DEATHSTROKE REBIRTH TOME 1 : LE PROFESSIONNEL

Deathstroke est de retour, avec un album librairie, chez Urban Comics, qui propose les débuts du mensuel targué Rebirth.  On ne peut pas dire que les deux séries précédentes ont eu un succès phénoménal, mais DC Comics continue d'insister avec ce personnage qui colle finalement assez bien à l'air du temps : un anti-héros assez impitoyable et antipathique, doté d'un costume ressemblant à celui de Deadpool (qui est né bien après, rappelons le). Ici on nous rappelle d'emblée que Slade Wilson n'est pas un père idéal. Il a 2 enfants, Grant et Joseph (ce dernier deviendra Jéricho) qu'il élève à la dure... on est à la limite du sévice corporel. Ce sont des flash-backs de la jeunesse du paternel. L'histoire passe ensuite au présent : Deathstroke est en Afrique, pour une nouvelle mission. Si vous ne le savez pas, c'est un mercenaire qui n'hésite pas à retourner sa veste en fonction de là où se trouvent ses intérêts, ou bien les gros chèques. Le scénario est de Christopher Priest, qui avait prévenu qu'il n'aurait pas accepté la série si le protagoniste avait été afro-américain, fatigué de voir que les auteurs sont cantonnés sur des titres correspondant à leurs origines ethniques. Il est de retour chez Dc après une absence d'une décennie. Cependant il ne peut s'empêcher de tisser une histoire se déroulant en Afrique, avec un contexte géopolitique manipulé par les puissances occidentales. On trouve même une remarque sarcastique sur l'islamophobie du moment, assez juste. En gros, l'anti héros est au service momentané d'une sorte de seigneur de guerre local, qui entame une épuration religieuse dans son pays, et qui s'arrange pour que les Etats-Unis et l'Onu ne puissent réagir, pendant qu'il massacre à tout va.  Matthew Jazaki a tout prévu, sauf que Deathstroke conserve un semblant de moralité, et qu'il a un coup d'avance, toujours. 

De nombreuses scènes extraites du passé permettent de mieux comprendre le présent. La manière dont Slade Wilson a traité ses enfants, le drame qui s'est joué quand sa femme Adeline Grant a découvert le sens du mot Deathstroke, lors de l'enlèvement de son fils, ou encore la relation géniteur/fille, avec Rose Wilson, qui est concernée par un contrat placée sur sa tête, et va emmener tout le monde du coté de Gotham, où se joue un autre type de rapport filial difficile mais mieux structuré, entre Batman et Damian. Dans le présent, Deathstroke retrouve et libère son compagnon d'arme William Wintergreen, et il se sert de son costume Ikon et de ses qualités physiques et mentales, pour recoller les pièces du puzzle, et faire la nique à un peu tout le monde, au dernier moment.
Le dessin est de très bonne qualité car Carlo Pagulayan a retrouvé une forme éclatante. Ses pages sont splendides et mises en couleur avec brio, le cadrage et l'atmosphère donnent une vraie impression de job bien fait. A la suite, Joe Bennett parvient à garder le niveau de son prédécesseur, alors que Larry Hama est venu en renfort pour des crayonnés préparatoires, histoire d'aller plus vite et de sortir à temps. Le boulot est propre et détaillé, clair et agréable, d'un bout à l'autre. 
A l'instar du titre Black Panther chez Marvel, nous nous apprêtons à suivre un récit qui nous plonge en premier lieu dans les méandres de la géopolitique africaine, plutôt que dans celle du super-héroïsme classique et testostéroné, avant d'y replonger tout de même. Reste que le personnage de Deathstroke n'a jamais eu une horde de lecteurs, et il me semble bien difficile d'imaginer qu'il puisse survivre très longtemps sans une équipe artistique forte et une présence continue au cinéma. Vous me direz que la série tv Arrow a tenté de le remettre au goût du jour, mais sincèrement, la différence entre cette version là et celle de l'univers Rebirth est telle que c'est comme s'il ne s'était absolument rien passé. Bref bonne chance pour ce titre qui est vraiment intéressant, intelligent, et se révèle être une des vraies découvertes à faire depuis le début de l'opération Rebirth. Alors ne vous gênez pas... 



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