nous allons croiser dans ce second volume, un certain Extant. Lui a eu droit à une grande aventure en tant que méchant de référence : ça s'appelait Zero Hour, mais ce fut une saga aussi capitale que passée sous les radars en France, en raison d'une publication superficielle. L'essentiel de la saga fut publié en un volume chez Semic mais il y avait tellement de personnages différents, tous très peu connus de la plupart des lecteurs, qu'il est vraisemblable qu'à l'époque une grande majorité n'a plus ou moins rien compris. Extant, c'est en fait l'ancien Faucon du duo Hawk & Dove (Hank Hall) : à la mort de son frère (la Colombe), beaucoup plus pacifiste que lui, Hank perd à son tour la boule et devient le méchant de service qui souhaite récrire le temps et les faits, à sa façon. C'est ce qu'il fait là encore dans ce volume des Chronicles 2000 et puisque nous en sommes à parler de problème liés à la chronologie, mentionnons également les deux abondants épisodes intitulés DC 2000 #1 et #2 qui mettent en scène le docteur Morrow, dont le coup d'éclat est cette fois d'utiliser une technologie futuriste (2001) et de la répandre en 1941 pour changer le cours des choses. Il finit par devenir le dictateur absolu du futur. En fait, ces deux grandes parties s'inscrivent dans la tradition qui fait que la Justice League et la Justice Society se rencontraient autrefois dans ce que l'on appelle des annuals, des suppléments estivaux à forte pagination proposés par les éditeurs américains. La méfiance est de rigueur entre les deux équipes puisqu'elles se confrontent dans des conditions fort inégales. La JSA ignore en 41 qui est la JLA, alors que les héros venus du futur marchent sur des œufs et tentent de ne pas trop modifier le cours du temps. C'est pourtant ce qui va se produire ! C'est totalement tordu et improbable, mais le but est juste de proposer de l'entertainment super héroïque et de ce point de vue là, le lecteur n'est pas trompé sur la marchandise.




On retrouve également Geoff Johns en solitaire, au scénario du premier annual de la JSA, qui fait partie d'un dessein plus grand, "Planet DC", où comment faire apparaître de nouveaux personnages intéressants à travers le monde, pour globaliser les super-héros de la Distinguée Concurrence. Du coup, on se rend jusqu'en Grèce à la rencontre de Nemesis, alias Soseh Mykros. Elle a grandi dans un laboratoire, expérience génétique un peu folle menée par son père, dont le but est (comme celui d'un peu tous les grands vilains) d'asseoir sa domination et d'imposer ses idées sur la planète. La particularité, c'est qu'elle a une sœur, Ellina, qui elle est restée fidèle au message du paternel et donc du "côté obscur de la force". Toutes les deux vont s'écharper et nos héros de la Société de justice vont s'en mêler. Pour être plus précis, nos héroïnes, car l'histoire a un moment donné va bifurquer vers l'île des Amazones de la princesse Hippolyte et ce sera l'occasion de passer en revue le cast féminin de notre super groupe. Présent également dans ce gros volume, les deux livres de JSA the Liberty Files, écrit par Dan Jolley et Tony Harris, illustrés par ce dernier. Histoire très particulière puisque nous nous retrouvons durant la seconde guerre mondiale avec les soldats nazis et Adolf Hitler en personne, qui ont mis la main sur un extraterrestre qu'ils sont en train d'endoctriner, afin de l'utiliser pour leurs tristes visées. Nous parlons bien entendu d'un "Superman" et il ne faudra pas s'étonner de retrouver aussi une version "World War 2" de Batman et de la JSA, des héros qui justement à l'époque était déjà pour beaucoup sur le pont, même si des incarnations autres. L'accent est placé par exemple sur le docteur Mid-Nite et on y retrouve pris entre le marteau et l'enclume un Joker toujours aussi dingue et incontrôlable. Un "Esleworlds" au goût d'espionnage intéressant et dont la conclusion réserve un coup de théâtre. Pour le reste, le dessinateur le plus souvent présent dans les pages de ce Chronicles 2000 est Steve Sadowski. Il faut le souligner car son travail est remarquable, toujours d'une précision et d'une clarté exemplaires. Pour autant, c'est aujourd'hui un nom que les plus jeunes connaissent peu. Du reste la JSA est typiquement une formation et un titre qui est surtout attendu par les collectionneurs et des lecteurs un peu plus âgés; tout comme le prix de cette collection chez Urban comics, qui s'adresse plus directement à ceux dont l'ambition est de combler les trous sur les étagères et de se constituer une banque de données impressionnante et indispensable sur les principaux héros de DC comics. Le tout avec des textes inspirés et très utiles de Yann Graf (encore une belle partie rédactionnelle), bref de quoi nous réjouir et nous convaincre que ces Chronicles sont décidément l'excellente surprise du moment et qu'il faut les chérir. 





