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FRANKENSTEIN OU LE PROMÉTHÉE MODERNE : LE MYTHE INÉPUISABLE


Adapter en bande dessinée un roman aussi dense et emblématique que le célébrissime Frankenstein gothique de Mary Shelley est un défi que peu d’artistes peuvent relever. C’est pourtant ce qu’ont accompli Sergio A. Sierra et Merritxel Ribas Puigmas, dont l’œuvre (Frankenstein ou le Prométhée moderne), initialement publiée chez Petit à Petit, est aujourd’hui rééditée par les éditions Bamboo sous leur label Aventuriers & Ailleurs. Longtemps indisponible, cette version bénéficie désormais d’une mise en couleur subtile : des touches de rouge viennent rehausser les planches originales, réalisées sur papier à gratter. L’histoire nous plonge dans le parcours de Victor Frankenstein, un jeune homme qui grandit à Genève avant de rejoindre l’université d’Ingolstadt. Là, il se consacre à des études mêlant philosophie, chimie et anatomie, avec un but ultime : percer le secret de la vie, franchir cette frontière insondable qui sépare l’existence de la mort. Mais lorsque l’on s’aventure sur des chemins inexplorés, on peut être tenté de s’affranchir des limites morales… Comme chacun le sait, Victor Frankenstein finit par assembler une créature à partir de morceaux de cadavres et par lui insuffler la vie grâce à l’électricité. Or, dès l’instant où l’être ouvre les yeux, le scientifique comprend son erreur. Terrifié par le fruit de son ambition démesurée, il abandonne aussitôt celui qui, d’un certain point de vue, pourrait être considéré comme son fils. Livré à lui-même, rejeté de toutes parts, le monstre prend conscience de sa propre existence à travers le mépris et le dégoût qu’il inspire. Condamné à l’exclusion et à la solitude, il ne tarde pas à être submergé par une douleur profonde qui, peu à peu, se mue en désir de revanche contre ceux qui lui refusent toute place parmi les hommes.



La méthode de travail de la dessinatrice espagnole Merritxel Ribas Puigmas consiste donc à extraire de l'obscurité des traits, puis des formes, ce qui, bien évidemment, convient parfaitement à ce type de récit gothique. D'ailleurs, son Frankenstein est omniprésent : même lorsqu'on ne le voit pas, il est là, tapi dans l’ombre, une sorte de spectre dont on ne peut se défaire et qui, peu à peu, élimine les êtres les plus chers à celui qui lui a donné vie, le scientifique Victor Frankenstein. Pour autant, ce n’est pas un monstre sanguinaire et dénué de raison. Bien au contraire, c'est une créature pathétique qui aspire à ce qu’un regard se pose sur lui, comme un enfant cherche désespérément l’attention de son père pour lui prouver sa valeur. Mais voilà : Victor Frankenstein l’a créé dans un moment de faiblesse, emporté par un sentiment de toute-puissance, avant de paniquer face aux conséquences de son acte. Ironiquement, c’est l’inverse qui se produit lorsqu’il entreprend de façonner une compagne pour sa créature : cette fois, sa conscience lui intime de renoncer à cette collaboration impie et de condamner à une solitude éternelle le fils déviant qu’il a engendré. On ne s’ennuie pas un seul instant dans cette bande dessinée publiée chez Bambou, le rythme est parfaitement maîtrisé, les rebondissements s’enchaînent avec clarté, et c’est un plaisir de redécouvrir un classique de la littérature toujours aussi actuel et foisonnant. Graphiquement, l’œuvre se distingue par une grande intelligence et un style personnel qui ne cherche pas à flatter le lecteur, mais l’emmène sur son propre terrain : celui d’une expressivité redoutable, qui fait mouche à chaque planche. Une des adaptations les plus réussies que vous pourrez dénicher, quel que soit le support !


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CREATURE COMMANDOS PRÉSENTE FRANKENSTEIN : DES MONSTRES CHEZ URBAN COMICS


 Il a fallu la sortie de la série d'animation Creatures Commando, qui vient enrichir le nouvel univers cinématographique de DC cher à James Gunn, pour qu'Urban Comics repêche dans les limbes des années passées certaines des aventures de Frankenstein, écrites par des auteurs de renom, puisque nous avons au scénario l'écossais Grant Morrison puis le canadien Jeff Lemire. Dans un premier temps, Morrison, épaulé par le dessinateur Doug Mahnke, nous propose Seven Soldiers : Frankenstein, une histoire articulée en quatre parties. C'est l'occasion de réécrire un peu le mythe du personnage, de le présenter sous un nouveau jour, avec une bonne part de coolitude mais aussi une diction et un langage Shakespearien, qui font de lui une sorte de monstre savant et inflexible. Dès le premier épisode, on le retrouve dans la cour d'un lycée où un jeune homme mal dans sa peau et acnéique va devenir le centre d'un terrible changement, provoquant chez tout ses camarades une forme de suicide parasitaire, les faisant tous devenir des adolescents adorateurs mal dans leur peau, à sacrifier pour des créatures qui vont se nourrir de leur déchéance. Frankenstein est ensuite envoyé sur Mars où là aussi il va devoir affronter des créatures horribles et aux visées hégémoniques, avant de redescendre sur Terre ou l'attend une sombre histoire d'eau contaminée, qui transforme les cellules des humains et les rend cancéreuses. Comme toujours dans les récits de Morrison, il faut lire attentivement si on veut y comprendre quelque chose. Le scénariste a des goûts littéraires assumés et il ne tombe jamais dans la facilité, au risque même de sembler parfois hermétique et de passer du coq à l'âne d'un épisode à l'autre, dans des césures marquées. Mahnke est en tous les cas un excellent choix pour seconder toute l'étrangeté et la monstruosité qu'il peut convoquer dans ces histoires.



Pour la seconde partie de cet album, Jeff Lemire emmène Frankenstein directement au QG du S.H.A.D.E. une de ces organisations top secrète que l'on trouve dans l'univers des comic books. Celle-ci a décidé de regrouper toute une armée de "monstres", dont fait partie Frankenstein, mais aussi son (ancienne) épouse par exemple et une nouvelle mouture d'un loup-garou et d'un vampire. L'ensemble a comme quartier général la Fourmilière, un globe indestructible qui ne fait que 8 cm de diamètre, grâce à la technologie réductrice du docteur Palmer, et qui contient un univers fantasmagorique à l'intérieur, où ont lieu des expériences folles et des prouesses technologiques.  Tout ceci va être bien utile pour contrer l'arrivée d'une planète monstre, puis ensuite affronter la créature connue sous le nom de OMAC, avant de devoir se mesurer à la révolution des humanides, des êtres artificiels employés comme main d'œuvre et dont l'existence de vie ne dépasse pas 24 heures à l'intérieur de la fourmilière. C'est l'italien Alberto Ponticelli qui dessine ces épisodes qui fonctionnent plutôt bien et jouent la carte de l'humour pour unir tous les personnages monstrueux. Nous sommes là en 2012 et ces aventures qui étaient restées jusqu'ici inédites sont incontestablement déjà un peu datées, mais elles ont le mérite d'être suffisamment pétillantes pour retenir l'attention du lecteur. Globalement, une parution qui fait le job mais qui risque d'avoir bien du mal à se démarquer, au milieu de toutes les propositions de la rentrée.



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