LES 90 ANS DE DONALD DUCK : BON ANNIVERSAIRE MON CANARD (PART 1)




 Donald Duck, le canard le plus célèbre de l’univers Disney, célèbre ses 90 ans cette année. Né sous le crayon des animateurs Art Babbit et Dick Huemer en juin 1934, Donald a fait sa première apparition dans le film d’animation “La Petite Poule Avisée” (The Wise Little Hen). Au menu, l'histoire d'une mère poule qui doit planter son grain, et de deux paresseux (le cochon Peter Pig et Donald Duck) qui trouvent tout un tas de bonnes excuses pour ne pas lui venir en aide. Trois mois plus tard, entre le 18 septembre et le 16 décembre, c'est au tour de l'adaptation en bande dessinée de voir  le jour grâce à Ted Osborne et Al Taliaferro, dans les pages du dimanche de grands quotidiens nationaux. La première de plus de 50 000 aventures avec Donald ! Avec son costume de marin et son caractère bien trempé, le personnage (de son nom complet, Donald Fauntleroy Duck) s’est rapidement distingué comme un contrepoint au tempérament plus posé de Mickey Mouse. Au fil des années, Donald est devenu un personnage emblématique grâce à sa personnalité colérique et son éternelle malchance. Ses habits trouvent une double explication : il s'agissait à la fois d'associer une tenue qui évoque l'eau, élément indispensable pour le canard, mais aussi des vêtements portés réellement par les gamins en Amérique à cette époque. Sa voix unique, nasillarde et grinçante, imaginée par Clarence Nash, et son langage incompréhensible sont devenus sa marque de fabrique au cinéma et dans l'animation. Donald a aussi été immortalisé par Carl Barks, qui a enrichi son univers en créant des personnages comme l'Oncle Picsou (Scrooge McDuck), les Rapetou (Beagle Boys) et Miss Tick (Magica De Spell). Don Rosa est l'auteur d'un célébrissime arbre généalogique de la famille du personnage, basé sur un sketch de Barks, justement. Donald a son permis et roule dans une Beichfire Runabout, le véhicule qui l'accompagne depuis 1938 dans ses péripéties. La plaque d'immatriculation (313) est un clin d'œil à sa date de naissance, le treize mars. Donald vit de nombreuses aventures au fil des décennies, souvent accompagné de ses trois neveux, Riri, Fifi et Loulou (Huey, Dewey, and Louie), qui ont fait leur première apparition eux aussi en 1938. Ensemble, ils forment la Duck Family et vivent des histoires palpitantes, tant dans les dessins animés que dans les bandes dessinées. Au départ, le trio en faisait voir de toutes les couleurs à leur oncle, les cannetons étaient de véritables pestes, mais ils se sont progressivement adoucis, sont devenus plus responsables, ont joué un rôle plus positif, notamment à travers leur appartenance au club des Castors Juniors. Ms Ducks step out, en 1940, est un récit important pour Donald : c'est la première apparition de Daisy, qui va devenir sa fiancée immuable et souvent déçue. Autres membres du cast qu'il est impossible de négliger, le cousin Gontran, qui a autant de chance que Donald peut être poissard, ou encore Lagrogne et Grumble (ce dernier principalement dans les histoires produites en Italie, qui est une des grandes sources pour les aventures Disney), des voisins irascibles avec qui Donald passe le plus clair de son temps à se disputer. Il faut dire que notre canard part au quart de tour, que même s'il est généreux et voit les choses du bon côté, il lui en faut peu pour exploser et devenir hargneux pour un temps. D'où l'expression, voler dans les plumes…



Pour marquer ce 90ème anniversaire, Disney+ ajoute un nouveau court métrage d’animation à sa bibliothèque intitulé “D.I.Y. Duck”, réalisé par Mark Henn. Dans ce film, Donald se lance dans le défi apparemment simple de changer une ampoule, mais les choses se compliquent rapidement. Donald Duck n’est pas seulement un personnage de fiction ; il est devenu un symbole culturel, représentant avec humour les frustrations et les défis du quotidien. Son impact sur la culture populaire est indéniable, et son héritage continue de s’enrichir avec le temps. Dès le départ, Donald et Mickey semblent deux personnages aux antipodes, qui se répondent, se complètent idéalement. Et les faveurs du public ne vont pas forcément au plus brave, au plus malin. Car certes, Mickey était intelligent, rapide dans ses raisonnements, capable de résoudre de nombreux problèmes et jamais pris de court, au bout du compte. Il nous entraînait derrière lui, nous le poursuivions, et suivre toutes ses péripéties et les solutions qu'il mettait en œuvre pour triompher avait de quoi nous retourner la tête. Quel sacré petit bonhomme que cette souris ! Mais Donald ne pouvait pas et ne peut toujours pas se permettre d'avoir des défauts. Commettre quelques faux pas, très bien, mais certainement pas être enragé, envieux, mesquin. C'est une condamnation sociale et artistique ! Un drôle de héros, quand même. Et pourtant, dès le début, ce canard habillé en marin, qui aura pour principale passion son hamac pendant quatre-vingt-dix ans (à ce jour), deviendra une idole capable de rivaliser avec le vrai héros, et dans nos cœurs, de le supplanter. C'est un paradigme littéraire : l'astuce et l'honnêteté morale de Mickey nous sont nécessaires mais la malchance et le caractère soupe-au-lait de Donald nous plaisent. Mickey est meilleur que nous, plus fort, Donald est pire que nous — du moins, c'est ce que nous espérons secrètement depuis le début. Mickey peut devenir antipathique, parfois, Donald jamais (c'est impossible). Ou alors ce serait éprouver de l'aversion pour qui et ce que nous sommes ! Et il n'y a pas que Donald dans cette affaire. Aucun des personnages de son univers ne peut devenir désagréable sur le long terme, pas même l'oncle milliardaire et avare ; pas même le cousin Gontran, outrageusement chanceux, qui ridiculise et l'emporte sur Donald à chaque fois, et fait battre les cils et le cœur (?) de Daisy. Leur importance est uniquement à considérer dans l'optique de faire briller le perdant ; ils servent à la narration, et ils nous servent, nous lecteurs ou spectateurs, à comprendre et aimer les caractéristiques de notre héros. Nous lui pardonnons tout, nous l'aimons. C'est ça, le vrai amour, non? Sacré Donald Duck… 




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