FLASHPOINT BEYOND : UN RETOUR ATTENDU CHEZ THOMAS WAYNE


 Face à l'inacceptable (comme peut l'être la mort d'une mère adorée), même les super-héros peuvent opérer des choix catastrophiques. En voulant corriger quelque chose qui n'aurait jamais dû l'être, Barry Allen a par exemple créé la réalité que nous connaissons sous le nom de Flashpoint. Un événement particulièrement important puisqu'au terme de cette parenthèse, DC comics à viré de cap en lançant la grande opération des New 52. On croyait cet univers de Flashpoint définitivement enterré, après la mort du Batman de là-bas (c'est-à-dire le père de Bruce, Thomas Wayne) qui s'est sacrifié pour la bonne cause, victime des rayons de Darkseid. Seulement voilà, lorsque Thomas se réveille à nouveau chez lui et que tout semble être revenu en arrière, à un point de stase qui n'aurait jamais dû être, c'est que quelque chose cloche, une erreur dans le programme qu'il faut encore une fois corriger. Thomas va donc s'y employer et la première des choses à faire, c'est de retrouver le Barry Allen de cette réalité là pour lui expliquer qu'il est l'homme au centre de toute cette affaire et le forcer à recouvrir ses pouvoirs de Flash. Ceci de la même manière qui avait été mise en œuvre la première fois, c'est-à-dire une décision expéditive, Barry attaché à une chaise, foudroyé par une installation électrique sommaire. La première tentative il y a douze ans s'était soldée par un succès et donc par Flashpoint; celle-ci va être un échec complet car il y a quelqu'un dans l'ombre qui tire les ficelles et s'arrange pour que Thomas Wayne ne parvienne pas à ses fins. Pendant ce temps-là, dans notre univers à nous (celui canonique où se déroulent les aventures des super-héros DC comics) Batman mène l'enquête. Un simple globe, une boule à neige, a attiré l'attention de celui qui est bien décidé à sauver son père (lui-même désireux de faire revenir son fils, assassiné à sa place). Vous trouvez cela complexe ? Vous n'avez pas tort. Geoff Johns continue de jouer avec les réalités alternatives et les couloirs du temps, au risque de complètement s'emmêler les pinceaux. On rase plusieurs fois le casse-tête le plus effrayant et pour autant cette nouvelle histoire, intitulée Flashpoint Beyond, réussit à retomber sur ses pieds et même à proposer des instants très inspirés et fascinants.



Le retour à l'âge de Flashpoint, c'est aussi pour Geoff Johns la possibilité de jouer une partition connue tout en effectuant une série de variations intéressantes et intrigantes. Comme Thomas Wayne qui utilise le Pingouin comme son aide de camp, une sorte d'Alfred 2.0. Un Pingouin qui est lui-même censé veiller sur le jeune fils de Harvey Dent, après la mort de ce dernier. Le gamin est élevé un peu comme un Robin potentiel, c'est-à-dire qu'on lui permet d'apprendre le maniement des armes et des explosifs, à un âge où normalement on se contente de fréquenter les réseaux sociaux. C'est aussi l'opportunité de retrouver le Superman de l'univers Flashpoint. Le héros a été longtemps retenu prisonnier d'un projet top secret du gouvernement où il a été éhontément exploité; on pourrait croire qu'il nourrirait alors un sentiment de revanche, au moment de sa libération, surtout lorsqu'il apprend que le peuple dont il est originaire, les Kryptoniens, n'ont pas tous disparu comment le suppose, mais au contraire semblent se diriger vers la terre pour une invasion programmée, dont il pourrait bien être la tête de pont. N'oublions pas non plus le Joker au féminin, c'est-à-dire Martha Wayne, jamais remis des drames vécus. Rien ne va se passer comme prévu et ce retour à Flashpoint est l'occasion de prolonger l'aventure et de mettre en lumière certaines zones d'ombres pas toujours bien éclairées de la saga. En plus, au niveau du dessin, Xermanico livre une prestation remarquable, qui ressemble même par endroit à une masterclass. C'est devenu un artiste au style très léché, qui n'a rien à envier aux plus grands noms travaillant actuellement pour la Distinguée Concurrence. Notons aussi des planches réalisées par Mikel Janin, qui n'a de toute façon plus rien à prouver. Alors oui, cette lecture pourrait déconcerter ceux qui ne connaissent pas grand-chose à l'univers parallèle originel de Flashpoint, mais pour les autres c'est un complément bien plus malin et pertinent que ce que nous pourrions attendre (avec quelques clins d'oeil méta-comics comme les allusions à la 5G avortée et le sens même des deux lettres DC). Une lecture qui globalement ne déçoit pas.





