Beaucoup parmi vous aiment les anti-héros, mais dans le cas de Nemesis, nous sommes dans une catégorie qui va bien au-delà de tout cela. En fait, nous avons affaire à un terroriste, quelqu'un qui utilise la violence et les stratagèmes les plus abjects pour parvenir à ses fins et miner l'ordre social. Au départ, il s'agit de l'une des œuvres les plus connues de Mark Millar, une mini série en quatre parties qui a rapporté à son scénariste plus d'argent que toute la saga de Civil War lui a permis d'obtenir chez Marvel. Une comparaison assez éloquente ! Quinze ans plus tard, le terrible écossais décide de nous offrir une sorte de reboot. Tout ce que nous croyions savoir jusqu'ici sujet de celui qu'on présentait à l'époque comme le pendant négatif et fou furieux de Batman était faux. D'ailleurs, les origines du personnage vont être révélées dans cette nouvelle mini-série et nous allons comprendre d'où lui vient cette haine féroce pour les institutions, notamment la police, les conséquences tragiques qui ont amené un gamin qui perd ses parents à dix ans (certes, des parents psychopathes) à entreprendre la voix de la criminalité. L'action de Nemesis Reloaded (cette fois en cinq parties) se déroule à Los Angeles. La ville vient de se choisir un nouveau maire qui était autrefois un membre éminent des forces de l'ordre locaux. Il a été élu sur la promesse d'ajouter 2000 nouveaux agents sur le terrain, ce qui est une provocation inacceptable pour Nemesis, sur le point de mettre à exécution son plan le plus ambitieux. Un plan qui va en choquer plus d'un et qui constitue également une vengeance personne contre ceux qui ont traqué et exécuté ses géniteurs.
Alors bien entendu, il reste toujours l'écueil de la violence gratuite, diront les détracteurs de Mark Millar. Et en effet, ce ne sont pas les scènes fortes qui manquent, avec des meurtres de sang-froid particulièrement glaçants; quand Nemesis ne brûle pas vive une de ses adversaires, il les décapite ou il attache carrément son plus grand ennemi à une sorte de bombe atomique qui lui permet ensuite de menacer toute la ville. Vous l'aurez compris, on ne fait guère dans la dentelle, mais c'est aussi une des raisons pour lesquelles la lecture est très agréable, voire même par endroits littéralement jouissive, pour peu qu'on accroche à ce type de narration. J'ai même eu la surprise, en lisant le premier numéro, de constater qu'il est encore possible de publier ce type de comic book où un individu malfaisant appelle à tirer sur les forces de l'ordre et offre une prime pour chaque policier abattu, sans que cela ne semble soulever trop d'indignation aux États-Unis. La fin de cette histoire permet de faire le lien avec le grand crossover qui va suivre, intitulé Big Game et qui est un peu la réunion de tous les personnages et les récits que Millar a patiemment mise au point, ces dernières années. Panini Comics vous proposera cela un peu plus tard dans l'année, soyez-en certains. Impossible de terminer sans mentionner l'artiste qui accompagne l'écossais dans son délire. Ce dernier est capable de s'entourer des plus grandes stars de la bande dessinée mondiale et il fait fort cette fois aussi, avec l'espagnol Jorge Jimenez. L'ibérique a un trait incisif, très nerveux, il excelle dans les scènes d'action et dans la manière de décomposer ses planches, pour leur donner une vitalité folle. Nemesis Reloaded avait besoin de ce type d'interprétation pour pouvoir frapper les rétines du lecteur; mission accomplie, donc ! Les allergiques à Mark Millar continueront de bouder tandis que les fans de la première heure vont être aux anges et retrouver tout ce qui fait le succès de leur auteur favori.
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