DEADPOOL & WOLVERINE : AVEC MARVEL STUDIOS C'EST POSSIBLE !


 C'est le moment de bascule, l'heure où il faut grandir, concrétiser tous les espoirs ou au contraire péricliter inéluctablement. Les films de super-héros Marvel au cinéma ont connu leur heure de gloire et ces temps derniers, essuyé aussi un certain nombre de revers, que les obstinés essaient de minimiser ou oublier, alors qu'ils sont sous les yeux de tout le monde. Entre des séries pas forcément convaincantes et transformées en spectacles douteux, à coups de blagues potaches (quand elles ne sont pas purement et bêtement insignifiantes, comme Secret Invasion ou Echo) ou de films ayant pour vedettes des personnages mineurs qui n'intéressent pas les foules, l'univers Marvel a fini par se regarder le nombril d'un peu trop près et il ressent aujourd'hui le besoin de relancer une toute nouvelle phase, celle de la reconquête, du grand coup de pied dans les fesses. Avant d'entamer cette nouvelle existence, l'heure est au funérailles; celle de la Fox, d'un univers parallèle principalement centré autour des mutants, qui a accouché de belles réussites (Logan est un vrai film, absolument splendide) mais aussi de quelques nanars qu'on préfère oublier. Du coup, un grand nombre des personnages que nous avons rencontré (ou pas) au fil des ans, comme Blade, Elektra, Gambit, X-23, La torche Humaine, sont réemployés dans ce Deadpool & Wolverine, ce qui constitue par ailleurs l'une des raisons principales pour laquelle les fans de comics ressentaient une impatience évidente avant l'arrivée du long-métrage. Qui allait bien être présent à l'écran, dans quel rôle, quelle version, puisqu'il s'agit d'explorer les couloirs des réalités parallèles, avec cette désormais parfaite excuse que constitue le TVA, sorte d'organisme chargé de veiller sur toutes les lignes temporelles et éviter les anachronismes. Deadpool est à considérer comme un ennemi en ce sens : il a décidé de sauver sa réalité, pourtant destinée à être inéluctablement effacée, depuis que Wolverine y est décédé. Son plan : aller chercher un autre Logan pour prendre la place de celui qui s'est sacrifié. Oui mais voilà, quel Logan ? Là encore, les clins d'œil à toute les versions présentes dans les comics (Patch, le costume marron, le costume jaune, l'ère d'Apocalypse…) vont forcément faire sourire et emporter l'adhésion des Marvel zombies, qui pour une fois sont considérés comme le cœur de cible de l'ensemble. Pour apprécier pleinement Deadpool & Wolverine, il vaut mieux en effet connaître un minimum les comics ou au moins avoir vu les films mutants précédents, au risque d'être perdu et de passer à côté de toutes ces références pour initiés.



Reste bien entendu à aborder le point principal, lorsqu'on parle de Deadpool, à savoir le film est-il vraiment drôle ? Vous connaissez déjà la réponse avant même de vous rendre en salle. Tout dépend de votre sensibilité par rapport aux deux premiers et à ce qui constitue l'humour de base du mercenaire avec une grande bouche. Pour être plus clair, l'essentiel des blagues fait mouche en tapant en dessous de la ceinture, voire même en lorgnant vers la scatophilie ou l'absurde pur et simple. Il faut aussi mentionner le rythme : ce sont de véritables rafales qui partent en direction des spectateurs et il y a très peu de moments sérieux, pour ne pas dire qu'il n'y en a pas ! Wolverine, par chance, n'est pas transformé en un personnage ridicule qui sert de faire valoir et qui lui aussi s'adapterait au ton de Deadpool. Il est parfois obtus, découragé, sauvage, ce qui donne l'occasion de plusieurs scènes de combat dantesques entre les deux amis/ennemis, notamment une où ils sont en train de se découper à coup de griffes et de couteaux à l'intérieur d'une voiture, qui est parfaitement réussie en termes de ballet sanglant et de coups bas. Ce Deadpool & Wolverine a une qualité indéniable, la capacité de proposer un ennemi majeur, Cassandra Nova, qui parvient assez rapidement à convaincre le spectateur de sa dangerosité et qui possède suffisamment d'arguments pour tenir en échec tous les personnages qui se dressent devant elle. Le troisième volet est donc loin d'être mauvais et il bénéficie en plus d'une année 2024 où les sorties super-héroïques n'ont pas connu le rythme effréné des précédentes. L'attente a probablement ravivé quelque peu le désir ! De plus, s'appuyer sur tout ce qui a été fait auparavant, y compris ce qui clairement n'a pas fonctionné, pour une sorte d'hommage choral qui accepte le pire et le meilleur de Marvel au cinéma, permet de dresser un bilan assez malin et surtout de donner envie de voir la suite. Hugh Jackman qui reprend son rôle de Wolverine, c'est un peu un cadeau qui est fait à tous les fans du monde entier et en même temps, l'aveu que personne n'est pour l'instant en mesure de le remplacer, tout comme il sera bien difficile de se priver de Robert Downey Jr, qui de Tony Stark est désormais destiné à incarner Fatalis. Il y a de ces personnages Marvel qui ont trouvé une incarnation quasi parfaite sur grand écran et comme le veut une des blagues récurrentes de ce film, les acteurs doivent s'attendre à être exploités jusqu'à la dernière ride, jusqu'à leur 90 ans ! En attendant, mettez votre cerveau sur pause, ne demandez pas à ce Deadpool & Wolverine ce qu'il n'est pas ou ne promet pas, et prenez le pour un simple divertissement régressif qui s'inscrit dans la droite ligne des deux premiers. Alors, il y a de fortes chances pour que vous ressortiez satisfaits de la séance. Si vous avez par contre de véritables ambitions cinématographiques ou prétendez que l'on creuse un peu les enjeux et la psychologie de Deadpool, contentez-vous des comic books, car il n'y aura pas grand-chose pour vous, tout au long de ces deux heures.



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