GEIGER : LES DÉBUTS NUCLÉAIRES DE "THE UNNAMED" DE GEOFF JOHNS


 On croyait l'hypothèse d'un conflit nucléaire réservée aux pires heures du passé, cette longue et étrange période que l'on nomme aujourd'hui la Guerre Froide. Les derniers événements internationaux nous prouvent qu'il convient tout de même de faire attention, car l'impossible pourrait bien un jour devenir réalité. C'est en tout cas ce qui s'est produit dans cet album que propose Urban Comics, intitulé Geiger. Le feu nucléaire s'est déchaîné sans que l'on comprenne bien pourquoi; d'ailleurs, la seule alternative possible pour les citoyens du monde est de se réfugier dans des abris, des bunker dans lesquels attendre la fin de l'effet des radiations. Oui mais voilà, les places sont chères et tout le monde ne possède pas ce genre de ressources. Par exemple ce n'est pas le cas des voisins de Tariq Geiger. Lorsque ce dernier (qui porte un nom de famille assez prédestiné)  décide de mettre sa famille à l'abri, il est sauvagement agressé par ceux qui habitent à côté de chez lui et qui désirent s'emparer de son bunker. Tarik parvient à mettre sa famille hors de danger mais pour lui, il est trop tard. Lorsque la bombe explose, il est investi par son souffle et ses effets; à partir de là, le lecteur se rend compte que ce n'est pas la mort atroce qui est au bout du chemin, mais au contraire, une transformation particulièrement étonnante. Tarik avait un cancer avant que les faits se produisent, peut-être est-ce pour cela… toujours est-il que son organisme a subi une étrange mutation, au point qu'il devienne un surhomme dans un monde où la loi n'existe plus, où la civilisation s'est effondrée. Il y a donc un guerrier phosphorescent qui intervient dans certaines situations désespérées. Certains voient en lui une légende, mais tôt ou tard, ils ont affaire à l'étonnante réalité de l'existence de ce type, dont l'obsession est la protection d'un abri antiatomique, qui contient… bon inutile que je rentre dans les détails, vous avez vu le début de cet article et vous avez compris. Geoff Johns a un talent inné pour créer un univers et des histoires à partir de pas grand-chose et cette fois encore, même si le sujet a déjà été maintes fois abordé, croyez-moi, il fait preuve d'un savoir-faire évident.




Geiger, c'est un peu une centrale nucléaire ambulante. Il est obligé de s'insérer deux barres de bore dans le dos pour maîtriser sa formidable puissance, à l'instar du noyau de la centrale qui autrement atteint son point critique de fusion. Un personnage solitaire et tragique, qui a perdu sa famille donc, mais qui va récupérer au passage deux enfants en cavale, les prendre sous sa coupe et leur sauver la vie. Dans le monde post-apocalyptique de Geoff Johns, l'Amérique s'est effondrée et la ville de Las Vegas, le paradis du jeu et des casinos, est transformée en un aréopage de personnages délirants, avec à leur tête un roi bouffon qui rêve d'écraser tous ceux qui se dressent sur son chemin. Il faut le dire très sincèrement, par endroits nous sommes vraiment au bord du grand n'importe quoi, tellement l'histoire de s'embarrasse pas de crédibilité et fonce bille en tête vers sa résolution. Ajoutons surtout que ce qui peut sembler un point faible est en fait une force, car il est toujours possible d'écrire des comics intéressants et qui vous prennent aux tripes, sans s'embarrasser d'une description minutieuse de ce que seraient les faits dans la vie réelle. Nous sommes ici face à du divertissement un peu grand guignol certes, mais bien écrit, qui respecte tous les codes et donne envie d'en savoir plus. Et ça tombe bien car tout ceci s'insère dans un projet beaucoup plus complexe et organique intitulé The Unnamed, c'est-à-dire une histoire alternative des États-Unis à travers les destins d'une série de nouveaux héros ou anti-héros, qui à travers les siècles apparaissent sans que personne ne puisse vraiment savoir grand-chose sur leurs identités et leurs agissements. Johns est accompagné de Gary Frank dans cette grande aventure, et c'est une bonne nouvelle, tant le trait précis, anatomiquement remarquable et ombrageux à souhait de l'artiste rehausse l'ensemble des idées du scénariste, pour donner une atmosphère captivante et par endroit lugubre à ce qui constitue une découverte jouissive. Oui on a vraiment beaucoup aimé Geiger, parce que cette bande dessinée ne souffre d'aucun complexe, ne se prend pas pour ce qu'elle n'est pas et avec une certaine forme de naïveté, elle parvient droit au but, c'est-à-dire nous faire vibrer tout en inventant un un terrain de jeu fascinant. 






GREEN LANTERN CORPS INTÉGRALE TOME 1 : RECHARGE


 Hal Jordan a beau être le Green Lantern le plus célèbre et efficace de tous les temps, il n'en est pas moins faible comme un humain. Ainsi, lorsqu'il cède à la peur et devient Parallax, il signe dans le même temps la disparition quasi totale du Corps des Green Lantern, cette police intergalactique dont tous les membres sont dotés d'un anneau vert, pour faire respecter la justice et l'héroïsme, dans tous les secteurs de l'univers. Alors qu'une guerre a éclaté entre les empires de Rann et de Thanagar, et que de nouvelles menaces pointent à l'horizon, les Gardiens de Oa (en gros, les supérieurs hiérarchiques des Lantern) décident qu'il est grand temps de reformer un Corps plus puissant et efficace. Comme d'habitude, Kilowog se charge de l'instruction des nouvelles recrues, tandis que Guy Gardner, toujours aussi arrogant et sûr de lui, commence à jouer les francs-tireurs. Il faut dire que d'étranges trous noirs apparaissent ça et là dans le cosmos, et engloutissent des planètes entières à leur suite. L'Arachnoguilde, des araignées spatiales aussi repoussantes que prédatrices, essaime aux quatre coins de la galaxie et met à rude épreuve ceux qui se dressent sur son chemin. De nombreux Green Lantern sont déjà mort au combat. Tout ceci sert d'introduction à la nouvelle série du Green Lantern Corps, présenté sous la forme d'une mini série en 5 volets intitulée Recharge, écrite par Geoff Johns et Dave Gibbons et dessinée par Patrick Gleason, qui à l'époque fut encensé pour son travail, mais qui démontre clairement qu'il avait encore besoin d'un peu de temps pour devenir celui qu'il est aujourd'hui. Autre personnage important dans cette résurgence de la patrouille verte et téméraire, Soranik Natu, qui est une brillante chirurgienne native de la planète Korugar. Là-bas, les Lantern ont laissé de bien piètres souvenirs, en raison du passif accumulé avec Sinestro. L'ancien dictateur local est passé du côté obscur (jaune) de la force, après avoir mis un monde entier sous sa coupe. Soranik a donc bien des réticences a enfiler l'anneau, puis beaucoup de mal à se faire respecter par les siens. 


