Un peu de géographie Marvel, pour débuter. L'île de Genosha, ça vous dit quelque chose? Cette parabole de l'Afrique du Sud du siècle dernier doit sa fortune à l'exploitation sans vergogne des mutants. Sur Genosha, ces derniers sont traités comme du simple bétail à haut rendement, tout le contraire d'êtres humains dotés de droits et de sensibilité. Le gouvernement local est clairement un ennemi redoutable pour les X-Men, qui ont déjà essuyé un revers (X-Factor, pour être précis) lors d'une attaque en territoire américain, quelque temps auparavant. Rien de bien surprenant alors, qu'un assaut soit donné à la base même de nos héros, et que certains d'entre eux se retrouvent enlevés, comme Tornade, Rahne, ou encore l'extra-terrestre Warlock, Rictor, et Boom-Boom (nom Vf ridicule pour Boomer en Vo). Ce sont les magistrats de Genosha, une force de frappe radicale et armée, avec derrière elle le perfide Cameron Hodge revenu sur scène dans un corps cybernétique, qui sont les responsables du coup de force. Les captifs sont soumis au processus génétique habituel, permettant d'en faire des esclaves dociles et privés de leurs facultés ordinaires. C'est assez effrayant de voir ces êtres vêtus de combinaisons moulantes et dotés de numéros de série, et cela rappelle les pires heures de l'histoire de notre XX° siècle qui s'y connaît en horreurs de masse. Second acte de ce crossover, le débarquement des barbouzes mutants sur l'île, pour secourir leurs frères prisonniers. Avec Psylocke, Wolverine bien mal en point, aux pouvoirs déclinants (facteur auto-guérisseur), et la jeune asiatique Jubilé qui le suit partout comme un gentil toutou partagé entre admiration/fascination et répugnance. Une fois sur place, les X-Men se heurtent aussi au Docteur Moreau, le généticien à la base de ces opérations qui mutilent dans l'âme et la chair les cobayes qui lui passent entre les mains. Moreau est un pourri, un apprenti sorcier qui a commis des atrocités, mais c'est aussi un patriote, et ses actes peuvent se lire également comme la peur et la décision radicale d'un homme qui a perdu la foi et l'espoir, et opté pour une solution drastique, afin de sauver ce qui lui semble en péril. Autre coup de théâtre dramatique, nous réalisons que parmi les oppresseurs figure un certain ... Alex Summers. Havoc n'est plus tout à fait lui même non plus, et il bosse pour l'ennemi.
Il se passe énormément de choses durant ce crossover qui concerne trois séries régulières, à savoir Uncanny X-Men, X-Factor et New Mutants. Trois fois trois épisodes, soit neuf au final. Chris Claremont est bien sur l'architecte déclinant de cette aventure. Près de la sortie, après des années à forger le destin des mutants, il truffe son récit d'événements et de micro-événements, exagère avec les dialogues, le pathos, et parvient à ses fins comme d'habitude, avec une lente réunion de tous les mutants arborant le X, et un ultime crossover haletant avec un ennemi crédible et sortant du conflit habituel entre le grand et preux héros et le super vilain du moment. La politique et ses arcanes, l'esclavagisme et ses épigones, voilà de quoi donner du blé à moudre au démiurge des X-Men. A ses cotés, on trouve Louise Simonson, qui préfère une approche du problème plus radicale, plus bourrin. On arrive au dessin. Mesdames et messieurs, Jim Lee le maître est à l'oeuvre ici. On devine un artiste majeur, on admire des planches plastiquement impressionnante et usant de poses lascives, sexy, fières, iconiques, et on savoure les années à venir en se disant que les mutants ont de la chance d'avoir un tel as dans la manche. Et puis après le beau temps, c'est le déluge. Les giboulées, même, avec Jon Bogdanove, qui sort une prestation dégueulasse sur X-Factor. C'est mon pire souvenir de lecture, au niveau iconographique, de mes années d'étudiant. Certaines cases sont si vilaines, avec des visages grossiers et finis à la hâte et du pied gauche, qu'on