DEADPOOL 2 : LA SUITE EN MODE AUTOMATIQUE? (AVEC CABLE ET DOMINO)

Ironie et divertissement, capacité totale de ne pas se prendre au sérieux pour offrir un produit déjanté, qui coule dans le dos comme une bonne poignée de poil à gratter, nul doute que c'est ainsi que les concepteurs du projet Deadpool au cinéma aimeraient que l'on voit leur(s) film(s). Et en dehors de la violence et de la vulgarité dénoncées par certains, il faut admettre que le premier long-métrage fut une surprise intéressante, capable de porter à l'écran l'aspect métatextuel de la bande dessinée, avec une bonne dose de rire gras. Pas facile de maintenir l'intérêt, avec un personnage à qui il ne peut rien arriver, puisque si vous lui coupez un bras ou lui expédiez un coup de pied destructeur dans les roubignoles, les partie manquantes ou endommagées vont repousser aussi vite. D'ailleurs on le retrouve allongé sur des barils de TNT, pour un suicide tout à fait provisoire, et point de départ d'une entrée chez Colossus et les X-Men, pour un rétablissement/conversion à l'héroïsme qui ne fonctionne pas comme attendu. Du coup, pour le pathos, le drame, il faudra aller chercher du côté des affects, notamment de la relation qui unit deadpool et Vanessa. Forcément ça tourne mal, le héros est vénère, et si en plus vous ajoutez à cela un sens de culpabilité aigu, vous allez vous retrouver avec un mélange détonnant de dépression et d'absurdité complète, plus un peu de folie vengeresse. Le rythme du film est plutôt bon, il est  articulé autour d'un acte de rétribution, traversé par toute une série de personnages, dont certains sont pertinents, d'autres un peu plus wtf? mais qui ont pour caractéristique de nous faire sourire. On a aussi l'impression qu'il y a plusieurs histoires dans l'histoire, notamment car cela permet l'insertion de Cable, Josh Brolin qui se dédouble après avoir incarné Thanos, venu droit du futur, dans l'espoir d'arrêter à temps un dangereux mutant encore adolescent.


L'impression est qu'il faille en mettre le plus possible et cela au détriment de l'unité, de l'harmonie, qui avaient distingué le premier film : c'est une chose de lancer quelques saillies contre DC Comics, c'en est une autre de pêcher soi-même un peu dans la précipitation et l'absence de direction créatrice, qui font que le film devient par moment une succession de gags, entrecoupés de possibilités romanesques, histoire de montrer que derrière le masque se cache aussi un homme meurtri, pas seulement un mec qui fait des gaffes et des excès à chaque seconde. Du coup, la bonne surprise du jour, à savoir un Cable et une Domino (pourtant fort différente du comic-book, mais le cinéma a ses raisons que le coeur ne connaît pas) charismatiques et dotés d'un potentiel explosif, s'en trouvent réduits à servir de salade autour du steak.
Parfois quand on décroche de ce déroulé en mode automatique, pour des séquences qui semblent vouloir prendre la tangente, on se prend à rêver de ce que pourrait être vraiment Deadpool 2, capable de dynamiter tous les genres cinématographiques, y compris sa première version. Mais peine perdue, on se rend vite compte que la recette de la blague au dessous de la ceinture et le gros esprit badass-explosion-ironie abrasive doit régner sans partage, jusque dans les dernières scènes post génériques où Ryan Reynolds nous rappelle qu'il est, lui et Deadpool, la même et unique raison d'exister du projet, à travers tout un réseau d'autoparodie, de clins d'oeils geek/comics culture, d'outrances langagières et de situation, qui peuvent faire rire une fois, mais risquent de vite devenir lassantes, sur la répétition. 



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