Même s'il s'agit des aventures du Corps des Green Lantern, le personnage principal et récurrent s'appelle GuyGardner. Le scénario est en effet confié à un Dave Gibbons qui distille beaucoup d'humour tout au long de ces treize premiers épisodes, où la tête brûlée en provenance de la Terre s'en donne à cœur joie. Non seulement il ne respecte pas toujours le règlement à la lettre, mais certaines de ses remarques flirtent avec la misogynie et le mauvais goût… mais c'est pour ça qu'on l'aime, le Guy, son côté un peu transgressif, capable de penser hors des cases. Ici une de ses premières préoccupations est de pouvoir prendre enfin un peu de vacances et de repos bien mérité. Malheureusement, alors que cela semble enfin possible, Bolphunga se dresse sur sa route et profite du fait que son adversaire a momentanément ôté l'anneau de son doigt. Ce n'est qu'un court interlude de répit pour Gardner, qui va même un certain temps faire parti du "Cadavre", c'est-à-dire une sorte de branche bien particulière des Green Lantern, chargée des opérations secrètes et à qui il est demandé d'agir de manière radicale. C'est pour cela que très souvent les Lantern de la Terre ne sont pas sélectionnés, car leur sens moral et leurs atermoiements peuvent être fatales. Gardner est un fonceur et il est peut-être le seul à pouvoir s'adapter. La mission est de contrer le Dominator, dont le pouvoir grandissant devient un danger pour toute la galaxie. Et même à compter qu'il s'en sorte, Gardner aura ensuite affaire à une sombre histoire d'assassinat d'un de ses collègues, dont il est accusé à tort. En réalité, il est question d'une espèce de virus neuronal qui sévit sur Mogo, la planète Lantern, là où vont en général les membres du Corps pour se ressourcer quand ils traversent des épreuves trop délicates à digérer. Au niveau des dessins, Gleason s'améliore d'un épisode sur l'autre, gagne en confiance, avec tous ces personnages fantasmagoriques dont les différences font le sel de la série. Gibbons dessine lui-même quelques épisodes qui apparaissent dès lors un peu moins sombres, mais aussi avec des scènes plus figées ou artificielles. Si cette intégrale peut sembler un peu difficile à lire au départ, lorsqu'on n'est pas habitué à l'univers des Green Lantern, elle se révèle très attachante sur la durée. Chaque nouvelle aventure ne faisant que renforcer le merveilleux et le drolatique qui caractérisent ces pages. Au final on est impatient de découvrir les seconds et troisième tomes, tant il s'agit là d'une série sous-évaluée et qui mérite vraiment d'être mise en lumière (verte, bien sûr). 






JUSTICE SOCIETY OF AMERICA : LE NOUVEL ÂGE TOME 2


Mieux encore que des super-héros, voici venir les dieux. Car oui, certains des personnages qui peuplent nos célèbres comics books ne sont pas seulement des êtres doués de super pouvoirs, mais ce sont carrément des entités divines, qui furent vénérées à un moment de l'histoire, avant d'être oubliées. La justice Society of America de Geoff Johns met ainsi en scène Gog, cette créature extraordinaire, gigantesque et affublé d'un sourire narquois en permanence, qui semble posséder des pouvoirs illimités. Elle traverse l'Afrique d'un pas de géant, et partout autour d'elle, la végétation devient luxuriante, les problèmes humains sont réglés, y compris ceux parmi les super-héros qui ont accepté de le suivre dans un premier temps, pour le contrôler à distance. Exit les problèmes mentaux de Sandman ou le visage défiguré de Damage, par exemple. Sans oublier Power Girl, qui obtient ce qu'elle désire le plus, c'est-à-dire retourner chez elle, sur sa Terre. Gog récompense ses admirateurs, ceux qui le révèrent, par un geste de bonté qui en réalité apporte tout autant de malheur que de bonheur. Il y a un prix à payer pour toute chose et alors que les membres de la JSA le réalisent, Gog se dirige droit vers le Kahndaq, la patrie traditionnellement régie d'une main de fer par Black Adam… et les ennuis géopolitiques ne font que commencer. Pire encore, Gog s'est choisi un héraut du nom de Magog, en ressuscitant le capitaine David Reid, tombé au champ d'honneur. Il lui a accordé une partie de ses pouvoirs fabuleux et l'a transformé précisément en celui que le Superman de la terre 22 (l'univers de Kingdom Come) redoute le plus, car annonciateur de la terrible crise qui a dévasté son propre univers. Geoff Johns  place ses personnages dans une situation d'inconfort total. D'un côté le merveilleux et les miracles qui semblent possible, de l'autre le prix à payer pour tout cela, qui pourrait bien être fatal, y compris pour la planète. Les héros sont à deux doigts de se déchirer, et les notions de bien et de mal se brouillent pernicieusement.




