La recette est alors simple. Du complotisme, du mystère, de l'érotisme, de la science-fiction, le tout dans le shaker, et on agite avant de servir frappé. Depuis la Galatée de Pygmalion, l'idée de créer une femme (si féminine qu'elle est aussi une menace pour ceux qu'elle séduit) artificielle a toujours trotté dans la tête des hommes, et ici le concept est poussé à l'extrême, à en devenir un fantasme lourdement armé. Toutes les tenues sont faites principalement pour révéler plus que couvrir, idem pour la mise en page, que ce soient des contre-plongées pour une chute libre, ou une rafale de munitions qui déchire les vêtements et laisse apparente la petite culotte. Finch interroge aussi le lecteur sur l'avenir même du genre humain, qui est de plus en plus dépendant de la technologie. Jusqu'où ira t-on pour guérir, pour nous améliorer, défier la mort ? Et si en fait les machines était nées pour nous supplanter, forcément, et que ce n'était qu'une question de temps, et de modalité , Autour d'Aphrodite IX, on rencontre également Burch, un géant bourlingueur au crâne rasé qui en sait plus qu'il ne devrait, et utilise la belle assassine pour des projets personnels. Et le play-boy Neville Stewart, dont l'élégance rassurante et l'autorité permettent de sauver la mise à notre beauté après qu'elle ait éliminé un ministre dont elle avait fait tourné la tête, en usant de ses charmes, à une réception huppée. David Finch et David Wohl signent là un de ces témoignages d'époque, avec une série (suivie d'une autre, plus tard) qui souffre tout de même de la lenteur de son dessinateur, à tel point que l'aide de Clarence Lansang fut requise pour tout publier dans des temps raisonnables. Les studios Top Cow ne se départiront jamais de cette étiquette d'usine à talents dont les produits finis restent loin de ce qu'ils pouvaient être correctement exploités et travaillés, mais qui exercent toujours une fascination évidente, et une influence notable, sur nombre de maisons d'édition américaines contemporaines. Du reste, cette édition française, chez Reflexions, a été un des petits succès à sensation de 2022; il y a bien une raison, vous ne trouvez pas?
Le volume 2, avec la min série illustrée par Stjepan Sejic, est attendu pour la fin janvier, toujours chez Reflexions. On y reviendra.