Ce récit d'horreur très tourmenté nous ramène en 1988, et Starlin met en scène une situation particulièrement intrigante : un Batman brisé psychologiquement, victime d'un lavage de cerveau, embrigadé par un gourou criminel qui parvient à terrasser la volonté de son adversaire, pourtant réputé dans son inflexible self control. Par moments on acquiert même la conviction que jamais le héros ne pourra se défaire de l'emprise, redevenir ce qu'il est, avec ses valeurs, tant cette histoire est rude. Les hallucinations et le travail de sape sur la volonté sont à la base de ce qui va suivre : Batman armé d'une mitraillette, qui va tirer sur ce qu'on croit être Doubleface (puis le commissaire Gordon, avant que la vérité n'apparaisse), éliminant ainsi physiquement un opposant, ce qui va contre toutes ses valeurs depuis des décennies. Certes la scène est présentée d'une telle manière que... mais peu importe, l'important est que la vision de Blackfire, la réponse qu'il offre en apparence pour lutter contre le crime, n'est que le reflet ultra violent et expéditif de ce que le Dark Knight fait chaque soir, ce qu'il ferait d'ailleurs s'il écoutait un instant ses sombres instincts. Vous allez aussi retrouver Robin, alias Jason Todd dans la vraie vie. Il apparaît en définitive dans peu d'aventures marquantes de la série, avant de se faire démonter à coups de barre de fer par le Joker, aussi cette histoire en quatre volets est-elle d'autant plus édifiante pour ceux qui aiment ce turbulent side-kick. Rarement vous aurez vu Batman poussé aussi loin dans la déchéance et la défaite (comme il le dira lui même à Robin, il est littéralement en enfer), et il lui faudra du temps pour se remettre, même une fois débarrassé de l'influence de Blackfire. Bien sur, Bernie Whrigtson au dessin, c'est aussi un plaisir et une raison de plonger dans ce cauchemar. Mettre en scène l'angoisse, la peur, la folie qui guettent, la monstruosité de l'âme humaine, tout cela fait partie des choses qu'il maîtrise le mieux, et ça se voit avec ce "Culte" où il excelle et se sent dans son petit jardin. A noter qu'avant Urban et Eaglemoss, Le Culte fut proposé en 1989 par comics USA sous la forme de quatre albums cartonnés, intitulés "Enfer blanc". A ne pas manquer!
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