Nous sommes toujours autant enchantés par le fait de retrouver ces épisodes qui datent d'il y a une quinzaine d'années, à l'époque publiés dans le mensuel DC Universe, qui était présenté par Panini comics. Il y a profusion de personnages, on pourrait craindre de se sentir un peu paumé, mais en réalité, chaque épisode permet de mieux encore appréhender tout cet aéropage qui finit par devenir très attachant, et une dynamique réelle se crée. Bien entendu, le hasard faisant souvent bien les choses, vous aurez remarqué que cet album tombe pile quelques semaines avant la sortie du film Black Adam au cinéma. C'est d'ailleurs lui qui fait la couverture et qui est au centre des derniers épisodes, où on retrouve le souverain du Kahndaq particulièrement énervé à l'idée de ce qui a pu se produire, c'est-à-dire la mort de sa bien-aimée Isis et de son frère Osiris. La jeune fille est finalement revenue parmi nous, mais dans une version sombre et dangereuse; elle essaie maintenant d'éliminer toute forme de vie sur Terre, selon elle le meilleur moyen de mettre fin à la violence généralisée. Ces épisodes sont potentiellement très intéressants mais malheureusement, on sent que nous allons bientôt toucher la fin du run de Geoff Johns.  C'est l'occasion de revenir sur toute la famille "Marvel" (Billy Batson et les autres) et de faire le point sur ces personnages qui sont encore un peu trop méconnus pour beaucoup. C'est aussi la suite directe de ce qui a pu être découvert dans un ouvrage actuellement disponible chez Urban Comics, La colère de Black Adam. Si ce sont des aventures intéressantes pour apprendre à se familiariser avec l'anti-héros, cela reste tout de même assez hermétique quand on a pas l'habitude de le fréquenter. Les toutes dernières pages de ce second volume sont consacrées à l'anniversaire de Stargirl et à une aventure un peu quelconque de "possession", qui permettent d'insister sur le caractère familial qui unit tous les membres de la justice Society of America. Côté dessinateurs, mettons principalement en valeur Fernando Pasarin, qui accomplit un travail remarquable, ou encore Dale Eaglesham, qui apporte puissance et volume à ses personnages… sans oublier bien sûr Alex Ross et son style photoréaliste de grand impact, qui est présent ici en raison des liens tissés avec l'un de ses chef-d 'œuvres, Kingdom Come.  Un second tome qui peut donc sembler inégal par endroit, mais qui reste tout de même fortement recommandé pour tous ceux qui aiment ces personnages si intéressants du sous-bois DC Comics. En tous les cas, je n'ai pas boudé mon plaisir avec cette JSA par Geoff Johns. 

Tome 1 : critique ici 


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JUSTICE SOCIETY OF AMERICA TOME 1 : LE NOUVEL ÂGE


Si la Justice League représente la réunion des super-héros les plus puissants de l'univers DC, une formation de gros calibres pour affronter les crises les plus dramatiques, la Justice Society of America ressemble quasiment à une famille. C'est que le concept de transmission, d'héritage, s'y développe pleinement. Au départ les personnages qui la composent sont ceux qui sont nés avec l'âge d'or des comics, dans les années 40. Des super-héros vieillissants qui ont été mis officiellement à la retraite en 1986, avec la célèbre saga Crisis on Infinite Earths, censée simplifier grandement la généalogie des histoires publiées jusque-là. Mais on ne peut pas mettre de côté des individus aussi attachants; c'est pourquoi peu à peu ils ont fait leur retour, au point que dans les années 90 Geoff Johns leur offre une nouvelle série à la hauteur de leurs compétences. On y retrouve le premier Flash des origines (Jay Garrick) mais aussi le Green Lantern originel (Alan Scott), un combattant hors pair comme Wildcat, et également des personnages plus jeunes comme Power Girl, Hourman et Liberty Belle, ou carrément récents et proposés pour l'occasion, comme Stargirl, une jeune héroïne ultra sympathique qui a été inspirée au scénariste par sa jeune sœur tristement décédée. Aujourd'hui vous la connaissez bien, car elle a aussi sa propre série sur le réseau CW. Dès le départ le ton du récit est donné : il sera question de super-héroïsme, mais en même temps d'une attention aux détails du quotidien, aux liens qui unissent tous ces personnages. Par exemple nous allons nous attarder sur l'arrivée d'une toute jeune rouquine (Cyclone) qui fait son entrée au sein de la JSA avec des étoiles plein les yeux. Cela dit sa première réunion est interrompue par le cadavre de Mister America, qui défonce la verrière et s'écroule sur la table. C'est qu'il a été pris en chasse et battu à mort par un individu qui a précédemment exterminé toute sa famille. Car oui, dans l'ombre, quelqu'un tente de mettre fin une bonne fois pour toute à l'héritage de ces grands héros de l'âge d'or. Le récit a été publié pour la première fois il y a si longtemps que je ne pense rien révéler de décisif en assurant qu'il s'agit de Vandal Savage; qui pour l'occasion s'est
acoquiné avec une bande de super méchants nazis. Nous suivons également l'arrivée de Starman au sein de la formation. Un visiteur d'un autre univers dont le psychisme est totalement fragmenté, au point de le faire flirter avec la folie permanente. Tout cela donne un ensemble assez dysfonctionnel mais qui donne vraiment envie d'être là, de les côtoyer au quotidien. La JSA, ce sont des super-héros certes puissants, mais on sent l'amitié, l'amour, l'entraide, dans chacun de leurs actes, et en cela Johns à effectué un remarquable travail. 