peine à comprendre comment Marvel a pu accepter et payer un tel torchon. Surtout que l'artiste n'est pas le premier venu, et qu'il a du talent, le bougre! On saute ensuite sur le cas Rob Liefeld. Tout a déjà été dit et redit, dois-je en rajouter? Le dynamisme et l'action sautent aux yeux et assaillent le lecteur, qui se demande tout de même où a bien pu passer le concept de proportion, et a l'impression d'avoir avalé un tube de champignons hallucinogènes entre un épisode et l'autre. Liefeld et ses tics d'artiste, ses détracteurs et ses admirateurs, à jamais. Bilan de tout cela? Nous apprécions la capacité de dépeindre un univers aliénant, ces mutants au crâne rasé, prisonniers de leurs tenues moulantes, dépossédé de l'esprit et de la liberté la plus fondamentale, traités comme du bétail au nom de la réussite économique d'un état esclavagiste. Et nous nous souvenons avec ironie de quelques scènes mythiques, comme Scott et Alex Summers se rouant de coups en shorty, ou le baiser fougueux entre Jean Grey et Wolverine, qui n'a pas du faire plaisir à Scottie, justement. Le genre d'histoire qu'on aime détester, et qu'on déteste admettre aimer.
Il se passe énormément de choses durant ce crossover qui concerne trois séries régulières, à savoir Uncanny X-Men, X-Factor et New Mutants. Trois fois trois épisodes, soit neuf au final. Chris Claremont est bien sur l'architecte déclinant de cette aventure. Près de la sortie, après des années à forger le destin des mutants, il truffe son récit d'événements et de micro-événements, exagère avec les dialogues, le pathos, et parvient à ses fins comme d'habitude, avec une lente réunion de tous les mutants arborant le X, et un ultime crossover haletant avec un ennemi crédible et sortant du conflit habituel entre le grand et preux héros et le super vilain du moment. La politique et ses arcanes, l'esclavagisme et ses épigones, voilà de quoi donner du blé à moudre au démiurge des X-Men. A ses cotés, on trouve Louise Simonson, qui préfère une approche du problème plus radicale, plus bourrin. On arrive au dessin. Mesdames et messieurs, Jim Lee le maître est à l'oeuvre ici. On devine un artiste majeur, on admire des planches plastiquement impressionnante et usant de poses lascives, sexy, fières, iconiques, et on savoure les années à venir en se disant que les mutants ont de la chance d'avoir un tel as dans la manche. Et puis après le beau temps, c'est le déluge. Les giboulées, même, avec Jon Bogdanove, qui sort une prestation dégueulasse sur X-Factor. C'est mon pire souvenir de lecture, au niveau iconographique, de mes années d'étudiant. Certaines cases sont si vilaines, avec des visages grossiers et finis à la hâte et du pied gauche, qu'on peine à comprendre comment Marvel a pu accepter et payer un tel torchon. Surtout que l'artiste n'est pas le premier venu, et qu'il a du talent, le bougre! On saute ensuite sur le cas Rob Liefeld. Tout a déjà été dit et redit, dois-je en rajouter? Le dynamisme et l'action sautent aux yeux et assaillent le lecteur, qui se demande tout de même où a bien pu passer le concept de proportion, et a l'impression d'avoir avalé un tube de champignons hallucinogènes entre un épisode et l'autre. Liefeld et ses tics d'artiste, ses détracteurs et ses admirateurs, à jamais. Bilan de tout cela? Nous apprécions la capacité de dépeindre un univers aliénant, ces mutants au crâne rasé, prisonniers de leurs tenues moulantes, dépossédé de l'esprit et de la liberté la plus fondamentale, traités comme du bétail au nom de la réussite économique d'un état esclavagiste. Et nous nous souvenons avec ironie de quelques scènes mythiques, comme Scott et Alex Summers se rouant de coups en shorty, ou le baiser fougueux entre Jean Grey et Wolverine, qui n'a pas du faire plaisir à Scottie, justement. Le genre d'histoire qu'on aime détester, et qu'on déteste admettre aimer.
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