C'est cela qui me plait tant dans cette série. L'émotion qui suinte de certains des épisodes, les relations humaines qui sont aussi importantes que les actes de bravoure. C'est d'autant plus criant quand Johns offre des "interludes" centrés sur un personnage en particulier. Le nouveau Commander Steel, appelé Citizen Steel, dont l'amputation d'une jambe n'est que le prélude à une seconde carrière, après un autre drame effroyable, quand sa famille est massacrée par des nazis lors d'un picnic anodin. Ou encore Liberty Belle (autrefois Jessie Quick) dont le désir de perfection a eu de tristes répercussions sur ses relations familiales, avant de comprendre que les défauts sont inhérents au genre humain. Cette JSA là trouve toujours des ressources insoupçonnées dans l'union, qui pour le coup fait vraiment la force. Rien de surprenant à voir apparaître certains membres de la Légion des Super-héros, lors d'un crossover avec la Justice League, car c'est un peu le même principe qui anime ces amis disposés à tout pour venir en aide les uns aux autres. Cette état d'esprit est aussi mis à rude épreuve quand débarque un nouveau Superman massif et plus âgé, en provenance d'une Terre (celle de Kingdom Come) qui a cessé d'exister, et où le super-héroïsme s'était transformé en une doctrine agissante qui ressemble à une forme de fascisme. Plongé dans un univers qui lui est inconnu, mais avec nombre d'exemples vertueux sous les yeux, ce Superman là peut aussi se rapprocher de Power Girl, elle aussi personnage "déplacée" en provenance d'une autre réalité, depuis effacée, et qui porte en elle un lourd sentiment de solitude. Tout ceci n'étant en fait que le prélude à une crise majeure, qui arrive... Cet énorme pavé est en majorité dessiné par Dale Eaglesham (héros puissants, musculeux, trapus, une noblesse qui suinte des poses, des muscles) et Fernando Pasarin (un style plus souple, plus classique, parfait pour ce genre d'orgie à super pouvoirs) et esthétiquement il y a peu à dire, si ce n'est que c'est fort plaisant, d'un bout à l'autre, ce qui contribue à faire de cette JSA un excellent moment de lecture, une petite utopie de ce que devraient être nos chers héros de papier, animés par la justice, l'héroïsme, la solidarité. 



BATMAN TROIS JOKERS : QUI SONT LES JOKERS DE GOTHAM ?


 Il y a 3 ans de cela, dans la série Justice League, Batman était parvenu à se hisser sur le fauteuil de Metron, qui comme chacun le sait (ou bien ne le sait pas) permet d'accéder à un savoir omniscient, suprême. L'occasion de poser les bonnes questions pour obtenir les réponses qui vous manquent. Bien entendu, s'il est une question qui brûle les lèvres de Batman et des lecteurs de ses aventures, c'est clairement l'identité réelle du Joker, un personnage mystérieux au sujet duquel il est possible de savoir quelques bribes de son passé, à partir d'informations fragmentaires et contradictoires, disséminées au long de nombreuses années de parution. Alors Batman pose la question: qui est vraiment le Joker? La réponse est surprenante, puisque le lecteur reçoit un coup dans le sternum! Il n'y a pas un seul Joker mais il y en a trois à Gotham! La révélation fait son effet, mais elle est suivie de pas grand-chose, puisqu'il faudra attendre très longtemps avant que Geoff Johns propose enfin une aventure qui explicite cette illumination impromptue. Le titre est d'ailleurs assez clair en ce sens; Trois Jokers, l'heure est donc venue de voir qui ils sont et d'en savoir plus sur ces individus. On trouve le comique, le criminel et le clown, qui correspondent à différentes époques de la carrière de ce dingo qui n'a pas toujours eu le même modus operandi, ni même le même aspect physique. Les méfaits dont il s'est rendu coupable servent aussi de leitmotiv à cette mini série en trois parties, publiée sur le Black Label, car Batman n'est pas seul pour mener l'enquête. Il est bien entouré de Barbara Gordon, alias Batgirl, et de Jason Todd alias Red Hood; la première a eu la fâcheuse surprise un jour, en ouvrant la porte de chez elle, de se faire abattre à bout portant par le Joker. Elle en est restée paralysée de nombreuses années et certains exégètes des comics lisent même dans cette mésaventure l'histoire d'un viol. Quant à Jason, lui, il a carrément été assassiné à coups de barre à mine derrière la tête, réduit à l'état de bouillie dans la terrible histoire Un deuil dans la famille de Jim Starlin. Bref le trio qui se lance à la poursuite des trois jokers possède une liste de traumatismes et de griefs longue comme le bras, de quoi nourrir un ressenti et une haine féroces. 




Du coup les réactions des uns et des autres sont passionnantes. Batman est fidèle à son habitude. Le corps parsemé des cicatrices que ses derniers combats contre le Joker ont laissé, il reste ce bloc granitique pétri de convictions et de motivation, que rien ne semble ébranler, et qui garde pour lui ses petits secrets bien pratiques. Barbara a utilisé le terrible traumatisme subi pour devenir une version encore meilleure d'elle-même, ce qui nécessite une grandeur d'âme et un courage qui forcent l'admiration. Jason lui n'a pas les idées très claires, et c'est la hargne qui domine; l'envie de répandre à son tour la cervelle des Jokers sur le trottoir est ce qui dicte ses agissements. Clairement, un comportement aussi radical ne peut qu'entrer en collision directe avec les idéaux des deux autres, encore que dans un cas aussi extrême que celui qui est présenté dans cet album, il est concevable qu'il faille tôt ou tard cesser de faire la fine bouche et embrasser la noirceur. Mais bon, diront nombre de lecteurs parmi vous, alors, on le sait ou pas, qui est le Joker, qui sont ces Jokers? La réponse est ambiguë. Tout d'abord je ne souhaite pas vous gâcher la surprise, ensuite il faut que vous compreniez que l'idée que l'identité du clown meurtrier (ici décuplée par la grâce d'un subterfuge narratif un peu dur à avaler, et surtout fragile en terme de motivations réelles) n'est pas si décisive, pour la compréhension et l'acceptation de ce qu'incarne cette sinistre figure du crime. Et contrairement à nombre d'avis parcourus ça et là sur Internet ces dernières semaines, je considère que le final choisi par Geoff Johns est assez malin, et qu'il possède une vraie crédibilité, en ce sens qu'il s'insère bien dans la logique de déduction et dans la pensée rationnelle de Batman. Pour ma part donc, ce n'est pas un coup dans l'eau, c'est le triomphe de la rationalisation et un choix qui se tient. Dulcis in fondo, de la première à la dernière page nous avons le droit à un petit festival Jason Fabok, qui dans son style "épigones de Jim Lee, Gary Frank ou David Finch" est assurément le représentant moderne le plus crédible. Depuis l'arrivée des New 52 sa progression a été exponentielle et il est aujourd'hui un des artistes les plus susceptibles de pousser le novice à l'achat, et de rassurer dans le même temps l'ancien exigeant. Trois Jokers est soigné, sombre à souhait, structuré comme un hommage aux grands classiques, et vous auriez tort de vous en priver. A charge pour vous de choisir entre cover régulière ou une des belles variantes qu'Urban Comics propose pour l'occasion.


 


FLASHPOINT REVIENT : JOYEUX DIXIÈME ANNIVERSAIRE


 Petite anticipation sur le sommaire du prochain numéro de UniversComics Le Mag' (parution prévue le 1 juillet), un long article sur Flashpoint, à l'occasion des dix ans de ce récit qui marqua un nouveau départ pour l'aventure éditoriale DC comics (les New 52) et son adaptation française (Urban Comics publie ses premiers kiosques). Aujourd'hui on se contente de vous rappeler de quoi il s'agit.

En gros, la chose principale à retenir est que Flashpoint constitue ce moment crucial qui a amené l'éditeur (DC) à relauncher son univers narratif. Pour les novices, relauncher ça veut dire faire repartir les séries du premier numéro, sans hésiter à changer parfois drastiquement les origines et les caractéristiques des personnages. Un grand retour à la case départ. Tout commence un beau matin où Barry Allen s'est assoupi au travail, et grand mal lui en a pris. Quand il émerge du brouillard, c'est pour reprendre pied dans un monde totalement différent de celui qu'il fréquentait avant la sieste. Nous autres lecteurs sommes les seuls, avec Barry, a nous rendre compte de suite que rien ne va. En effet, le grand héros de la ville (encore que très contesté par la police elle même) semble être un certain Citizen Cold, qui fait bien sur écho au Captain Cold que nous connaissons pour être un vilain historique (membre des fameux Lascars) ennemi de Flash. Barry est d'autant plus stupéfait qu'il se retrouve sans son anneau et ses pouvoirs, et que la première personne qu'il rencontre, en quittant son lieu de travail, n'est autre que sa mère, pourtant décédée depuis des années. Nous y sommes, l'univers Dc va changer a jamais. Le monde aussi semble au bord de l'implosion, avec deux factions antagonistes (menées par Wonder Woman et Aquaman) qui sont en guerre, et ont déjà ravagé une grande partie de l'Europe. La reine des Amazones a conquis l'Angleterre alors que le Seigneur des mers a fait sombré le continent sous les flots. Apparemment, la présence de Batman sera nécessaire pour que les héros de cet univers puissent avoir une chance d'éviter la catastrophe finale qui s'annonce. Oui, mais de quel Batman parlons nous, durant Flashpoint? Certainement pas Bruce Wayne, qui a été tué dans une ruelle de Gotham, sous les yeux de Thomas, le père, qui va devenir, pour cette raison, qui vous savez...



C'est toujours un plaisir, dans ce type d'aventure, de voir à quelle sauce les personnages que nous connaissons vont nous être reproposés. Dans le monde de Flashpoint, par exemple, Superman n'est qu'un alien rachitique détenu dans un centre de recherches ultra secret, sans le moindre contact avec le monde extérieur. Batman n'est pas le Wayne que nous attendons, Aquaman et Wonder Woman sont des belligérants qui mettent la Terre à genoux pour assouvir leur contentieux. Geoff Johns n'a que cinq numéros pour convaincre (mais en parallèle les séries Dc s'étaient mis au diapason de l'événement et nous relataient les détails que la vue d'ensemble ne faisait qu'effleurer. Pour le moment, ça reste de l'inédit en Vf dans la grande majorité des cas, mais Urban Comics démarre en juillet une très belle initiative du nom de Monde de Flashpoint, avec précisément beaucoup de ces aventures!) mais il y parvient sans mal, à coup de scènes chocs (Flash qui se soumet à la chaise électrique pour recouvrir ses pouvoirs, ou Paris sous les flots, la Tour Eiffel émergeant, brisée) et de relectures intelligentes. Jusqu'à la révélation finale, où le grand méchant de l'histoire n'est pas forcément celui que l'on attend, démontrant si besoin est que les meilleures intentions peuvent avoir de bien néfastes effets lorsqu'elles sont motivées par un poil d'égoïsme. Aux dessins, Andy Kubert, toujours aussi incisif, au trait nerveux, saillant, qui livre une prestation de haute qualité, avec des planches vraiment percutantes. Bref, un cadeau idéal pour ceux qui souhaitent se procurer le point de départ d'une révolution sans précédent, et qui faisait aussi écho à l'arrivée d'un nouvel éditeur Vf pour Dc comics, en la personne d'Urban Comics, qui fit ses premiers pas avec la première édition de ce Flashpoint ultra recommandable, qui est donc de retour en librairie pour une version anniversaire. Soufflez vite les bougies avant que Barry ne s'enfile tout le gâteau! 

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DOOMSDAY CLOCK : QUAND WATCHMEN RENCONTRE SUPERMAN ET LES HEROS DC


Depuis les tous premiers instants de l'univers DC Rebirth, nous savions que le petit monde de Watchmen et celui de Superman et consorts allaient se télescoper de manière spectaculaire. C'était donc une des attentes principales des lecteurs ces dernières années : quand et comment ceci allait se produire. La réponse se présente sous forme d'une apocalypse qui approche, aussi bien chez Watchmen, puisque le plan d'Ozymandias n'a pas empêché le monde entier de se trouver sur le bord de l'extinction, que sur la Terre traditionnelle de Batman et ses amis, là où un vaste complot, "la théorie des Supermen" remet en question l'existence et l'identité mêmes des super-héros, qui sont accusés d'être en réalité des projets gouvernementaux américains. D'ailleurs 97 % des méta-humains sont de nationalité américaine, et c'est sur la base de cette évidence que les esprits s'échauffent. Là aussi un conflit nucléaire total se dessine dans les marges de l'histoire. Si les deux univers narratifs se croisent, c'est parce qu'à un moment donné Ozymandias (encore lui) et le nouveau Rorschach parviennent à atteindre "notre" dimension, emmenant avec eux deux criminels du nom de la Marionnette et du Mime; ces deux personnages extrêmement violents et psychotiques sont les réussites de la première partie de l'album. Nous retrouvons aussi le Comédien qui est du voyage. C'est pourtant sa mort qui permet à Watchmen de prendre son envol, mais vous le savez, rien est immuable dans les comics, surtout lorsque vous avez une créature comme le docteur Manhattan qui se permet de jouer avec la réalité. Ainsi il décide un petit matin de venir faire un tour de par chez nous pour y modifier la continuité DC Comics selon son bon vouloir... quelques-uns des héros de Watchmen sont donc sur les traces du nudiste bleu, pour le convaincre de mettre un terme à l'apocalypse qui vient... encore faudrait-il le retrouver!



Doomsday Clock (écrit par Geoff Johns) est un récit très exigeant et dense; il y a énormément d'informations, de choses à lire, d'ellipses narratives et il faut insister pour relier tous les points entre eux, et voir enfin quelle est la tapisserie qui se dessine sous nos yeux. Nous avions publié l'interview du traducteur français, Edmond Tourriol, dans notre revue du mois d'octobre et nous ne pouvons que saluer son travail qui s'apparente à une fatigue titanesque. L'ensemble peut même se diviser en deux grandes parties; une première où les pions se mettent en place sur l'échiquier, et où finalement les interactions entre les deux univers se jouent surtout au niveau de tous les dingos qu'on peut y rencontrer, aussi bien le Joker et la galerie des ennemis de Batman, que la Marionnette et le Mime déjà cités... ainsi que Rorschach qui n'a pas complètement toute sa tête, même dans cette version. La seconde partie est elle plus super héroïque, les grands noms de l'univers DC  sont pointés du doigt et la tension géopolitique est à son comble. Le seul qui semble être encore digne de confiance dans cette histoire c'est Superman, et c'est vers Lui que tous les regards vont donc se tourner. C'est d'ailleurs Superman qui pourrait bien être la Némésis définitive du docteur Manhattan. 
Cet album est une remise en question permanente du statut même de super-héros. L'incongruité ou même parfois l'absurdité de ce qui permet à tous ces personnages de cohabiter ensemble et de danser perpétuellement ce ballet de vie et de mort, depuis des décennies, est ici décortiqué, et c'est l'essence même du super héroïsme qui est éviscéré, permettant ainsi au lecteur de prendre le recul nécessaire pour se forger une opinion différente sur ses lectures à super pouvoirs. L'ensemble est magnifié par le dessin de Gary Frank, qui fidèle à son habitude donne dans le réalisme et la minutie de chaque case, caractérisant parfaitement les personnages, rendant une copie toujours lisible et spectaculaire. Le seul véritable défaut de Doomsday Clock, c'est probablement ce qui vient après, quand on tourne la dernière page... nous avons envie de dire aux responsables de DC Comics : et maintenant, quelles leçons allez vous tirer de tout cela? Très honnêtement, à ce jour, nous nous posons encore la question. 


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PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...